Navbar logo new
Des armes, du beurre et des taux d'intérêt
Calendar03 Mar 2025
Thème: Macro
Maison de fonds: AXA

Par Gilles Moëc, AXA Group Chief Economist et Head of AXA IM Research

- La BCE devrait procéder à une nouvelle baisse cette semaine. Nous pensons que l'assouplissement se poursuivra malgré les faucons.
- L'augmentation des dépenses européennes de défense devient encore plus urgente. Les contraintes budgétaires sont toutefois décourageantes pour de nombreux États membres - nous examinons le cas de la France. Cela nécessite un financement conjoint de l'effort militaire.
'- L'humeur macroéconomique se dégrade aux États-Unis. Une conversation difficile sur les finances publiques se prépare également là-bas.

La BCE se réunit cette semaine sous de mauvais auspices, dans un contexte de morosité intérieure et d'incertitude persistante sur les relations commerciales avec les États-Unis. Une nouvelle baisse de 25 points de base est largement attendue, mais la discussion au sein du Conseil des gouverneurs devient plus difficile à mesure que la fourchette du « taux neutre » se rapproche. Nous continuons de penser que la balance des risques est désormais si manifestement orientée à la baisse que la BCE devra « franchir la neutralité » et ramener son taux directeur à 1,5 % d'ici la fin de l'année, mais les prévisions de la banque centrale pourraient devenir encore plus souples.

Les risques d'un retrait militaire américain d'Europe augmentant rapidement, l'UE doit augmenter ses dépenses de défense. Cela réduira au minimum le resserrement budgétaire auquel on aurait pu s'attendre, car il y a des limites à la part de ces dépenses supplémentaires qui pourraient être financées par des réductions des dépenses ailleurs ou par des hausses d'impôts, compte tenu de la pression populiste à laquelle de nombreux gouvernements sont confrontés. En principe, cela devrait inciter la BCE à faire preuve de plus de prudence dans ses mesures d'assouplissement monétaire, mais les prévisions de dépenses supplémentaires en matière de défense limitent la baisse des taux d'intérêt à long terme. Nous pensons que la banque centrale devra tenir compte du resserrement net des conditions financières globales lors du calibrage de sa politique, d'autant plus que le resserrement quantitatif en cours est une autre source de « résistance des rendements ». Pourtant, même avec une BCE « compréhensive », certains États membres atteignent les limites de leur marge de manœuvre budgétaire. C'est une raison de plus pour nous de penser que le financement conjoint de l'effort militaire européen est nécessaire.

Si les États-Unis sont une source majeure de perturbation pour l'Europe, la situation intérieure pourrait s'aggraver plus rapidement que prévu. La confiance des consommateurs se détériore dans presque tous les domaines : les Américains s'inquiètent de l'inflation, de leurs perspectives d'emploi et du marché financier. La résolution budgétaire de la Chambre des représentants a constitué une avancée pour les républicains la semaine dernière, mais nous notons qu'elle ne couvrirait pas tous les engagements de campagne de D. Trump. Une conversation fiscale compliquée se profile également à Washington DC