Ronald Temple, Chief Market Strategist chez Lazard
Les marchés évaluent à seulement 3 % la probabilité d’une baisse de taux de 25 points de base par la Fed ce mercredi, et anticipent une détente totale de 44 points de base d’ici la fin de l’année. Pour ma part, je continue de penser qu’il est peu probable que la Fed baisse ses taux en 2025.
![]() Ronald Temple |
J’attends avec attention les chiffres de l’emploi attendus la semaine prochaine. Je pense en effet qu’il existe une réelle possibilité que le taux de chômage aux États-Unis ne progresse pas significativement, en dépit d’un net ralentissement de l’activité économique et de la croissance de l’emploi. Selon moi, la forte accélération des expulsions déjà en cours, combinée à l'effondrement de l'immigration depuis le début de l'année, pourrait faire baisser considérablement le seuil de créations d’emplois mensuelles nécessaires pour stabiliser le chômage. Dans le passé, lors d'une année normale en matière d'immigration, les États-Unis devaient créer environ 130 000 à 140 000 emplois par mois pour maintenir un taux de chômage stable. En 2023, une année marquée par une immigration exceptionnelle, la croissance de l'emploi aux États-Unis s'est élevée en moyenne à 216 000 emplois par mois, et pourtant le taux de chômage est passé de 3,5 % à 3,8 %. D'ici la fin de 2025, je m'attends à ce que la croissance mensuelle de l'emploi non agricole chute à 50 000 créations d'emplois ou moins, mais malgré cette baisse, le chômage pourrait rester compris entre 4,0 % et 4,5 %.
Dans le même temps, je m'attends à ce que l’indice des prix à la consommation (CPI) reprenne pour atteindre 4 % ou plus début 2026. Si ce scénario se concrétise, il sera difficile d’imaginer la Fed assouplir sa politique monétaire dans un contexte d’inflation persistante et de plein emploi.