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Les petites et moyennes capitalisations font leur retour
Calendar26 Jan 2024
Thème: Investir
Maison de fonds: MainFirst

Par Olgerd Eichler, gérant de portefeuille au sein de l’équipe Blend / European Equities chez MainFirst

Olgereichler
Olgerd Eichler
Les marchés européens ont enregistré une croissance remarquable de près de 30 % entre début 2020 et fin 2023. Toutefois, une analyse plus approfondie de cette période révèle que les actions des petites et moyennes capitalisations ont pris un retard considérable sur les blue chips. Cette tendance soulève des questions intéressantes sur les dynamiques et les décisions stratégiques sous-jacentes.

Les grandes capitalisations constituent l'épine dorsale des fonds indiciels populaires et leurs noms sont connus bien au-delà de la sphère des analystes d'investissement professionnels. En période d'incertitude, les grandes capitalisations offrent une stabilité apparente.

Mais ceux qui investissent seulement dans les blue chips passent à côté d'une grande opportunité, car historiquement, les small et mid caps ont toujours surperformé sur le long terme les grandes entreprises bien établies. Ceux qui ont investi dans des small caps européennes il y a 20 ans peuvent se réjouir d'un rendement total de 495 %, contre seulement 226 % pour les grandes capitalisations européennes.

Une analyse de MSCI portant sur la période allant de novembre 1975 à juin 2023 montre qu'il ne s'agit pas d'un phénomène unique et que les valeurs secondaires ont été plus performantes que les blue chips sur de longues périodes également en dehors de l'Europe. Environ 9 fois sur 10 par le passé, les petites capitalisations ont été plus performantes que les grandes capitalisations sur un horizon de placement de 15 ans.

Cela s'explique notamment par le fait que les petites et moyennes entreprises disposent non seulement d'une plus grande marge de manœuvre pour se développer, mais qu'elles sont également plus flexibles et plus innovantes. Ces entreprises se caractérisent souvent par une bureaucratie réduite, ce qui leur permet non seulement d'agir plus rapidement, mais surtout de réagir avec agilité aux changements. Cette agilité inhérente constitue un avantage majeur.

Dans un scénario idéal, un investissement dans des valeurs secondaires s'avère avantageux lorsque l'entreprise passe d'abord du statut de petite entreprise à celui de moyenne entreprise, puis à celui de leader du marché. Au cours de ce processus, l'investisseur peut constater une augmentation continue de la valeur de ses actions, ce qui est sans aucun doute une évolution réjouissante. Bien entendu, toutes les petites et moyennes entreprises ne réussissent pas à se hisser au sommet. Ce chemin est semé d'embûches et de nombreuses entreprises ne parviennent pas à atteindre la position supérieure. Néanmoins, l'attrait de l'investissement dans les petites valeurs demeure, car elles offrent une opportunité unique de participer à des développements dynamiques et de réaliser des rendements potentiellement exceptionnels.

Les petites valeurs européennes fortement sous-évaluées

Les trois dernières années ont été difficiles pour les valeurs secondaires, car en période d'incertitude, les investisseurs ont souvent tendance à se tourner vers des valeurs supposées refuges telles que les grandes capitalisations. La hausse des taux d'intérêt directeurs a également rendu les obligations et les fonds du marché monétaire plus attrayants, ce qui a poussé de nombreux investisseurs à se retirer des marchés d'actions.

En termes absolus et relatifs, cela fait longtemps que les petites valeurs européennes n'avaient pas été aussi fortement sous-évaluées. Alors que les principaux indices de référence comme le MSCI Europe, le STOXX 50 et le DAX ont déjà atteint de nouveaux sommets ou s'en sont très fortement approchés fin 2023, les indices des valeurs secondaires se trouvent encore nettement en dessous de leurs records des années précédentes. Cela offre aux investisseurs des opportunités de rendement intéressantes.

Nous sommes étonnés de constater que les décotes des valeurs secondaires par rapport aux valeurs standard n'ont guère diminué au cours de l'année écoulée. Ce phénomène s'observe d'ailleurs partout dans le monde, la tendance des valorisations s'étant inversée ces dernières années, passant d'une prime de PER pour les valeurs secondaires à une décote.

Le 14 décembre, le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a laissé entrevoir une possible fin du cycle de hausse des taux d'intérêt et des premières baisses de taux en 2024, sans toutefois plus de détails. Immédiatement après, le SDAX a enregistré une hausse impressionnante de 3,5 %, tandis que le DAX enregistré une baisse marginale de 0,1 %! Le MSCI Europe Small Cap a également affiché une progression remarquable de 3,2 %, bien plus que le MSCI Europe Large Cap, qui n'a gagné que 0,5 %. Le marché avait réagi de la même manière un mois plus tôt, le 14 novembre, lorsque les données sur l'inflation aux États-Unis ont montré un ralentissement sensible, ce que les marchés ont interprété comme le premier signe d'une baisse imminente des taux d'intérêt. Cela souligne de manière impressionnante le potentiel à long terme que recèlent les valeurs secondaires.

Par ailleurs, les actions européennes présentent une décote de valorisation importante par rapport à celles des États-Unis. Cette situation illustre non seulement la différence des conditions de marché, mais offre également une opportunité prometteuse aux investisseurs attentifs. Alors que les marchés américains sont parfois mieux valorisés, les petites capitalisations européennes semblent sous-évaluées, ce qui laisse la place à un potentiel de hausse et à des rendements attrayants. Cette tendance montre que les réactions aux annonces liées aux politique monétaire et aux signaux économiques ne provoquent pas seulement des décalages à court terme sur les marchés, mais peuvent aussi créer des opportunités à long terme pour les investisseurs avisés.

Les actions des grandes entreprises sont actuellement surévaluées

Pour l'investisseur exigeant, "l’attractivité relative" des valeurs secondaires par rapport aux grandes capitalisations se manifeste. Soit les actions des grandes entreprises sont actuellement surévaluées, soit les petites entreprises sont sous-évaluées. Ce subtil équilibre ouvre la voie à des réflexions stratégiques et à des décisions tactiques pour les portefeuilles.

La même approche déductive s'applique également à la comparaison avec les marchés boursiers américains. Un investisseur qui achète les bons titres à ce moment-là peut théoriquement bénéficier du retour à leur moyenne historique des valorisations des petites et moyennes capitalisations par rapport aux grandes capitalisations et de la valorisation relative des marchés actions européens par rapport aux marchés américains. Cela crée la possibilité d'une performance potentielle qui ne se limite pas aux fluctuations à court terme, mais offre une perspective d'optimisation des rendements à long terme.

Les entreprises de petite et moyenne capitalisation ont non seulement un potentiel de croissance et d'innovation, mais elles reflètent également la diversité et la résilience du marché au sens large. L'art de l'investissement ne consiste pas seulement à identifier les opportunités à court terme, mais aussi à faire preuve de clairvoyance pour tirer profit de la macro- et de la microéconomie à long terme.