
Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser Pictet Asset Management.
L’excellente performance des marches émergents est l’une des conséquences inattendues du Trumpisme. De janvier à fin septembre, les obligations d’Etat des pays émergents ont progressé de +15% tandis que les actions ont augmenté de +25%* sur la même période – des performances supérieures à la plupart des marchés développés. Comment expliquer cela ? La volonté de diversification à l’égard des actifs libellés en dollar à la suite des annonces tarifaires de l’administration Trump. Attention, les investisseurs étrangers n’ont pas déserté les marchés américains. Ils continuent de détenir des actions américaines, craignant de passer à côté d’avancées technologiques, et des bons du Trésor, difficiles à remplacer en raison de leur liquidité. Ils ont simplement réduit un peu leur exposition…au profit d’actifs émergents.
Ces derniers sont les principaux bénéficiaires de la baisse du dollar. Lorsque le billet vert se déprécie, les autres devises ont tendance à se renforcer. Ainsi, au cours de l'année se terminant le 30 septembre, seule une poignée de devises émergentes ont enregistré des performances encore pires que le dollar : la roupie indienne, la roupie indonésienne et la livre turque. Les autres ont progressé, parfois à deux chiffres, ce qui a eu pour effet de réduire l’inflation importée et de permettre aux banques centrales émergentes de baisser le loyer de l’argent. Conséquence immédiate : la baisse des taux directeurs a poussé à la hausse le prix des obligations, renforçant la demande des investisseurs. En parallèle, le cycle d’assouplissement monétaire a renforcé les anticipations de bénéfices plus élevés des entreprises des pays émergents, ce qui a soutenu le cours des actions. Le Mexique illustre bien ce phénomène. La banque centrale du pays a abaissé son taux directeur de 10% en début d’année à 7,5%, ce qui a stimulé à la fois la croissance et la hausse des actifs financiers. Le peso est en hausse de +9,7% face au dollar américain depuis janvier tandis que l’indice boursier NASDAQ Mexico Large Mid Cap a rebondi de +37%**.
Il y a encore plus surprenant : la Chine. En dépit de taxes douanières américaines qui sont proches de 50%, les actifs financiers chinois affichent une excellente performance. Le renminbi a gagné +2,4% face au dollar**, contribuant à une inflation chinoise obstinément faible. La banque centrale a assoupli sa politique monétaire pour soutenir la croissance et lutter contre les risques de déflation. En réaction, l'indice boursier chinois CSI 300 a progressé de +17,6% depuis janvier – une performance meilleure que le S&P 500**.
Est-ce que cela va durer ? Probablement, surtout tant que le dollar va rester dans un canal baissier – ce qui semble être le cas pour les mois à venir.
Vous ne l’avez pas lu dans la presse
Ce n’est pas tous les jours qu’on découvre de nouvelles mines de lithium, surtout en Europe qui est un acteur marginal du marché. L’Allemagne a annoncé avoir découvert un gisement de 43 millions de tonnes d’équivalent lithium carbonate en Saxe. Cela devrait accentuer la baisse des prix du lithium même si, évidement, ce nouveau gisement ne sera pas exploitable avant de nombreuses années.
Le marché du lithium est très déséquilibré : les Américains possèdent les principales réserves mais ce sont les Chinois qui représentent 80% de l’exploitation.
*JPMorgan, en date du 30/09/2025
** Boursorama , en date du 07/10/2025