
Par Frédéric Lejoint.
Les facteurs de soutien pour les actions restent nombreux, et le risque de récession semble largement écarté.
Pierre Puybasset (Porte-parole de la gestion) et David Kruk (Responsable du trading desk) ont tenu fin août leur webinaire « Au Cœur Des Marchés » de rentrée, après un été marqué par de nouveaux records sur la plupart des places boursières. A cette occasion, ils ont disséqué les dernières nouvelles économiques et financières, et tracé des lignes de force pour positionner les portefeuilles durant les prochaines semaines.

Calme estival
David Kruk rappelle que les mois d’été ont été calmes, en dehors d’une petite crainte causée début août par les données décevantes sur le marché de l’emploi pour juillet, accompagnées de fortes révisions à la baisse pour les deux mois précédents. « Jusqu’ici, les marchés ont défié la saisonnalité qui a souvent été douloureuse durant les mois d’août, et chaque baisse a été rapidement rachetée. ».
« Nous savons que nous allons avoir un ralentissement de la croissance américaine lors de la deuxième partie de l'année, mais l’impact des tarifs douaniers semble aujourd’hui très graduel, et les chiffres des prix à la consommation (PCI) continuent de ressortir sur des niveaux acceptables ». Il pointe toutefois que l’indice des prix à la production (PPI) a montré un visage plus inquiétant ces dernières semaines. « Cette mesure représente l’évolution des coûts pour les entreprises, qui pourrait avoir un impact sur les marges futures. C’est un point qu’il faudra observer attentivement durant les prochains mois ».
Résultats en force
L’autre point marquant du mois écoulé a été la santé excellente des entreprises américaines, avec notamment des bénéfices au niveau du S&P500, ressortis en progression de 11% durant le deuxième trimestre, alors que les attentes se situaient autour de 4% de hausse. « De plus, les directions ont également ajusté légèrement à la hausse leurs objectifs pour l’ensemble de l’année, avec des marges qui ont bien résisté à la hausse des tarifs ».
Cette bonne performance trouve son origine notamment dans la faiblesse du dollar et dans la bonne performance des Magnificent Seven, dont les résultats ont grimpé de 26%. Les résultats européens ont également surpris positivement, mais dans une nettement moindre mesure (+3% contre +1% attendu), et ont été principalement tirés par le secteur financier. « Sans les financières, l’Europe aurait été à peine en ligne avec les attentes. Dans ce contexte, les indices européens ont effacé une partie de leur surperformance du premier semestre par rapport aux États-Unis », où les principaux indices boursiers sont revenus à leurs sommets.
Diffusion lente
En dépit des incertitudes qui continuent de peser sur la nomination du prochain président de la Réserve Fédérale, David Kruk constate que les marchés ont également intégré un scénario de baisse du taux directeur durant le second semestre, avec une probabilité élevée d’une baisse de taux en septembre et une seconde en décembre.
La question à se poser actuellement est la manière dont le marché va faire face à une fin d’année plus tendue d’un point de vue économique. « Les marchés se projettent déjà sur l’exercice 2026, avec une diffusion lente des tarifs dans l’économie. Même si la deuxième partie de l'année pourrait être plus douloureuse, le marché devrait se concentrer sur un retour à la normale en 2026 une fois le pic d’inflation lié aux tarifs digéré ».
Flux constants
Selon David Kruk il est important aujourd’hui de se positionner à court terme sur des secteurs qui vont bénéficier de la baisse des taux américains, comme la technologie ou les utilities. « Il existe aujourd’hui un grand nombre d’intervenants qui ne prennent plus en considération des niveaux de valorisation revenus sur leurs sommets historiques. Les flux constants des particuliers américains, qui rachètent la moindre faiblesse, font que la valorisation actuelle de l’indice S&P500 (22 fois les bénéfices) ne peut plus vraiment être comparée à sa valorisation historique (16,5 fois les bénéfices) ».
De même, les programmes de rachats d’actions vont totaliser plus de 1000 milliards de dollars en 2025, avec des plans gigantesques annoncés par des sociétés comme Apple (100 milliards de dollars), Alphabet (70) ou Nvidia (60). Ces programmes sont assez indifférents à la valorisation des actions. « L'argument de valorisation élevée pour rester à l’écart des marchés, représente aujourd’hui le risque de rater la hausse des cours ».
Saisonnalité
Pour les prochaines semaines, David Kruk rappelle que le mois de septembre est traditionnellement un mois plus difficile sur la bourse américaine, avec une baisse moyenne de 2% sur l’indice S&P500. Au sujet des dates importantes à retenir pour les prochaines semaines, il indique le 5 septembre, avec la publication des nouveaux chiffres du marché de l’emploi, le 11 septembre pour les chiffres d’inflation, et le 17 septembre pour la réunion de la Fed.
« Actuellement, le seul élément susceptible d’être vraiment négatif sur les marchés boursiers serait le retour de l’incertitude sur une récession économique aux Etats-Unis. Les acteurs qui ont soutenu les marchés ces dernières années sont toujours bien présents. Septembre pourrait bien n’être pas, pour une fois, un mois de baisse, à moins que la Réserve Fédérale ne surprenne les marchés en n’abaissant pas son taux directeur ».
Enfin, concernant l’équilibre avec les actions européennes, force est aujourd’hui de constater que le différentiel dans la croissance des résultats est aujourd’hui en train d’inverser à nouveau les flux vers les actions américaines, de même que la stabilisation du dollar sur le marché des changes. « Les places européennes ont bien progressé, et vont devoir digérer l’impact de la hausse de l’euro. L’incertitude sur la situation politique française constituera également un point d’attention pour les prochaines semaines. Selon moi, il est important de rester géographiquement diversifié sur les marchés boursiers ».