
Par Frédéric Lejoint.
Les mines d’or sont désormais rationnelles dans la gestion de leur dette et de leurs coûts, et les valorisations restent attractives en dépit de la forte hausse du métal jaune en 2025.
R-co Gold Mining (ISIN : FR0007001581) est un fonds de placement spécialisée sur le secteur des mines d’or, notée quatre étoiles chez Morningstar. Il affiche une performance annualisée supérieure à 30% durant les trois dernières années, avec des encours qui approchent les 500 millions d’euros. Charles-Edouard Bilbault (gestionnaire du fonds) était récemment de passage à Bruxelles pour expliquer son approche d’investissement sur ce segment.
Rationalisation
Il souligne tout d’abord que le cours des mines d’or a eu tendance à rester en retrait du cours de l’or. « Il y a une dizaine d’années, les groupes miniers privilégiaient une maximisation de la production, ce qui a entraîné une hausse des coûts et des investissements pour découvrir de nouveaux gisements dans des endroits de plus en plus difficiles d’accès. C’est toutefois nettement moins le cas depuis quelques années, et les grands groupes ont eu tendance à se concentrer sur les mines les plus rentables ».
De nombreux acteurs ont également fusionné pour renforcer la rationalisation de l’outil de producteur (notamment Barrick Gold /Randgold Resources, Newmont/Goldcorp, Newcrest/Newmont). « Le secteur ne détruit désormais plus de valeur. Il affiche aujourd’hui des niveaux de profitabilité historiquement élevés et s’est désendetté, avec une hausse des cours de l’or qui se répercute aujourd’hui plus directement dans le bénéfice net des sociétés. Ceci permet des redistributions beaucoup plus massives vers les actionnaires (rachats d’actions, dividendes), un mouvement qui ne devrait pas ralentir vu l’évolution du cours de l’once durant les deux dernières années ».
Rachats massifs
« Historiquement, nous avons toujours eu une corrélation négative assez forte entre le cours de l’or et le niveau des taux réels. Depuis la dernière phase de hausse des taux en 2022, nous avons au contraire assisté à un envol du cours ». Le métal jaune connait encore une année 2025 torride, avec un cours de l’once qui s’est envolé de 1000 dollars à plus de 3700 dollars.
La principale derrière cette hausse sont les importants achats en provenance des banques centrales émergentes. « Suite au conflit entre la Russie et l’Ukraine et les sanctions qui ont été imposées sur les avoirs russes à l’étranger, les banques centrales des pays émergents ont pris le parti de diversifier leurs réserves monétaires pour être moins dépendants du dollar américain ».
Et avec un stock d’or au niveau mondial qui atteint 7.000 milliards de dollars, il s’agit d’un support financier qui peut être exploitable par les banques centrales. « Selon nous, cette tendance n’est pas prête à s’inverser. La proportion des réserves de ces banques centrales a fortement évolué au cours des derniers mois. Historiquement, nous avions des taux de réserve en dollars qui étaient d'à peu près 40%, un niveau qui est désormais tombé à 25% ».
Attractivité
A l’inverse, les investisseurs traditionnels sont restés en retrait de ce mouvement, en partant du principe que l’inflation élevée et les taux réels négatifs ne constituaient pas une proposition attractive pour l’once d’or. « En dehors d’investisseurs spécialisés sur le secteur des mines d’or, les investisseurs généralistes n’ont pas encore vraiment remis de l'or dans leurs allocations », constate encore Charles-Edouard Bilbault.
Or le secteur des mines d’or reste encore une niche au niveau boursier, avec une capitalisation totale d’à peine 550 milliards de dollars. « Par rapport à Microsoft ou Apple , cela ne représente rien. Donc le moindre flux entrant d’investisseurs généralistes est susceptible d’avoir un impact extrêmement fort sur la performance boursière. Pour arriver à relancer l’intérêt des investisseurs, il faut que le secteur gagne en crédibilité trimestre après trimestre, et continue à augmenter ses versements aux actionnaires ».
« Il y a une attractivité relative qui est en train de se mettre en place sur le secteur, d’autant que les valorisations restent attractives en dépit d’une hausse des cours d’environ 70% sur les mines d’or depuis le début de l’année. L’or est de plus en plus rare et difficile à trouver, avec un contexte monétaire plus accommodant (baisse des taux) qui devrait soutenir les flux financiers. Historiquement, c’est un contexte qui a souvent été favorable pour l’once d’or ».
Consolidation
R-co Thematic Gold Mining est investi dans les grandes mines (environ 50% du portefeuille) qui parviennent à dégager des performances opérationnelles attractives et à redistribuer vers les actionnaires. « Mais nous avons également des diversifications significatives sur des sociétés de taille plus modeste spécialisées dans l’exploration, dont la valorisation a tendance à grimper à mesure de leur développement avec des cours peuvent être multipliés par cinq voir dix en quelques années ».
Ce positionnement permet également de bénéficier des opportunités de consolidation qui peuvent exister. De nombreuses petites sociétés aurifères ne possèdent souvent qu’une seule mine, avec une durée souvent très importante entre la découverte du gisement et la mise en exploitation. « Dans un contexte d’amenuisement des réserves géologiques, il est souvent plus intéressant pour un grand groupe d’acquérir un actif qui a été développé par un concurrent que d’investir dans la découverte de nouveaux gisements ».
Métaux stratégiques
A noter également que R-co Gold Mining s’est vu récemment adjoindre un petit frère, R-co Strategic Metals and Mining (ISIN : FR001400TLU4), qui axe plutôt sa stratégie sur les groupes miniers diversifiés, principalement actifs dans l’extraction de matériaux associés à la transition énergétique tels que le cuivre, le nickel ou encore le lithium, utilisés notamment dans la production de panneaux solaires, d’éoliennes ou de véhicules électriques.
