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Comment le changement climatique influence-t-il les « insurance linked-securities » ?
Calendar09 Nov 2023
Thème: ESG
Maison de fonds: Schroders

Les investisseurs s'intéressent de plus en plus à la façon dont le changement climatique influence le marché des « insurance linked-securities » (ILS). S’il est vrai que le changement climatique contribue dans une certaine mesure à la fréquence et à la gravité des catastrophes naturelles liées aux conditions météorologiques, beaucoup d’autres facteurs sont à l'origine des pertes d'assurance. Ces facteurs doivent être pris en compte dans toute évaluation des risques liés aux instruments ILS tels que les obligations catastrophe.

Selon Christophe Etienne et Beat Holliger de Schroders , il convient de clarifier que le changement climatique n'a un impact direct que sur une partie du marché ILS. Seuls les instruments ILS qui couvrent les risques de catastrophes naturelles sont (potentiellement) affectés, et dans cette catégorie, seuls les risques d'assurance liés aux conditions météorologiques sont concernés. Les autres risques de catastrophes naturelles, tels que les tremblements de terre, ne sont pas exposés au changement climatique. Il en va de même pour les tsunamis provoqués par des secousses sismiques sous-marines ou pour les éruptions volcaniques.

Bien qu'il subsiste encore beaucoup d'incertitudes, un consensus se dégage de plus en plus sur le fait que le réchauffement climatique influencera la fréquence et la gravité des catastrophes naturelles liées aux conditions météorologiques. Cela finira aussi par avoir un impact sur les primes de risque et les structures de transfert de risque sur les marchés ILS.

Événements météorologiques à court terme contre changement climatique à long terme

Étant donné que la performance des ILS est déterminée principalement par la survenue ou non de catastrophes naturelles, le niveau de risque des instruments ILS est certainement exposé à toute tendance au réchauffement climatique.

Cependant, le mot clé ici est le mot « tendance » : le changement climatique est un phénomène graduel et à long terme, alors que les instruments ILS typiques s’inscrivent dans le court terme. La plupart des obligations catastrophe ont une échéance à trois ans, période pendant laquelle elles sont négociables sur le marché secondaire, tandis que les instruments ILS privés ont généralement une période de risque de 12 mois. Durant ces périodes, le changement climatique ne devrait pas avoir d'impact perceptible sur le niveau de risque d'une transaction donnée. Les phénomènes météorologiques à court terme tels qu'El Niño peuvent jouer un plus grand rôle pendant la durée de vie de la plupart des instruments ILS.

Par exemple, les phases El Niño vont statistiquement de pair avec une plus grande activité des ouragans dans le Pacifique Nord et une activité moindre des ouragans dans l'Atlantique. C’est pourquoi une phase El Niño est généralement favorable au marché global des assurances ILS. Pendant la durée de vie d'une obligation catastrophe couvrant le risque de vent aux États-Unis, par exemple, le cycle El Niño- Southern Oscillation (ENSO), qui provoque des fluctuations des températures de surface de la mer dans les océans Pacifique et Atlantique, aura vraisemblablement un impact plus grand que les changements à long terme provoqués par le changement climatique.

Facteurs de risque autres que le changement climatique : exposition accrue et inflation

Les risques liés au climat sont une composante essentielle du risque, mais l'exposition l'est tout autant. Avec l'urbanisation, des personnes continuent de s'installer dans des zones à risque, non seulement dans les grandes villes mais aussi le long des côtes par exemple. Cette accumulation croissante d'actifs augmente naturellement la probabilité d'une perte importante due à un événement touchant ces régions.

De plus, l'inflation a augmenté ces dernières années, ce qui a eu un impact significatif sur les prix des biens, notamment sur les coûts de construction et de remplacement. Le secteur de l'assurance a donc lui aussi été touché : aux États-Unis, par exemple, on estime que le coût de remplacement total du bâti a augmenté d'environ 30 à 40 % depuis le début des années 2020.

Les compagnies d'assurance ont pris des mesures pour tenir compte de ces effets inflationnistes afin d'évaluer correctement leurs risques physiques. Si l’on se place dans la perspective des ILS, il est essentiel de bien comprendre comment ces hypothèses d'inflation sous-jacente sont prises en compte pour éviter de sous-estimer à la fois l'exposition et les pertes financières modélisées connexes dues à d'éventuelles catastrophes naturelles.

Le rôle crucial de la modélisation dans l'évaluation des risques

Pour Christophe Etienne et Beat Holliger, il est essentiel d'évaluer les risques liés aux catastrophes naturelles en intégrant les facteurs de risque dans leur totalité et en les comprenant. L'une des façons d'y parvenir est d'utiliser des modèles de risque qui ont été conçus pour aider à évaluer l'impact économique des catastrophes naturelles sur un portefeuille d'assurance sélectionné. Ces modèles permettent d'estimer la probabilité de pertes pour tous les types d'événements naturels tels que les cyclones ou les tremblements de terre. Ils sont basés sur une série de catastrophes naturelles potentielles qui sont énumérées dans un « catalogue d’événements » et simulées sur la base d’observations historiques et des connaissances scientifiques.

Conclusion

Si l'aléa est une composante importante du risque, il existe de nombreux facteurs, en dehors du changement climatique, qui jouent un rôle et devraient être inclus dans une évaluation du risque du marché des ILS : les normes de construction, l'urbanisation, les changements démographiques, le contexte inflationniste ainsi que la fixation des prix et les niveaux de confirmation des ILS.

Si le changement climatique affecte les instruments ILS, son impact devrait être marginal car le changement climatique est progressif et à long terme, tandis que les instruments ILS ont généralement une durée d’un à trois ans. Il convient également de retenir que seuls les instruments ILS qui couvrent des risques météorologiques tels que les cyclones tropicaux peuvent être affectés par le changement climatique.