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Touché, mais pas coulé
Calendar28 Jul 2025
Thème: Investir
Maison de fonds: Pictet
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Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser Pictet Asset Management.


Est-ce la fin de l’exceptionnalisme américain ? Nous en doutons. Le biais géographique structurel reste défavorable à l’Europe, malgré des phases de rebond cyclique. Le narratif sur les valorisations relatives peut séduire. Mais les ancrages macroéconomiques de long terme continuent de s’effriter en Europe : la croissance potentielle décline, le retard structurel dans les secteurs à forte intensité technologique demeure et le cadre fiscal et réglementaire est toujours défavorable.


En outre, ce qui était reproché aux actions américaines fin 2024, à savoir une forte concentration de la performance autour de quelques entreprises, est aussi une réalité européenne. Sur le premier semestre 2025, 80% de la performance du STOXX 600 a été générée par le secteur financier et celui des biens d’équipement (essentiellement la défense). 37% du marché européen est responsable de 80% de la performance totale. Les 63% restants ne progressent que de +2,7%...avec des perspectives de baisse des résultats par action, notamment en raison de la force de l’euro*.


En parallèle, les lois économiques soutiennent la surperformance américaine à long terme : pricing power adossé à des positions oligopolistiques, CAPEX soutenus et orientés vers les relais de croissance comme l’IA, profondeur du marché américain, marges et ROIC supérieurs etc.


La thématique de la renaissance européenne a beaucoup a fait beaucoup d’émules au cours des deux premiers trimestres. Elle fait légitimement rêver les Européens. Mais la réalité est différente. L’environnement actuel favorise toujours structurellement les actions américaines. Pour qu’il y ait une rotation durable vers l’Europe, il faut un catalyseur macroéconomique ou géopolitique clair qui est absent, pour l'instant.


À surveiller


  • Le découplage du prix des matières premières. C'est le cas pour le cuivre, par exemple. Les contrats à terme à trois mois sont 25% plus chers à New York qu’à Londres. C’est une anomalie de marché. Historiquement, les prix étaient peu ou prou identiques aux quatre coins du globe. Comment expliquer ce changement ? Le protectionnisme américain y est pour quelque chose. Mais il y a un autre facteur plus important à prendre en compte. Lors de son discours de Munich du 15 février 2025, le vice-président américain, J.D. Vance, a indiqué que les États-Unis cessent d’être les gendarmes du monde. S’ils doivent intervenir - par exemple pour assurer la sécurité du transport maritime de cuivre - cela suppose une contrepartie financière. Depuis, les prix des matières premières divergent massivement à travers le monde. Tous les pays sont, en outre, incités à constituer des stocks stratégiques, ce qui amplifie le phénomène.


Vous ne l’avez pas lu dans la presse


On nous demande souvent quelle place le Bitcoin peut avoir dans une allocation d’actifs. Nous sommes systématiquement prudents. Pourquoi ? Car c’est un marché très volatil, imprévisible et concentré autour de quelques grands acteurs. Prenons la séance du 14 juillet. En l’espace de 60 secondes, des positions vendeuses sur le Bitcoin ont été liquidées pour 1,3 milliard de dollars, sans qu’il y ait eu d’annonce macroéconomique ou une nouvelle de marché justifiant une telle décision. Dans la foulée, le prix de la monnaie virtuelle est passé de 120,000 dollars à 121,000 dollars. C’est un actif spéculatif.


*Données Bloomberg du 15 juillet 2025