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Une boule de neige qui grossit
Calendar23 Jun 2025
Thème: Macro
Maison de fonds: AXA

par Gilles Moëc, AXA Group Chief Economist and Head of AXA IM Research

La crise au Moyen-Orient s'est encore aggravée, avec l'implication directe des États-Unis. À court terme, la réaction des marchés dépendra de l'ampleur de la réponse de Téhéran. Il n'existe aucune option acceptable pour des représailles massives, et un calcul rationnel aboutirait, tout bien considéré, à une réaction limitée de la part de l'Iran. Cependant, les scénarios à moyen et long terme sont beaucoup plus diversifiés. Selon l'analyse d'Ilan Goldenberg dans Foreign Affairs, Téhéran pourrait considérer que le rapport coût/bénéfice du programme nucléaire a changé et qu'il est temps de réorienter sa politique en coopérant pleinement avec les institutions internationales et en détendant ses relations avec Israël et les États-Unis. Dans son scénario pessimiste, cependant, les partisans de la ligne dure l'emporteraient et estimeraient que la poursuite du programme est la meilleure chance de préserver le régime. Cela obligerait probablement les États-Unis à s'engager durablement, c'est-à-dire à s'éloigner encore davantage des préférences isolationnistes de D. Trump.

Les premières indications du marché dimanche soir laissaient entrevoir un léger raffermissement du dollar. Nous voudrons voir au-delà de cette réaction instinctive et déterminer si la tendance observée la semaine dernière, où les actifs américains n'ont pas bénéficié du mouvement habituel de « fuite vers les valeurs refuges », se maintiendra. Cela pourrait s'expliquer en partie par les inquiétudes du marché concernant l'orientation générale de la politique américaine. Le Sénat a modéré certains aspects du projet de loi de la Chambre des représentants, notamment la section 899, mais il est encore difficile de savoir si le texte final sera très différent de la version initiale en termes de viabilité budgétaire.

De l'autre côté de l'Atlantique, nous nous intéressons à la politique monétaire suisse. À notre avis, il est essentiel de noter que la résilience des exportations face à l'appréciation de la monnaie, un atout majeur de la Suisse, ne peut justifier une négligence bienveillante à l'égard des questions de change, car même les économies fortes ne peuvent ignorer la déflation. La zone euro ne peut même pas nécessairement compter sur une telle résilience des exportations. En fait, les « données en temps réel » basées sur l'activité des ports maritimes indiquent déjà une faiblesse des exportations au deuxième trimestre.