
Par Guillaume Lasserre, Directeur des gestions, LBP AM.
Dans un contexte de marché chahuté, les expertises obligataires « absolute return » peuvent présenter des atouts, pour les investisseurs souhaitant décorréler leurs portefeuilles des indices de marché.
Le premier trimestre de l’année 2025 a été marqué par des secousses d’ampleur sur les marchés financiers. Après une phase post-Covid caractérisée par des liquidités abondantes et des banques centrales à la manœuvre pour modérer l’inflation, nous sommes entrés dans une nouvelle séquence dominée par les questions géopolitiques.
Les premiers mois du mandat de Donald Trump n’ont fait qu’exacerber ce changement de paradigme, avec de nouveaux enjeux à la clé pour les investisseurs : dans un contexte de désengagement des Etats-Unis sur la scène des alliances internationales et de protectionnisme, qui seront les gagnants de demain ? Les zones d’influence et de croissance mondiale sont en train de se redessiner, et ce sera à nous, gestionnaires d’actifs, de savoir les identifier.
Ces remous ont mené à une grande volatilité sur les marchés depuis le mois de janvier. Pour le marché du crédit, l’impact a été moins marqué que sur les marchés actions où les réactions ont été très fortes. Globalement, les entreprises ont été capables de repousser le mur de la dette et ont peu de problèmes de solvabilité, à court terme.
Si les incertitudes liées au crédit existent, elles sont plus sectorielles. Certains segments pourraient se trouver en difficulté dans les mois ou années à venir, comme les énergies renouvelables, alors que Donald Trump a annoncé l’arrêt de nombreux projets d’envergure. D’autres entreprises sont très exposées aux taxes douanières américaines et pourraient voir leur rentabilité mise à mal, comme les acteurs du secteur automobile.
Pour protéger les portefeuilles obligataires, la diversification restera déterminante dans les mois à venir, tout comme la maîtrise du risque. Une gestion très active, fondée sur une approche sélective des titres et instruments obligataires, sera aussi utile en réponse aux pics de volatilité et d’incertitudes macroéconomiques – qui pourraient encore survenir à l’avenir, nourris par le caractère erratique des décisions politiques américaines.
Technicité et réactivité au service d’une stratégie résiliente
Une approche obligataire dite « absolute return » affiche des atouts selon nous. En s’attachant à investir sans contrainte d’indice, de pondération, ni de style lié à tel ou tel segment obligataire, et en utilisant une grande variété de leviers, d’instruments et de stratégies sur le marché du crédit, l’« absolute return » permet de capter des opportunités. L’analyse crédit, mais aussi les comportements des dérivés de crédit/taux/inflation, la courbe de taux, les différents niveaux de séniorité des émetteurs sont autant de terrains pouvant favoriser l’intégration d’une stratégie résiliente et diversifiée.
Certaines configurations de marché rendent cette approche particulièrement avantageuse. C’est le cas lors de séquences d’incertitude accrue sur les marchés, assez propices à de nombreux arbitrages, destinés à capter la volatilité tout en limitant la perte en capital.
En raison de ses spécificités, l’ « absolute return » nécessite de solides compétences. L’équipe de gestion doit avoir accès à de puissants outils en termes de collecte et d’analyse de données. Elle doit aussi savoir faire preuve d’une lecture très précise de la situation financière et extrafinancière de chaque émetteur, d’une grande réactivité dans ses choix d’investissement et d’une gestion du risque très rigoureuse. Un formule qui peut s’avérer gagnante pour surmonter les nombreux défis auxquels font face les marchés financiers