Par Geoffroy de Pierpont, Associé chez Pareto.
Dans un environnement marqué par l’incertitude macroéconomique et la volatilité des marchés financiers, la question de la part de liquidités à conserver au sein d’un patrimoine mérite une attention particulière. Longtemps perçu comme un actif improductif, le cash joue pourtant un rôle central dans une allocation cohérente, à la croisée de la gestion du risque et de l’opportunisme d’investissement.
La proportion de liquidités dépend avant tout du profil de l’investisseur, de son horizon de placement et de ses besoins de trésorerie. Pour les profils prudents, disposer d’une réserve couvrant plusieurs mois, voire jusqu’à deux années de dépenses courantes, constitue un socle de sécurité permettant d’absorber les aléas sans arbitrages contraints. Cette protection a néanmoins un coût, dans la mesure où l’inflation érode le rendement réel des liquidités placées sur des supports traditionnels.
Au-delà de leur fonction défensive, les liquidités représentent également un outil stratégique. Elles offrent la flexibilité nécessaire pour intervenir rapidement lors de phases de correction ou de stress de marché. En cas de rentrée de fonds exceptionnelle, une réallocation progressive plutôt qu’un investissement immédiat permet de lisser le risque de timing et de préserver une capacité d’intervention ultérieure.
Dans la perspective des prochains exercices, marqués par des tensions géopolitiques persistantes et une visibilité économique réduite, la détention de cash pourrait s’avérer particulièrement précieuse. Les périodes de volatilité accrue créent régulièrement des points d’entrée attractifs sur des actifs de qualité, à condition de disposer des liquidités nécessaires pour les exploiter.
Une gestion active du « cash disponible » implique également des arbitrages réguliers au sein du portefeuille. La prise de bénéfices sur des positions ayant fortement performé et la sortie d’investissements dont le potentiel s’est détérioré permettent de reconstituer une réserve mobilisable. Certains investisseurs choisissent par ailleurs d’adopter une approche contrariante, en s’exposant progressivement à des segments temporairement délaissés par le marché.
Enfin, la question des liquidités ne se limite pas aux placements financiers. Les recommandations récentes des autorités européennes rappellent l’utilité de conserver une petite réserve de liquidités physiques afin de faire face à des situations exceptionnelles, telles qu’une panne bancaire ou un incident systémique.
Si le cash ne constitue pas une source de rendement à long terme, il demeure un pilier essentiel de toute stratégie patrimoniale structurée, en apportant flexibilité, réactivité et maîtrise du risque dans un contexte économique incertain.


