
Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser Pictet Asset Management.
La Chine fait partie des marchés qui tirent leur épingle du jeu cette année. Le Shanghai Composite est en progression de +15,7% depuis janvier – renouant avec ses points hauts historiques. Pourquoi cette embellie chinoise ? Des niveaux de valorisation attrayants. Toutefois, ce n’est en rien nouveau. Par le passé, ça ne s’est pas systématiquement traduit par une hausse boursière. Encore une fois, les fonds spéculatifs sont responsables. Début août, ils ont été précurseurs en achetant des actions chinoises pour des montants records. Comme toujours, les autres acteurs ont suivi le mouvement. Les achats se portent essentiellement sur deux segments : la tech et les valeurs bancaires et financières. Les fonds cherchent à miser sur la prochaine étape de l’IA qui risque de se jouer en grande partie en Chine. Les États-Unis ont une avance incontestable et incontestée dans les algorithmes d’apprentissage, les LLMs. En revanche, c’est la Chine qui possède pour le moment le leadership dans la robotique – résultat de sa stratégie « Made in China 2025 ».
Prenons les réducteurs harmoniques. C’est une pièce industrielle relativement simple en apparence mais compliquée à construire qui permet de transmettre le mouvement. On en a besoin pour les robots, les machines-outils et les systèmes aérospatiaux. Sa fabrication nécessite une précision micrométique. Deux solutions : la dextérité d’une main humaine à un coût raisonnable – ce qui est presque impossible – ou recourir à des machines. Deux acteurs dominent 95% du marché mondial : l’allemand Harmonic Drive et le japonais Sumitomo. Plus pour longtemps. Ils doivent faire face à une concurrence accrue de nouveaux entrants chinois, comme Green Hamonic qui produit des réducteurs harmoniques aux performances équivalentes à celles des deux géants mais à un coût 30 à 50% inférieur. En l’espace de quelques années, l’entreprise basée près de Shanghai a raflé 30% du marché chinois et envisage désormais de se lancer à l’international. Ce ne serait pas la première fois que des entreprises chinoises parviennent, en un temps record, à évincer des acteurs historiques. C’est ce qui est en train de se passer au niveau de la robotique et c’est ce qui explique l’intérêt des fonds spéculatifs pour les actions chinoises. Un intérêt certainement durable.
À surveiller
Cette semaine est particulièrement calme sur le front économique. En Asie, elle sera marquée par la traditionnelle période férié en Chine qui dure jusqu’au 08 octobre. Cela signifie que la liquidité sur le yuan est faible. Côté américain, peu de statistiques. L’indice de confiance du consommateur américain publié par l’Université du Michigan est à surveiller. Attention toutefois, depuis la Covid, ce n’est plus un indicateur avancé fiable de l’économie américaine. En cause, un faible taux de réponse.
Vous ne l’avez pas lu dans la presse
Dédollarisation, quelle dédollarisation ? Selon les derniers chiffres de la Banque des Règlements Internationaux, la part du dollar dans les réserves de change était à 57,74% au T1 2025 contre 57,79% au T4 2024. Pas d’effet Trump négatif sur le billet vert. La part de l’euro était stable autour de 20% tandis que celle du yuan baissait à 2,12%. Voilà !