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L’Allemagne : d’élève modèle à enfant en difficulté, aujourd’hui porteuse d’espoir ?
Calendar19 Mar 2024
Thème: Macro
Maison de fonds: MainFirst

Par Alexander Dominicus, Portfolio Manager dans l’equipe Blend / European Equities de Mainfirst

Alexanderdominicus
Alexander Dominicus
Durant des décennies, l'Allemagne a été considérée comme l'élève modèle européen avec une industrie forte, des technologies innovantes et une main-d'œuvre hautement qualifiée. Mais son éclat s'effrite. Néanmoins, une opportunité d'investissement unique dans le Mittelstand allemand apparaît dans le contexte actuel.

Le nombre de nouvelles négatives concernant l'économie allemande ne cesse de croître. Autrefois championne du monde des exportations, l'Allemagne n'a toujours pas enregistré de croissance au quatrième trimestre 2023. Les perspectives pour le reste de l'année ne laissent pas non plus entrevoir l'élan de croissance espéré.

Durant des décennies, l'Allemagne a été considérée comme l'élève modèle européen avec une industrie forte, des technologies innovantes et une main-d'œuvre hautement qualifiée. Mais son éclat s'effrite et de nombreuses entreprises se plaignent de la bureaucratie, de la pénurie de main-d'œuvre qualifiée et d'une politique énergétique ratée.

La plupart des problématiques ne peuvent pas être résolues du jour au lendemain, notamment car l'époque où l'énergie était bon marché devrait être révolue pour le moment. La stratégie en matière de centrales électriques récemment adoptée par les politiques vise à accroître la sécurité de planification. Il est prévu d'investir dans des centrales à gaz fonctionnant à l'hydrogène en vue de développer efficacement les énergies renouvelables. Pour les entreprises à forte consommation d'énergie, la question de la localisation se pose de plus en plus. Elles sont de plus en plus nombreuses à investir dans de nouvelles capacités de production à l'étranger et les usines existantes sont également sur la sellette, certaines sont fermées ou délocalisées progressivement.

La bureaucratie a certes été reconnue par le gouvernement comme problématique, mais les entreprises ne constatent pas de progrès tangibles. Néanmoins, avec la loi sur l'allègement de la bureaucratie IV, la coalition en feu tricolore a annoncé des initiatives et des mesures dont certaines sont déjà en cours d'implémentation. Par exemple, les procédures d'autorisation doivent être accélérées et les obligations d'information non essentielles doivent être réduites.

La pénurie de main-d'œuvre qualifiée pourrait encore s’aggraver, car les baby-boomers vont successivement atteindre l'âge de la retraite au cours de la prochaine décennie. Les entreprises allemandes ne sont toutefois pas prises au dépourvu et travaillent à différentes solutions. La digitalisation, en particulier, offre une flexibilité croissante permettant d'employer des collaborateurs indépendamment de leur lieu de travail. Ainsi, de plus en plus de nouveaux postes sont créés à l'étranger, par exemple dans l’IT. Les pays d'Europe de l'Est, en particulier, sont des sites en pleine essor pour les entreprises allemandes. L'intelligence artificielle peut également permettre d’atténuer le manque de personnel qualifié. Dans ce domaine, les entreprises travaillent d'arrache-pied pour digitaliser les processus manuels, réduisant ainsi les effectifs nécessaires.

Le Mittelstand allemand pas aussi fortement touchées par la politique énergétique allemande

Faut-il faire une croix sur l'Allemagne ? La prudence est ici de mise. Les entreprises ont surmonté plus d'une crise et s'adaptent continuellement à un environnement plus difficile. Les sociétés prospères se développent à l'échelle mondiale et se diversifient avec de nouveaux produits et services. Elles recherchent donc de plus en plus d'opportunités de croissance à l'étranger et l'expansion aux États-Unis, par exemple, se poursuit progressivement. Le marché actions montre clairement à quel point les entreprises peuvent s'affranchir de la faiblesse économique nationale, le DAX a en effet atteint un nouveau record historique malgré une croissance négative en Allemagne.

Toutefois, les investisseurs doivent absolument tenir compte de la question de l'énergie lors de la sélection des actions. Les secteurs à forte consommation d'énergie, comme la chimie ou l'acier, sont particulièrement touchés par la hausse des coûts de l'énergie. Si l'on se penche sur les PME allemandes, on constate que de nombreuses entreprises ont des business models moins gourmands en énergie et ne sont donc pas aussi fortement touchées par la politique énergétique allemande.

Les PME et les entreprises familiales sont souvent moins bureaucratiques que les grandes structures. Elles se caractérisent en général par des modèles hiérarchiques horizontaux et des voies décisionnelles rapides. En période de gros changements, il s'agit d'un ingrédient essentiel pour s'adapter et rester performant et compétitif à long terme.

Une opportunité d'investissement unique dans le Mittelstand allemand apparaît dans le contexte actuel, car la grande majorité du marché a laissé de côté ce segment des plus petites entreprises et n'y prête plus attention.

Après plus de trois ans de sous-performance, les petites capitalisations se négocient désormais à des prix historiquement bas par rapport aux grandes capitalisations - et acheter de bonnes entreprises à des prix avantageux a toujours été la stratégie d'investissement en bourse la plus fructueuse à long terme.