
Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser Pictet Asset Management.
C’est l’investissement de l’année. L’or ne cesse de monter : +38,7% depuis janvier*.
Quels sont les moteurs de la hausse ?
- Le regain de demande de la part des détaillants en Inde et en Chine, particulièrement pour la bijouterie/joaillerie;
- La dédollarisation, surtout de la part de la Russie (quasiment achevée) et de la Chine;
- La demande des banques centrales émergentes qui est le facteur structurel le plus important à long terme. En moyenne, l’or représente seulement 15% de leurs réserves. Elles souhaitent atteindre l’objectif de 25% - soit le niveau moyen dans les pays développés. Certaines envisagent même d’aller au-delà. La Pologne – un important acheteur - réfléchit à porter ses réserves de 20% à 30%.
- À court terme, les institutionnels et les fonds spéculatifs qui étaient à l’achat sur l’argent cet été quittent ce marché pour revenir sur l’or – c’est ce qui explique sa progression des derniers jours.
Objectif de prix à USD4,000 l’once en 2026 (soit + USD400 par rapport au cours actuel).
C’est certainement la seule matière première dont la trajectoire de cours est limpide pour les années à venir.
À surveiller
Beaucoup de banques centrales sont à l’honneur cette semaine. La Banque du Japon, par exemple. La hausse des taux tant attendue depuis plusieurs mois est repoussée aux calendes grecques. L’attentisme ne devrait pas être de mise du côté de la Réserve Fédérale (Fed), en revanche. Au regard des derniers chiffres de l’emploi, une baisse des taux de -25 points de base est acquise, à 4,25%. Ce sera certainement trop peu pour la Maison Blanche qui devrait exprimer son mécontentement dans la foulée. Les marchés financiers sont désormais habitués. Pas de panique.
Vous ne l’avez pas lu dans la presse
Sur les trois dernières semaines, le Trésor américain a acheté USD 10 milliards de sa propre dette. C’est significatif. L’objectif est d’apporter de la liquidité au marché obligataire mais aussi de contenir – un peu – l’envolée des taux longs alors qu’ils ne cessent d’augmenter depuis la rentrée. Certains y voient une forme de Quantitative Easing** déguisé. C’est un peu exagéré. En revanche, c’est la preuve que le Trésor et la Fed veillent au grain afin d’éviter une crise d’endettement – c’est symptomatique des périodes de domination budgétaire.
*Source Bloomberg du 12/09
**Rachats par la banque centrale d’obligations souveraines.