
Par Daniel Pechon
La dernière, Nexus avec une prime énorme de 44,2 % ! Depuis le début de l’année, le fonds Mandarine Europe Microcap collectionne les OPA dans ses valeurs détenues en portefeuille, avec un compteur qui s’affole et grimpe…à 15 au 5 novembre. Soit un rythme de plus d’une OPA par mois.
Certes, c’est une preuve que la catégorie des Microcaps, en considérant les primes également, recèle de la valeur mais aussi que l’équipe de gestion a su avoir le nez fin, malgré les quelques 200 valeurs que le fonds compte, le risque intrinsèque des petites capitalisations oblige.
En outre, son fonds Mandarine Europe Microcap surperforme largement ses rivaux (+41% sur cinq ans, contre +25% pour son indice de référence et 6,2 % pour la moyenne de sa catégorie – actions Europe petites capitalisations). Au sein du portefeuille, l’équipe de gestion a sélectionné environ 200 actions d'entreprises de toute l’Europe, d'une capitalisation moyenne d’environ 5400 millions d'euros, avec une préférence géographique pour la Suède (20,4%), la Grande-Bretagne (15,5 %), la Norvège (10,6 %), la France (10,4 %), l’Allemagne (8,7 %). Un bon fonds pour diversifier votre portefeuille.
Et depuis le 1er janvier, malgré le climat encore morose pour les petites capitalisations, le fonds progresse de 5,3 % (au 20 octobre) alors que le benchmark est à 2,9 % (50% MSCI Europe Microcap + 50% MSCI Europe ex-UK Microcap NR).
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures affiche-t-on en bas de nombreux documents. Car si le fonds Mandarine Europe Microcap parvient à surperformer, les indices de petites capitalisations végètent depuis un bon bout de temps. Cela fait plusieurs années que cette classe d’actifs est délaissée, tant aux Etats-Unis qu'en Europe, si on excepte un rééquilibrage en urgence après des mois de sous-investissement dans les petites capitalisations aux Etats-Unis au milieu de cette année. Le Russel avait progressé subitement de près de 8 % en quelques séances. Mais force est de constater que depuis 2021, avec la punition de la hausse des taux, ces petites capitalisations sont passées sous les radars des investisseurs.
Mais l’atmosphère semble changer. Avec la stabilisation de l’inflation, les taux d’intérêt en Europe comme outre-Atlantique, après avoir atteint un sommet en 2023, ont entamé une décrue sous la baguette des banques centrales. Or l’assouplissement en cours de la politique monétaire, serait potentiellement plus favorable aux petites capitalisations souvent plus endettées que les géants boursiers, et pourrait pousser les gérants à revoir quelque peu leurs positions. « La baisse des taux est un gros driver pour les micro-capitalisations, Après avoir affronté le vent de face, nous avons le vent dans le dos à présent. L’indice Russel a déjà entamé un réveil, » explique Augustin Lecoq, gérant principal du fonds Mandarine Europe Microcap.

« Durant cette période d’attentisme, le fonds n'a pas perdu d’encours. Je perçois même actuellement quelques intérêts de prospects qui restent dans l’attente mais qui gardent un doigt sur la gâchette. Dans un contexte d’une économie mondiale résiliente qui exclue toujours le redouté ‘hard landing’, avec la combinaison de baisse de taux, les microcaps peuvent tirer leur épingle du jeu. Dans ce compartiment de la cote où les valorisations sont déjà tassées, si pas déprimées, avec une compression de multiples déjà à l’excès, l’unique mouvement de baisse de taux, peut redonner progressivement du souffle à cette catégorie »
Peu ou même très peu valorisé
En effet, la décote sur la valeur comptable (price/book) atteint 30 % en moyenne pour les microcaps contre une moyenne historique de 5 %. Le rapport cours/bénéfice accuse une décote de 10 %...Habituellement il affiche une prime de 15 %. En effet, historiquement et en moyenne, les microcaps délivrent plus de croissance que les grandes capitalisations.
Augustin Lecoq chasse des acteurs très locaux ou qui peuvent prétendre être des leaders européens dans leur niche d’activité. La sélection au sein du portefeuille s’effectue avec l’envie d’éviter un biais géographique ou sectoriel. Cependant, actuellement, environ 20 % de l’encours du fonds prend la route du nord, plus précisément la Suède, dans une des économies dynamiques et qui se porte le mieux en Europe. « Le marché suédois est plus sensible aux taux d’intérêt que les autres marchés européens, avec une économie un peu à l’américaine, avec des crédits libellés en taux variables. Certaines sociétés détenues par le fonds, ont grandi avec succès par la croissance externe financée par de la dette et bénéficient encore plus de la baisse des taux, » détaille le gérant. En effet, les taux variables ont la caractéristique de répercuter totalement et immédiatement un changement de taux décidé par une banque centrale. Les détenteurs de crédit à taux variable bénéficient donc d’une baisse instantanée de leur charge d’intérêt alors que le détenteur d’un crédit à taux fixe conserve une charge d’intérêt identique et constante jusqu’à l’échéance de leur crédit. Et l’atmosphère se réchauffe particulièrement dans le secteur de l’immobilier. Le gérant avoue dénicher de nombreuses bonnes idées en ciblant notamment des foncières qui ont subi d’importantes dévalorisations. Ce secteur a probablement terminé de manger son pain noir après deux chocs successifs, après un héritage catastrophique des dernières années, celui de la période covid et ensuite d’un cycle historique dans l’amplitude de hausse des taux.
OPA… OPA
Certes, le regain d’intérêt des stratégistes pour la classe d’actifs tarde à se matérialiser par une reprise de la collecte. En attendant, les sociétés multiplient les rachats d’actions et certains dirigeants achètent les actions de leur propre société. Puis, les opérations financières sont nombreuses, donnant une preuve sur le potentiel de performance de la sélection du fonds. « Nous avons déjà profité de 15 OPA parmi les positions du fonds (200 valeurs) depuis le début de l’année, record de 2023 déjà dépassé qui était de 12.. », rayonne Augustin Lecoq.
Une des récentes acquisitions du fonds est Deceuninck , la valeur belge qui est l'un des leaders mondiaux en matière de conception, de fabrication et de commercialisation de systèmes PVC pour portes et fenêtres. La rénovation énergétique qui bat son plein est une aubaine pour l’entreprise, combinée à celle de la baisse de taux favorable à la rénovation. « Pénalisée partiellement par son activité en Turquie, la valeur est au tapis, avec un PE 2025 probablement en-dessous de 10, un endettement très limité alors que le boost de l’activité dans l’isolation thermique est là, » résume le gérant.
Une des plus fortes pondérations du fonds est aussi un exemple de pépite que l’on peut dénicher dans les petites capitalisations : Elopak. Cette entreprise fournit des systèmes d'emballage complets et optimisés conçus pour minimiser le gaspillage alimentaire dans les produits laitiers et jus de fruits. Une alternative naturelle aux bouteilles en plastique. Malgré une hausse de près de 50 % depuis le 1er janvier, la valeur norvégienne se traite à un rapport cours/bénéfice modéré de 13 pour une entreprise partie à la conquête de nouveaux marchés et qui n’a cessé de croître mais aussi d’innover dans les technologies d'emballage. Cerise sur le gâteau, l’entreprise paie un dividende proche de 4 % en couronnes norvégiennes.
Bénéficiant de « l’ISR » français, le fonds parvient à surperformer pour être un des meilleurs de sa catégorie avec la particularité d’être extrêmement diversifié en comptant environ 200 participations, dans une quinzaine de pays européens, avec une pondération par ligne limitée à 1%.