La baisse des taux, leur protection par rapport aux tarifs douaniers et leur valorisation attractive restent des arguments forts en faveur des petites et moyennes capitalisations européennes.
Par Frédéric LEJOINT
La plupart des fonds investis sur les petites et moyennes capitalisations européennes sortent d’une passe très difficile, avec des performances annualisées qui ont tourné en moyenne autour de 3% durant les trois dernières années, et 4% durant la dernière décennie. « Cette sous-performance au cours des dernières années s’explique par des raisons structurelles, avec plusieurs événements (Covid-19, guerre en Ukraine) qui ont provoqué un désenchantement envers les classes d'actifs considérées comme plus risquées », souligne Cristina Matti (Head of European Small and Mid Cap chez Amundi ).
La mauvaise performance entre 2022 et 2024 s’explique en grande partie par un taux directeur de la Banque Centrale Européenne qui a lourdement pesé sur leur performance, les petites et moyennes capitalisations étant traditionnellement des entreprises plus endettées et plus fragiles. La focalisation des flux sur les grandes actions technologiques américaines a également contribué au relatif désintérêt des investisseurs pour ce segment du marché.
Amélioration
Le segment affiche un rebond moyen de 8% depuis le début 2025, dans un contexte qui est devenu beaucoup plus favorable aux valeurs européennes avec une activité domestique relativement peu exposée à la problématique des droits de douane. En 2025, de nombreux éléments qui avaient pesé sur la performance des petites et moyennes capitalisations européennes se sont considérablement allégés. En outre, les valorisations restent encore très largement raisonnables sur cette classe d’actifs.
« La baisse des taux devrait se traduire par un environnement économique plus dynamique, qui devrait soutenir notre classe d’actifs », confirme Cristina Matti ( Amundi ). « La décote affichée actuellement est un événement qui se produit rarement (2000, 2007-2008), et c’est généralement un bon moment pour entrer sur les petites et moyennes capitalisations ». Cette décote limite également le potentiel de baisse par rapport aux autres classes d’actifs.
« La performance de ce segment est souvent impactée par les périodes de croissance économique, lorsque la visibilité est bonne et que les investisseurs acceptent de prendre plus de risques », indique pour sa part Frédéric Doussart (Co-gestionnaire du fonds ODDO BHF Avenir Europe). « L’impact à court terme d’une baisse des résultats est souvent plus difficile à digérer que pour les grandes capitalisations ».
Viser la qualité
Au niveau de leur stratégie d’investissement, la plupart des gestionnaires privilégient des actions de qualité, c'est-à-dire disposant d’une rentabilité élevée et soutenable sur leurs capitaux, avec des barrières à l’entrée et une situation financière saine. « Nous investissons sur des groupes qui sont créateurs de valeur quel que soit l’environnement conjoncturel, et uniquement sur celles disposant d’un vrai avantage concurrentiel et d’une position de leadership au niveau mondial », constate Frédéric Doussart (ODDO BHF Asset Management), « avec une forte génération de flux de trésorerie et une capacité d’autofinancement. Un autre facteur à prendre en considération sur le segment est la liquidité des différents titres en portefeuille, afin de ne pas être contraint de vendre les titres que vous appréciez le moins lors des phases de volatilité plus importante ».
« Notre stratégie est concentré sur des valeurs de grande qualité, disposant d’une forte visibilité sur la croissance future de leurs résultats, indépendamment du cycle macroéconomique, de plus en plus imprévisible » souligne Stéphanie Bobtcheff (gestionnaire du fonds Echiquier Agenor SRI Mid Cap Europe). « En cas d’amélioration de la situation macroéconomique en Europe, les valeurs du portefeuille les plus sensibles à la conjoncture pourraient surprendre positivement ».
Sélection de titres
Au vu des différences de performances entre les différents fonds, un autre critère important semble être la capacité de sélectionner des valeurs individuelles sur un segment généralement peu couvert par les analystes. « Il faut être proche des directions, d’autant que ces entreprises sont généralement peu couvertes par les analystes, ce qui entraîne parfois une mauvaise appréciation de leurs perspectives de croissance », indique encore Cristina Matti ( Amundi ).
« En raison de la forte dispersion de performance qui le caractérise, le marché des small et mid caps reste un vivier remarquable pour la sélection de titres », souligne Stéphanie Bobtcheff (La Financière de l’Echiquier). « Les perspectives de croissance bénéficiaires supérieures couplées au cycle d’assouplissement monétaire de la BCE devraient alimenter un regain d’intérêt durable ce segment du marché ».
Leader incontesté
En termes de performance, DNCA Invest Archer Mid-Cap Europe continue de faire course en tête, avec des performances annualisées historiques largement en avance de ses concurrents, et avec également une des meilleures progressions depuis le début 2025. Ce fonds affiche une notation cinq étoiles chez Morningstar, avec une approche plus « value » que la moyenne des autres fonds, qui s’accompagne d’une volatilité plus faible que tous les autres fonds grâce à une sélection d’entreprises présentant d’excellents fondamentaux et de solides perspectives.
« Durant le mois d’avril, les marchés ont absorbé les revirements de l’administration américaine sur les droits de douane, tandis que les résultats des entreprises sont ressortis globalement conformes aux attentes, même si les directions ont préféré rester vagues dans leurs objectifs pour le reste de l’année », souligne Don Fitzgerald (gestionnaire du fonds). « Dans ce contexte incertain, notre exposition sur le secteur la défense a constitué un facteur déterminant pour notre surperformance, au vu de la croissance des budgets militaires en Europe ».
