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Le Brexit sans accord devient-il réalité ?
Calendar13 Aug 2019
Thème: Macro
Maison de fonds: Ethenea

Par Dr. Volker Schmidt, Sen. Portfolio Manager, Ethenea

Le mandat de Boris Johnson, le nouveau Premier ministre du Royaume-Uni, commence fort.

Une réputation sulfureuse précède l’ancien maire de Londres et ministre des Affaires étrangères. Ouvertement favorable au Brexit, il a exigé la révision de l’accord négocié entre l’UE et les représentants de l’ancienne Première ministre. Il a rapidement remanié le gouvernement, annonçant la sortie sans accord si l’UE ne devait pas faire montre de bonne volonté et s’en tenait à l’accord négocié avec Theresa May. Toutefois, l’UE ainsi que les chefs de gouvernement des États membres ont déjà laissé entendre qu'ils ne renégocieraient rien. La date de sortie reste fixée au 31 octobre. Le Royaume-Uni quittera-t-il l’UE le 31 octobre sans accord ? La décision définitive ne sera sans doute prise qu’au dernier moment.

Avec l’issue du référendum sur le Brexit, le Royaume-Uni s’est engagé dans une impasse dont il ne semble actuellement pas en mesure de sortir. Ceux qui ont voté pour le Brexit sont divisés en deux camps, le premier, partisan d’un Brexit dur et le second favorable à une sortie de l’UE avec un accord. Aucune option, y compris celle du maintien dans l’UE, ne rallie la majorité et aucune élection n’y changera rien.

Dommages pour l’économie

Les dommages pour l’économie sont déjà immenses et en partie irréversibles. La croissance économique plus élevée que prévu en début d’année tient uniquement à l’augmentation des stocks en prévision du délai initial du Brexit au 31 mars.

Les prix de l’immobilier plongent, les détaillants s’effondrent, la main d'œuvre étrangère a quitté le pays et l’industrie a déjà réduit depuis longtemps ses investissements et fermé des installations dans ce contexte d'incertitude générale. Ainsi, Intu Properties plc, le n°1 britannique de la gestion de centres commerciaux, a dû déprécier ses actifs de près de 10 % à 8,4 milliards GBP au premier semestre 2019. Les recettes locatives ont chuté de 8 %, pénalisées par la faillite des enseignes Debenhams et Arcadia. Selon la société des fabricants et distributeurs automobiles britanniques (SMMT), les investissements étrangers dans l’industrie ont atteint un point bas de 90 millions GBP au premier semestre 2019, contre 347 millions GBP à la même période de l’année précédente et même 647 millions GBP en 2017.

La production automobile au Royaume-Uni est particulièrement affectée car elle souffre non seulement du Brexit, mais également du changement structurel général de la branche. Ford, Nissan, Honda et Jaguar Land Rover ont supprimé des emplois, délocalisé une partie de leur production, voire fermé des usines. C’est également la raison pour laquelle la livre sterling s’est fortement dépréciée. Les indicateurs conjoncturels à venir montreront une nouvelle fois clairement les dommages.

Quelle que soit la voie empruntée, la situation ne s’améliorera pas à court terme. Parmi les acteurs connus, aucun n’est en mesure de sortir de cette impasse. A Reykjavik, le comique Jon Gnarr, qui en est devenu le maire en 2010, a fait du bon travail. En Ukraine, le comédien Wolodymyr Selenskyj vient d’être élu à la présidence. Personne ne sait encore s’il sera à la hauteur des attentes. Les Britanniques sont connus pour leur humour. Quel comédien pourrait bien venir en aide au Royaume-Uni ?