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Lorsque les obligations descendent la courbe des taux
Calendar29 Aug 2025
Thème: Fixed Income
Maison de fonds: Flossbach

La BCE baisse ses taux d'intérêt, ce qui se répercute également sur les comptes d'épargne traditionnels. Mais cela n'est pas nécessairement une mauvaise nouvelle pour les investisseurs, estime Dominik Schulz, de Flossbach von Storch.

De nombreux épargnants n'en croient pas leurs yeux lorsqu'ils consultent les offres d'épargne des banques. Depuis un an et demi, les conditions proposées par la plupart des établissements se détériorent rapidement : pour les dépôts au jour le jour et les dépôts à terme à court échéance, il est désormais de plus en plus courant de voir des taux d'intérêt avec un zéro devant la virgule décimale.

Il serait toutefois trop simpliste de rejeter toute la responsabilité sur sa banque locale. En fin de compte, les conditions générales des comptes d'épargne ne font que refléter l'évolution des taux d'intérêt. Le cadre, en particulier pour les échéances courtes, est fixé par la Banque centrale européenne (BCE), qui n'a cessé de baisser ses taux ces derniers temps.

Contrairement à la partie courte de la courbe, les taux d'intérêt pour les échéances plus longues sont nettement plus élevés. Toutefois, cela ne profite pas aux épargnants qui dépendent des comptes traditionnels rémunérés à court terme, mais principalement aux investisseurs qui investissent dans des obligations à plus longue échéance.

Normalisation du marché des taux d'intérêt

Les investisseurs ont récemment observé le retour d'une « courbe de rendement normale ». La théorie qui sous-tend ce phénomène est que les investisseurs (ont le droit d'exiger) des rendements plus élevés pour les échéances longues que pour les échéances courtes, en guise de prime pour le risque supplémentaire lié au taux d'intérêt et à l'inflation pendant la durée du placement.

À première vue, ce principe semble logique et simple. Quiconque engage des capitaux pour une période plus longue, et renonce ainsi à une consommation immédiate, s'attend à être rémunéré de manière adéquate. C'est la théorie. Dans la pratique, cependant, cette corrélation ne se vérifie pas toujours.

Cela apparaît clairement dans la courbe des taux, qui représente graphiquement les rendements attendus pour différentes échéances. Comme le montre le graphique ci-dessous, au début de l'année, les rendements des obligations allemandes à court terme étaient supérieurs à ceux des obligations à plus longue échéance.

Yield curve

Cette courbe des taux « inversée » reflétait les anticipations des acteurs du marché selon lesquelles la BCE allait encore réduire ses taux d'intérêt compte tenu de la baisse des taux d'inflation et des perspectives économiques moroses. Les anticipations du marché concernant les mesures de la banque centrale se reflètent principalement dans la partie courte de la courbe. Pour les échéances plus longues, d'autres effets entrent en jeu, notamment une offre potentiellement plus importante d'obligations ou une détérioration de la solvabilité de l'émetteur à long terme.

Toutefois, avec les baisses de taux d'intérêt décidées par la BCE, la courbe des taux revient à sa forme habituelle. Les échéances plus longues promettent désormais des rendements plus élevés que les échéances plus courtes. C'est une bonne nouvelle pour les investisseurs à long terme qui souhaitent diversifier leurs actifs.

Comment les investisseurs en bénéficient

La pente de la courbe des taux permet d'exploiter un potentiel de rendement supplémentaire grâce à une gestion active du portefeuille obligataire. Cela s'obtient grâce à ce que l'on appelle « l'effet roll-down ». Ce terme décrit comment, dans une courbe des taux normale (à la hausse), il est possible de réaliser un gain de prix en détenant des obligations à plus longue échéance.

Cela se produit lorsque l'obligation « roule » vers le bas de la courbe des taux vers des échéances plus courtes au fil du temps. À mesure que la durée restante diminue, le rendement diminue – en supposant une courbe des taux stable – ce qui entraîne à son tour une hausse du prix de l'obligation.

En chiffres : si une obligation à 10 ans offre actuellement un rendement de 2,8 %, alors après un an, son prix doit être celui d'une obligation comparable sur le marché avec une durée résiduelle de neuf ans (en supposant un rendement de seulement 2,5 % en raison de la durée plus courte). Pour que cela se produise, le prix de l'obligation doit augmenter. Pour le détenteur initial de l'obligation à 10 ans, cela se traduit par un gain de prix.

Mais qu'est-ce que cela signifie concrètement ?

Le graphique suivant montre le rendement attendu d'une obligation allemande à 10 ans. Il illustre l'impact important de l'effet roll-down au cours des premières années. Le rendement réel au cours des quatre premières années dépasse clairement le rendement attendu, réparti de manière uniforme sur toute la durée. ​ Il est important de noter que sur toute la durée, le rendement total serait bien sûr le même.

10 year yield curve germany

Si un investissement est conservé jusqu'à son échéance, les gains de cours intermédiaires auront disparu au moment du remboursement et l'investisseur recevra simplement le rendement stable offert au départ. Une gestion active est donc nécessaire. Par exemple, l'obligation pourrait être vendue après environ quatre ans et réinvestie dans une obligation à 10 ans nouvellement émise. Si la courbe des taux reste inchangée, l'effet de roll-down peut être utilisé une nouvelle fois, ce qui permet d'obtenir un rendement effectif plus élevé que ne le suggère le rendement du coupon uniformément réparti de l'obligation.

L'effet de roll-down peut donc générer un rendement global plus élevé que les stratégies d'investissement qui reposent exclusivement sur l'« appariement des durées », c'est-à-dire la détention du coupon jusqu'à l'échéance. Dans le contexte actuel, il est donc judicieux d'investir activement dans des obligations dont l'échéance est plus longue que l'horizon d'investissement réel.

Qu'est-ce que cela signifie pour les investisseurs ?

Même si la baisse des taux d'intérêt sur les dépôts à terme et les fonds au jour le jour est actuellement perçue de manière plutôt négative par de nombreux épargnants, il est clair que la normalisation de la courbe des taux peut également offrir des opportunités. Pour les obligations, la pentification de la courbe des taux par rapport au début de l'année a ramené une autre source de rendement. C'est une bonne nouvelle, en particulier pour les investisseurs défensifs, car les obligations restent une classe d'actifs attractive.