Par Frédéric Lejoint
Avec une conjoncture résiliente, les marges des entreprises resteront soutenues durant les prochains mois. L’écart de valorisation permet actuellement de privilégier les actions européennes.
Etienne de Callataÿ (Economiste en chef chez Orcadia Asset Management) était récemment l’invité de Funds For Good pour présenter ses perspectives économiques et financières pour les prochains mois. « Nous avons aujourd’hui une sorte de dichotomie aujourd'hui, avec d’une part une inquiétude géopolitique, économique, sociale ou environnementale ; et avec d’autre part des marchés financiers insolents qui continuent de battre des records ».

Résilience
Au niveau de la conjoncture, l’environnement actuel ne porte pas à l’enthousiasme, mais la situation est également loin d’être catastrophique. « Même si le ralentissement est là, nous devrions échapper à la récession tant aux Etats-Unis qu’en Europe, et ce en dépit de la hausse importante des taux d’intérêt. L’emploi s’est bien maintenu, les entreprises continuent d’être en bonne santé, et la croissance est résiliente ».
Il souligne la discordance entre l’industrie manufacturière qui reste déprimée et le secteur des services qui se porte très bien. « Pour la croissance, ce sont les services qui sont les plus importants ». Enfin, il estime que l’élection américaine ne devrait pas avoir un impact majeur sur les marchés, en dépit de programmes économiques qui peuvent différents. « Sur le long terme, il faut se rendre compte que nous n’avons plus une démographie suffisamment dynamique pour atteindre encore 3% de croissance. Même en Chine, il y a plus de gens qui quittent le marché du travail que de gens qui y entrent ».
Sous contrôle
Quant à l’inflation et la politique monétaire, Etienne de Callataÿ estime que le combat a été gagné, et que les derniers discours de Jerome Powell ont montré un revirement clair de la rhétorique monétaire. « La direction du voyage est claire, avec un discours qui est devenu accommodant, et nous devrions assister à un assouplissement significatif de la politique monétaire durant les prochains mois ».
Au niveau des taux souverains à 10 ans, il estime toutefois que les mouvements pourraient être moins spectaculaires. La baisse des taux reste limitée par une inflation qui va rester plus élevée que dans le passé, et par une l’épargne qui reste comprimée. « Une fois que vous prenez en compte l’inflation, la rémunération pour l’épargnant prudent reste proche de zéro, ce qui est intenable sur le long terme ». Inversement, Etienne de Callataÿ estime que le potentiel de hausse des taux longs est tout aussi limité, en raison d’une dette publique qui reste importante.
Stratégie d’investissement
Au niveau de la stratégie d’investissement, il constate que les marges des grandes sociétés mondiales appartenant à l’indice MSCI World restent sur des niveaux très élevés, ce qui explique en grande partie le bon comportement des placements boursiers durant les dernières années. « La hausse des marchés n’est donc pas de la spéculation, mais bien le reflet d’une profitabilité élevée dans les grandes capitalisations ».
Il estime qu’il existe des risques sur ces niveaux de rentabilité, en particulier si une récession venait à se produire, si les taux venaient à grimper à nouveau fortement, ou si des régulations contraignantes venaient à se mettre en place. « Dans l’ensemble, j’estime toutefois que ces risques sont relativement faibles, et il n'y a pas de raison de penser que ça va changer brutalement ».
Quant à la valorisation actuelle sur les marchés boursiers, il souligne qu’elle n’est pas particulièrement bon marché, au dessus de la moyenne historique de 15 fois les bénéfices. « Mais le niveau actuel ne peut pas être considéré comme étant outrageusement cher, et ne dois pas inciter les investisseurs à être particulièrement prudent et à se détourner des marchés boursiers », en particulier au niveau des actions européennes.
Extension de la gamme
Funds For Good et Orcadia Asset Management ont également annoncé le lancement commercial d’un nouveau fonds de placement durable spécialisé sur les actions globales, qui respectera les conditions de l’article 9 de la règlementation SFDR et qui devrait recevoir prochainement le label Towards Sustainability de Febelfin. « Notre gamme continue de se développer en partenariat avec des gérants externes », souligne Nicolas Crochet (Co-CEO de Funds For Good).
L’objectif de FFG Global Equities Low Carbon est de mettre en place un fonds qui va tenter de répliquer la performance de l’indice MSCI World en termes d’exposition sectorielle et géographique. « La collaboration avec Orcadia Asset Management porte sur la sélection de sociétés ne faisant pas l’objet de controverse majeure, et qui ont mis en place des mesures pour réduire leurs émissions afin d’être alignées sur les accords de Paris sur le climat pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré », indique encore Nicolas Crochet. « Il n’y a donc pas de producteur de pétrole dans le fonds ».
Il en résulte une sélection de titres de 600 grandes capitalisations globales, qui pourra prendre des positionnements tactiques sur certains pays ou secteurs en fonction de l’analyse macroéconomique réalisée par Etienne de Callataÿ, ce qui entraîne actuellement une sous-pondération des Etats-Unis et une surpondération de l’Europe. « Nous aurons également un comité d’investissement qui se réunira chaque semestre pour statuer des entreprises susceptibles d’entrer ou de sortir de la composition du portefeuille, un processus dans lequel nous avons également l’intention d’inclure nos clients », conclut Nicolas Crochet. ‘