Navbar logo new
Obligations d’État allemandes : le rendement peut-il baisser davantage ?
Calendar14 Jun 2019
Thème: Fixed Income
Maison de fonds: Legg Mason

Par Gordon S. Brown, Co-Head of Global Portfolios chez Western Asset (une filiale de Legg Mason)

Gordonsbrown
Gordon Brown
Depuis la grande crise financière d’il y a une dizaine d’années, les investisseurs sont accoutumés à prévoir l’inattendu. Mais en tant qu’investisseurs de valeur, nous sommes convaincus que les fondamentaux macro-économiques finiront par l’emporter et qu’ils sont le seul facteur déterminant de la valorisation. Il est donc possible que le rendement des Bunds allemands baisse encore, mais nous sommes persuadés que le marché escompte déjà trop de mauvaises nouvelles et que les valorisations ne reflètent pas assez les principaux moteurs macro-économiques à long terme.

Une série de facteurs – dont certains n’ont pas un rapport direct avec les fondamentaux allemands – nous semblent avoir engendré une situation où les obligations d’État allemandes sont devenues un paratonnerre pour l’inquiétude du marché. Il s’agit notamment des éléments suivants :

  • L’escalade des tensions commerciales mondiales (les pays de la zone euro sont nettement tournés vers le commerce).
  • La hausse importante du rendement des certificats de trésorerie américains (de plus de 100 points de base depuis le plus haut de novembre 2018).
  • La hausse de l’inquiétude quant à un Brexit sans accord.
  • Un retour du focus sur la dette et la dynamique fiscale italiennes.
  • Des attentes inflationnistes non réalisées.

    Contexte fondamental

    Après un faible second semestre 2018, la croissance s’est améliorée aussi bien en Allemagne que dans l’ensemble de la zone euro ; elle a même dépassé les attentes du marché. Cette amélioration s’explique par l’atténuation de l’impact négatif d’une série de facteurs sur certains secteurs, tels que celui de l’automobile. Les données projectives se sont améliorées depuis le plus bas de janvier. Dans la plupart des pays de la zone euro, parmi lesquels l’Allemagne, les moteurs de la croissance du PIB demeurent puissants et ne sont pas influencés jusqu’à présent par la faiblesse persistante du secteur de l’industrie de transformation. Le marché du travail, notamment, demeure vigoureux, avec une belle croissance des salaires, laquelle soutient les dépenses des ménages. Sur la base des chiffres avérés et projectifs, nous nous attendons pour cette année à une croissance de l’ordre de 1 % dans la zone euro. Ce n’est pas spectaculaire, mais cette prévision n’est que légèrement inférieure aux estimations d’un rythme de croissance annuelle de 1,3 % pour la région. La croissance attendue est aussi suffisamment vigoureuse pour nous permettre de conclure que la crainte d’une récession est très exagérée. La BCE a déclaré qu’elle apportera les ajustements de politique nécessaires pour soutenir le redressement et qu’elle est disposée à intervenir si des risques de croissance négatifs devaient apparaître.

    La vision de Western Asset

    Bien que nous restions attentifs à des vents contraires extérieurs, notamment à une potentielle escalade des tensions commerciales dans le monde, nous sommes d’avis que les investisseurs pèchent par excès de pessimisme quant aux perspectives de croissance, tant dans la zone euro qu’à l’échelle mondiale. À moins d’une dégradation considérable des relations commerciales ou d’un ralentissement sensible des activités aux États-Unis et en Chine au second semestre 2019, nous estimons que le niveau général des rendements des obligations sur les marchés développés du monde reflète une vision trop pessimiste, et dans ce cadre, les obligations d’État allemandes sont les plus surévaluées.

    Les rendements sur ces papiers dépassaient encore 0,5 % en octobre dernier, une période au cours de laquelle l’économie allemande s’est affaiblie. Si notre scénario de base fondée sur une croissance mondiale “solide mais peu spectaculaire” se confirme, nous sommes d’avis que le rendement des Bunds devrait pouvoir retrouver un niveau positif d’au moins 0,2 %, comme à la fin de 2018.