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Où est passée l’inflation ?
Calendar16 Jun 2025
Thème: Macro
Maison de fonds: AXA

Par Gilles Moëc, AXA Group Chief Economist et Head of AXA IM Research

- L’escalade au Moyen-Orient ajoute une couche supplémentaire d’incertitude
- L’inflation américaine reste modérée. La transmission des droits de douane pourrait être plus lente qu’en 2018-2019
- Waller expose solidement l’argument “colombe” pour la Fed – mais ce n’est pas pour tout de suite : la Fed devrait maintenir une posture d’attente

Le Comité fédéral de l’open market (FOMC) se réunit à nouveau cette semaine, dans un contexte d’incertitude qui n’a guère changé depuis le mois dernier. Certes, la confrontation commerciale a laissé place à des discussions – dont l’issue demeure floue – mais, dans le même temps, la montée des tensions au Moyen-Orient remet en question l’un des rares vents favorables qui soutenaient encore récemment l’économie mondiale : la baisse des prix du pétrole. Nous surveillons de près deux paramètres pour évaluer le risque d’un choc pétrolier prolongé : la position des États du Golfe – en particulier de l’Arabie Saoudite – concernant l’offre de pétrole, ainsi que la probabilité de perturbations dans les flux pétroliers transitant par le détroit d’Ormuz. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions, mais dans l’ensemble, le risque semble, à ce stade, contenable.

Sans ces chocs exogènes – tarifs douaniers et pétrole – on pourrait considérer que la Fed a mené à bien le cycle de politique post-pandémique, pour reprendre l’expression utilisée par Christine Lagarde à propos de la BCE il y a deux semaines. L’indice des prix à la consommation de mai aux États-Unis s’est révélé particulièrement encourageant. Il devient surprenant qu’aucun signe tangible de l’impact des tarifs ne soit encore visible, étant donné que même les prix des biens manufacturés de base sont restés sages, semblant contredire l’évaluation initiale de la Fed lors de la première guerre commerciale de 2018-2019, à savoir une transmission rapide. Une différence clé cette fois-ci réside dans le niveau de préparation bien plus élevé des acteurs économiques américains. La constitution de stocks pourrait retarder la transmission de l’effet tarifaire.

Même si la reconduction de la posture attentiste de la Fed est très probable cette semaine, le graphique à points (dot plot) du FOMC pour 2026 et 2027 pourrait révéler des divergences entre membres, avec l’apparition de blocs “faucons” et “colombes”, partagés sur le risque de persistance de l’inflation aux États-Unis. Nous analysons en détail le récent discours de Christopher Waller, qui défend de manière convaincante une approche plus souple. Certains de ses arguments sont séduisants, mais la politique actuelle de durcissement en matière d’immigration affaiblit son point de vue sur la normalisation de l’offre de travail aux États-Unis. Par ailleurs, ses positions sont surtout pertinentes pour le taux terminal – la possibilité que la Fed aille jusqu’à une politique accommodante – plutôt que pour l’orientation monétaire des prochains mois.