Navbar logo new
Traversée prudente
Calendar10 Jun 2025
Thème: Fixed Income
Maison de fonds: AXA

Par Gilles Moëc, AXA Group Chief Economist et Head of AXA IM Research

- Il semble plus difficile que prévu pour la BCE de dépasser le taux neutre. Nous pensons toutefois qu’elle y parviendra à terme.
' - Le rapport sur l’emploi de mai n’apporte pas de signal décisif
- Le retour en arrière énergétique des États-Unis ( "renversement de la transition énergétique") n'encourage pas l’investissement

La résistance du Conseil des gouverneurs de la BCE à tout nouvel assouplissement monétaire, alors que le taux directeur a été abaissé à 2 %, est plus forte que prévu. C’est ce qui ressort principalement de la conférence de presse de la semaine dernière. Les dernières prévisions et la persistance d’une inflation inférieure à l’objectif laissent peu de marge face à d’éventuels chocs. Nous continuons à anticiper de nouvelles baisses de taux, mais les données devront désormais être plus convaincantes. Nous pensons que ces baisses interviendront en septembre et décembre, en lien avec les nouvelles projections, portant le taux de dépôt à 1,5 %, soit 50 points de base de plus que dans notre scénario de base précédent.

Le rapport sur l’emploi publié la semaine dernière a suscité de nombreux commentaires. Il a relancé le débat entre ceux qui y voient les premiers signes tangibles d’un affaiblissement du marché du travail, et ceux pour qui le ralentissement reste trop diffus pour modifier la stratégie de la Fed. Nous nous rangeons plutôt du côté de ces derniers. Certes, certains éléments du rapport méritent attention – notamment le fait que la création d’emplois s’est concentrée en mai dans deux seuls secteurs : la santé et l’action sociale, ainsi que les loisirs et l’hôtellerie. Mais cela ne constitue pas encore la preuve décisive que la Fed attend pour revoir sa position prudente. Les droits de douane ne se sont pas encore stabilisés et leur impact sur les prix et l'activité ne s'est pas encore concrétisé. Il faut encore attendre, malgré la pression de la Maison Blanche en faveur de baisses préventives.

Nous essayons également cette semaine de nous affranchir du diptyque « droits de douane et budget » qui domine le cycle politique américain depuis janvier en nous intéressant au secteur énergétique américain. Dans ce domaine, la Maison Blanche est en train de gagner la bataille des prix, mais cela signifie que les investissements dans l'industrie pétrolière et gazière américaine sont au point mort, comme le suggère l'enquête de la Fed de Dallas. Dans le même temps, l'abrogation d'une grande partie de l'IRA va frapper les investissements dans l'électrification et les énergies renouvelables. La « Energiewende inversée » américaine ne contribue pas à relever le stock de capital global des États-Unis.