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Actions « value » : un rebond durable ?
Calendar14 Feb 2022
Thème: Investir
Maison de fonds: M&G Investments

Par Richard Halle, gérant du fonds M&G (Lux) European Strategic Value Fund

Richard halle
Richard Halle
Les marchés actions globaux ont pour la plupart lourdement chuté en 2022, du fait de l’incertitude des investisseurs sur les taux d’intérêt. L’un des rares segments du marché qui est parvenu à résister à cette tendance est celui des actions « value » européennes.

Les géants technologiques ont été les plus sévèrement touchés lors de la correction intervenue aux États-Unis. Après avoir figuré en tête des plus performantes du marché au cours des dernières années, ces sociétés sont désormais victimes de la menace d’une hausse des taux d’intérêt. À l’inverse, le facteur (ou style) dit « value » s’est bien comporté cette année, les investisseurs s’étant détournés des valeurs de croissance chères au profit des entreprises sous-évaluées et donc meilleur marché.

En tant qu’investisseurs « value », nous nous en félicitons et pensons que les intervenants sur le marché devraient sérieusement se poser la question suivante : ce rebond du style « value » est-il appelé à durer ou va-t-il une fois de plus s’avérer éphémère ?

Une dispersion extrême des valorisations due à des facteurs comportementaux Même si elle a été ponctuée d’une brève pause, la tendance de ces 13 longues dernières années en défaveur du style « value » s’est accélérée pendant la pandémie de Covid-19 et a donné lieu à une situation où une telle dispersion des valorisations entre les actions les moins et plus chères du marché n’a historiquement jamais été observée.

Selon nous, ces valorisations sont davantage le fruit de facteurs comportementaux que des fondamentaux sous-jacents des entreprises : un cycle auto-alimenté d’une tendance à long terme conjugué à un biais d’ancrage exagérant ces tendances de manière indéterminée et conduisant les valorisations de certains segments du marché à se hisser à des niveaux toujours plus élevés. L’art du « story-telling » » a fait voler en éclats toute limite de valorisation. Les investisseurs, qu’ils soient particuliers, quantitatifs ou passifs, se sont tous rués sur les mêmes actions, conduisant à des prix tout simplement non viables dans la durée.

Le prix est devenu un paramètre déterminant aux yeux des investisseurs qui se sont rués sur certains segments du marché sans tenir compte des valorisations. C’est pourquoi il nous semble que les valorisations de nombreuses valeurs de croissance, à haut rendement et « conceptuelles », sont excessives et que leurs fondamentaux ne justifient pas un tel écart de valorisation.

La décennie des « actifs bon marché » ?

Si cette correction s’avère brutale pour de nombreux investisseurs adeptes des tendances de marchés, cette mauvaise expérience pourrait avoir le mérite de mettre fin au cycle d’achats inconsidérés auquel nous avons assisté. Compte tenu des lourdes pertes accusées par les valeurs « conceptuelles » et de croissance, et du resserrement probable des politiques monétaires cette année, les investisseurs devraient commencer à mieux discerner le prix des entreprises fortement valorisées.

Longtemps nous avons considéré les valorisations des actions de croissance comme excessives et que le style « value » allait revenir en grâce, avançant même courant 2020 que la décennie des années 2020 pourraient être celle des « actifs bon marché ». Il aura fallu attendre cette correction et le spectre d’un relèvement des taux d’intérêt pour que le sentiment change et pour conforter notre thèse pour la décennie à venir, à savoir un retour aux fondamentaux et aux critères de valorisation, et ce, au bénéfice des sociétés « value » négligées.