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« Nous préférons le label de durabilité belge »
Calendar16 Jun 2023
Thème: Investir
Maison de fonds: DNCA Investments
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Romain Avice est gestionnaire de fonds chez DNCA Finance depuis 15 ans. Il a rejoint l’équipe ISR peu de temps après l’arrivée de Léa Dunand-Chatellet chez le gestionnaire parisien pour co-diriger ce département. Outre son activité de recherche extra-financière pour l’ensemble des activités de DNCA Finance, le pôle ISR a également pour mission de gérer tous les produits répondants aux exigences de l’article 9 de la législation européenne SFDR, et donc de tous les fonds à impact qui rassemblent environ 1,5 milliard d’euros en actifs sous gestion (soit le fonds flexible DNCA Invest Beyond Alterosa, le fonds écologique DNCA Invest Beyond Climate, le fonds multithématique ODD DNCA Invest Beyond Semperosa sur l’Europe et le fonds global multithématique ODD DNCA Invest Beyond Global Leaders ainsi que quelques mandats dédiés). Nous lui avons posé quelques questions sur l’investissement durable à l’occasion de son récent passage à Bruxelles.


Est-ce que l’ESG signifie la même chose que l’ISR ?


Romain Avice: « Les investisseurs confondent souvent ces acronymes, qui ne veulent toutefois pas dire la même chose. L’ESG (Environnement Social Gouvernance) sont les piliers d’analyse qui permettent de mener une analyse extra-financière sur une société, en complément d’une analyse financière traditionnelle. L’ISR (Investissement Socialement Responsable), c’est la prise en compte de cette analyse ESG dans le choix des positions. Pour le dire plus concrètement, il est possible de faire de l’ESG sans faire de l’ISR, mais il n’est pas possible de faire de l’ISR sans faire une analyse ESG ».


Est-ce que vous vous reposez sur des fournisseurs de données externes ?


R.A. : « Non, car nous voulons avoir la maîtrise sur la qualité de l’analyse, même si cela nécessite beaucoup de temps et d’énergie. C’est un peu comme si sur le volet financier, nous suivions aveuglément les recommandations d’achat et de vente d’un courtier externe dans la gestion de nos fonds, sans chercher à faire notre propre analyse. Chez DNCA Finance, nous sommes une équipe d’une dizaine de personnes avec un millier de sociétés dans notre modèle, dont environ 700 suivies activement. Chaque analyste va donc être responsable de mettre à jour les données et l’appréciation globale de ces entreprises, en se basant exclusivement sur des informations fournies par les sociétés (rapport annuel, rencontre avec les équipes dirigeantes, journées investisseurs, etc) et en faisant un suivi dynamique pour capter l’ensemble des controverses et des actualités durables. Enfin, nous avons également une politique d’engagement proactif (si nous remarquons des dégradations dans certains indicateurs) et réactif (si une nouvelle négative sort dans la presse) avec les titres en portefeuille ».


Quelles sont les différences entre un fonds durable et un fonds à impact ?


R.A. : « Ces produits sont souvent confondus par les investisseurs. Un fonds durable est un fonds ISR qui répond aux exigences de l’article 8 de la législation européenne SFDR, et qui va donc avoir une politique de sélection des entreprises par le risque au travers d’une analyse ESG. Les fonds à impact vont être plus exigeants, pour répondre aux contraintes de l’article 9, avec la volonté d’une contribution positive sur les objectifs de développement durables des Nations Unies (ODD, cadre choisi par DNCA Finance) au travers des produits et services qu’elles proposent. Les fonds catégorisés article 9 ne vont donc pas uniquement investir dans des sociétés ayant une bonne note ESG et ayant une bonne maitrise des risques de durabilité. Ces fonds peuvent également présenter ponctuellement des rapports permettant de mesurer les bénéfices de leurs investissements ».


Cela va avoir des conséquences sur les sociétés qui pourront entrer dans la composition des fonds ?


R.A. : « Effectivement. Un bon exemple est le secteur du luxe, où les notes ESG sont généralement bonnes, avec de bonnes pratiques et une volonté de réduire leur empreinte en termes d’émissions de CO2 ou encore la gestion de leur approvisionnement. Les sociétés actives sur ce secteur peuvent donc parfaitement être reprises dans la composition d’un fonds Article 8. Dans le même temps, les produits et services ne répondent pas aux 17 ODD, et ces sociétés ne peuvent dès lors pas être reprises dans un fonds Article 9 ayant choisi le cadre des Nations Unies et la génération de chiffre d’affaires comme indicateur de contribution ».


Comment caractérisez-vous une société à impact ?


R.A. : « Pour entrer dans la composition de nos fonds article 9, une société doit également pouvoir prouver qu’elle est en avance par rapport à ses concurrents et ses clients (additionalité) tout en ayant une contribution positive sur les ODD. Elle doit aussi avoir marqué l’intentionnalité de s’engager (par exemple dans la stratégie de l’entreprise et les investissements réalisés) dans une approche positive sur les ODD, ce qui permet d’éviter le greenwashing et la récupération de mesures non intentionnelles par les entreprises. Il doit y avoir des investissements annoncés qui visent à créer de la valeur financière également pour viabiliser la stratégie. Enfin, la société doit communiquer des chiffres qui vont permettre de mesurer la contribution de notre investissement ».


Comment est-il possible d’éviter le greenwashing dans l’investissement durable ?


R.A. : « Il existe grosso modo deux types de greenwashing. Celui des entreprises cotées qui veulent sembler plus responsables qu’elles ne le sont vraiment ; et celui des sociétés de gestion qui veulent présenter des produits qui sont moins durables qu’elles ne les présentent à leurs clients. L’arme numéro un pour lutter contre ce phénomène est la pression règlementaire et la transparence, afin que le client sache au moment d’acheter s’il achète un produit vert ou un produit gris ».


Comment faire son choix dans l’ensemble de l’offre durable ?


R.A. : « Il ne faut jamais avoir confiance à 100% dans les belles paroles des sociétés de gestion. Il faut suivre la documentation que les fonds Article 8 ou Article 9 sont obligés de présenter aux investisseurs, et regarder les rapports périodiques qui détaillent le contenu des portefeuilles. Si ces informations ne sont pas disponibles, c’est généralement un mauvais signe. Enfin, parmi les labels disponibles sur le marché, le label Towards Sustainability de Febelfin est clairement celui que nous préférons et qui est le plus exigeant en Europe avec des exclusions sectorielles fortes (fossile, armement, etc) ».


Romain avice