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Perspectives 2024 à mi-année: actions fondamentales
Calendar03 Jul 2024
Thème: Investir
Maison de fonds: DPAM

Par Johan Van Geeteruyen, CIO Fundamental Equity chez DPAM

Au cours de ces dernières semaines, les attentes concernant le moment où les banques centrales entameront un cycle d'assouplissement ont très largement impacté les marchés financiers. Cependant, le déploiement de l'infrastructure de l'intelligence artificielle (IA) a également suscité un vif engouement, encouragé par les résultats très favorables des entreprises, et a ainsi contribué à un sentiment de marché globalement positif. Néanmoins, des défis subsistent, tant sur le plan géopolitique que macroéconomique.

Nous nous trouvons dans un cycle atypique caractérisé par une croissance économique persistante dans un contexte de politique monétaire restrictive, qui suscite des inquiétudes tant chez les haussiers que chez les baissiers. L'exercice d'équilibriste entre la désinflation, la croissance, les hausses des taux et l'impact des thèmes séculaires à long terme se poursuit. Les haussiers ont actuellement le dessus, comme en témoignent les nouveaux sommets atteints par les marchés.

Les prévisions de croissance économique sont revues à la hausse dans le monde entier et devraient rester stables. Les banques centrales repoussent les hausses de taux potentielles. Le repricing vers des taux plus élevés et plus longs a exercé peu d'impact négatif sur les marchés des risques, en partie grâce à l'enthousiasme suscité par l'IA. Les faiblesses des données macroéconomiques récentes et leur corrélation avec les flux d'actions suggèrent que de nombreux investisseurs pensent qu'un atterrissage en douceur sera bénéfique pour les valorisations des actions. Nous recommandons de surpondérer les actions, soutenues par une croissance modérée du PIB aux États-Unis et par un creux attendu en Europe. Au niveau mondial, les banques centrales sont prêtes à réduire leurs taux, à l'exception du Japon. La réticence de la FED à relever ses taux et l'engagement de la BCE et de la Banque d’Angleterre de réduire leurs taux en milieu d'année ont assoupli les conditions financières, contrebalançant ainsi les hausses de la FED. Ce flux de soutien a ravivé l'intérêt des investisseurs pour les actions et se traduit par le retour des investisseurs américains sur les marchés européens. Les fondamentaux sont favorables et l'Europe est plus attrayante en termes de valorisation que les États-Unis. En outre, l'écart important entre les deux régions en matière de soutien budgétaire reste important, ce qui laisse entrevoir une plus grande marge de progression pour l'Europe que pour les États-Unis, à condition que toute augmentation soit orientée de manière efficace et utile. Ces facteurs créent une solide configuration pour les actifs à risque au second semestre de l'année. La croissance de qualité est privilégiée, car ce style a tendance à bien se comporter dans un scénario d’« atterrissage en douceur ». Sur le plan régional, nous préférons le Japon à l’Europe, et l’Europe aux États-Unis.

L’économie américaine reste résiliente. L’inflation s’avère persistante et est influencée par la pandémie et les changements monétaires qui se sont écartés de la tradition. Les bilans du secteur privé se sont améliorés et une dynamique de fin de cycle s’est mise en branle et devrait se poursuivre en 2024. Les États-Unis ont bénéficié d’importants vents favorables en matière de politique budgétaire et d’interactions mondiales. L’Europe se redresse, la BCE menant le cycle mondial de réduction des taux. Malgré cela, la croissance de l’Europe restera inférieure à celle des États-Unis en raison d’un écart persistant entre les dépenses de consommation. Le consommateur américain reste fort, comme le montrent les dépenses discrétionnaires continues, mises en évidence par des entreprises telles que Deckers Outdoor, Elf Beauty et Ross Stores , bien que les résultats de Walmart suggèrent un récit différent pour les produits de première nécessité. Les consommateurs dépensent, certes, mais modifient leurs habitudes. À la lumière des nouveaux sommets atteints par le marché boursier et du caractère favorable de la politique fiscale, on s’attend à ce que l’économie américaine continue de s’accélérer au cours des prochains trimestres. L’indice PMI des services américains est à son plus haut niveau, ce qui pourrait retarder les réductions de taux. Des facteurs tels que la hausse des marchés boursiers depuis le début de l’année, les élections à venir et les valorisations élevées doivent également être pris en compte. Les bénéfices élevés, en particulier ceux de sociétés comme Nvidia , stimulent la vigueur du marché. Le potentiel de l’intelligence artificielle agit en parallèle pour stimuler la croissance future du PIB. Les 6 000 milliards de dollars parqués dans des fonds du marché monétaire témoignent d’une importante mise à l’écart des capitaux.

Pondéré en fonction de la capitalisation boursière, le S&P 500 a affiché une performance de 11 % depuis l’entame de l’année, alors que l’indice équipondéré n’a engrangé que 5 %, preuve s'il en est de la santé des actions « Mag7 ». L’éventail du marché reste étroit vu que l’accent est mis sur les grandes capitalisations et les valeurs liées à l’intelligence artificielle. Le secteur des technologies est depuis longtemps le favori des investisseurs institutionnels qui construisent des positions importantes et augmentent ainsi les multiples de valorisation. En dépit de ce qui précède, les perspectives de bénéfices robustes et les bilans solides font de la technologie un investissement convaincant, même si un atterrissage en douceur ne se matérialise pas, car les revenus liés à l’IA sont moins affectés par les cycles économiques et les politiques monétaires. Le thème de la transition énergétique, éclipsé par la chute des prix du gaz, retient à nouveau l’attention, car la pénurie potentielle pourrait retarder l’expansion des centres de données nécessaires à l’IA. Qui plus est, les grandes capitalisations affichent des révisions de bénéfices plus importantes, des profils de marge plus durables et des bilans plus sains que les petites et moyennes capitalisations américaines. La préférence pour les valeurs dynamiques se maintiendra probablement jusqu’à ce que les données macroéconomiques s’améliorent et que les incertitudes liées aux élections soient levées. Dès ce moment, les investisseurs pourront se tourner vers d’autres valeurs.

Nous restons neutres à l’égard des États-Unis en raison des problèmes de valorisation, mais sommes enclins à surpondérer l’Europe. Nous évitons de sous-pondérer les États-Unis en raison de leur dynamisme et de leur statut de valeur refuge. Les facteurs qui justifient notre surpondération de l’Europe sont l’amélioration des indicateurs macroéconomiques, l’augmentation de la confiance des entreprises, le rebond de l’activité des entreprises, la distribution attrayante du capital et la diffusion sous-estimée de l’intelligence artificielle. Nous adoptons une position circonspecte à l’égard des marchés émergents. C’est une surprise : la Chine a surperformé les États-Unis et le Japon depuis le début de l’année, avec une valorisation extrêmement faible, un retour des flux de capitaux étrangers, une diminution de l’excédent du marché, des rendements attractifs et une politique gouvernementale prometteuse qui laissent entrevoir un redressement des cours des actifs. Cependant, nous peinons à identifier un catalyseur pour une surperformance structurelle et restons inquiets face aux attentes exigeantes du consensus en matière de croissance des bénéfices nets par action (EPS), à la crise immobilière en cours, à l’absence de rééquilibrage en faveur de la consommation, à la déflation qui entrave la croissance du chiffre d’affaires et à la possibilité de nouveaux bouleversements commerciaux sous une deuxième administration Trump.

L’Europe devrait connaître une reprise des bénéfices au second semestre de l’année et poursuivre son redressement. Les entreprises sont optimistes, certaines anticipant un second semestre plus fort que le premier. Le sentiment industriel est moins tranché en raison du recul de la demande et de la dynamique des prix. Le marché s’attend à une reprise de la croissance en 2024 et 2025. L’indice PMI composite a dépassé la barre des 50 grâce à la vigueur de l’indice PMI des services, et l’indice PMI manufacturier s’est amélioré, passant de 45 au début de l’année à plus de 47. Ce point d’inflexion indique – et c’est historique – une surperformance imminente des petites capitalisations qui sont sensibles aux améliorations économiques, mais se trouvent à des niveaux de valorisation récessionnistes depuis plus de deux ans. Les investisseurs n’ont pas encore réagi, car ils préfèrent se tourner vers les grandes capitalisations jusqu’à ce que la stabilité économique s’améliore. Le resserrement de la politique monétaire a également eu un impact sur les petites capitalisations. Nous pensons que la meilleure stratégie consiste à renforcer progressivement les positions, car plusieurs catalyseurs, notamment les baisses de taux de la BCE, l’amélioration des conditions macroéconomiques et la faiblesse des positions, suggèrent un changement imminent. L’amélioration récente des flux, alimentée par le retour des investisseurs américains, pourrait également exercer un puissant effet catalyseur.