Michael C. Buchanan, Deputy Chief Investment Officer, et Robert O. Abad, Portfolio Strategist, Western Asset (une filiale de Legg Mason)
La phase d’expansion du cycle de crédit mondial dure depuis à présent 10 ans. Beaucoup en prédisent la fin. Nous observons en effet une combinaison inquiétante de signaux qui imposent la prudence. Toutefois, nous ne décelons aucun catalyseur à court terme prêt à précipiter la fin de la « fête ». En fait, la solidité de la croissance mondiale, les taux d’intérêt bas et des fondamentaux de crédit stables nous donnent plutôt à penser que les performances du marché des crédits pourraient s’améliorer au-delà des prévisions actuelles.
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Signaux comportementaux de dernière phase du cycle
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Cela étant, nous notons quelques signaux révélateurs d’un comportement de fin de cycle. Des phénomènes tels que des engagements plus faibles dans les titres sous-jacents qui exposent les investisseurs à un risque accru, une utilisation douteuse des lignes de crédit (renouvelables), une préoccupation croissante à l’égard du rendement pour les actionnaires et une augmentation des activités de fusion et acquisition financées par emprunt et des effets de levier, qui sont étroitement liés à la croissance rapide du segment du marché du crédit noté BBB, s’installent discrètement. Il convient d’y ajouter le risque qu’un catalyseur imprévu déclenche une vague de détérioration des notations. La panique n’est cependant pas de mise. Vu le degré d’incertitude sur le marché actuel, les investisseurs ont raison de se demander quel est le type d’exposition au risque approprié. La réponse dépend de votre estimation de notre position dans le cycle de crédit mondial, des évaluations de la « juste valeur » pour chaque secteur du crédit et de la tolérance au risque de votre portefeuille. Selon la sagesse populaire, dans un environnement tel que le nôtre, un vaste portefeuille de marché devrait avoir une exposition minimale aux secteurs à bêta plus élevé. Nous pensons toutefois que cette appréciation est erronée eu égard à des dynamiques descendantes et ascendantes uniques.
Notre opinion
Nous avons connu trois ralentissements du cycle du crédit au cours des 30 dernières années, chacun étant associé à un resserrement marqué des conditions financières mondiales ou à un ralentissement économique prolongé lorsque les taux de défaillance des entreprises ont fortement augmenté. Nous ne décelons toutefois actuellement aucun catalyseur à court terme prêt à déclencher de tels scénarios. À moins d’une guerre commerciale sans merci ou d’un événement déclencheur du risque de perte extrême, nous avons bon espoir que la croissance mondiale solide, le faible taux d’inflation, l’activisme des banques centrales et la stabilité des fondamentaux du crédit prolongent la durée de ce cycle mondial du crédit.