![]() Chrstoph Berger |
L’année 2025 s’annonce jusqu’à présent solide pour les marchés actions, malgré les vents contraires liés à la montée des tensions commerciales et aux risques géopolitiques. Toutefois, le rallye de l’or et la forte baisse du dollar américain indiquent que les investisseurs demeurent prudents face au risque. À mesure que l’attention se tourne vers 2026, l’optimisme grandit en Europe, porté par une reprise cyclique, une politique monétaire accommodante et un stimulus budgétaire croissant, notamment en Allemagne. Ces facteurs devraient permettre à l’Europe de réduire temporairement l’écart de croissance avec les États-Unis et ainsi favoriser une meilleure performance des actions européennes. C’est l’analyse de Christoph Berger, CIO Equity Europe chez Allianz Global Investors.
Des marchés actions en forte progression
Les marchés actions ont enregistré une performance remarquable cette année. L’indice Stoxx 600, libellé en euros, affiche une hausse de 13 %, tandis que les indices MSCI World, S&P 500 et MSCI Emerging Markets – tous libellés en dollars – progressent respectivement de 19 %, 17 % et 30 %. Pour les investisseurs européens, le tableau est toutefois moins reluisant : l’appréciation de l’euro face au dollar a amputé les rendements étrangers d’environ 12 %. En monnaies locales, ce sont surtout les marchés européens et émergents qui se distinguent comme les grands gagnants de l’année.
Le rallye de l’or
Malgré ces solides performances, les risques persistent. L’or – valeur refuge traditionnelle en période d’incertitude – connaît une impressionnante envolée, avec un rendement supérieur à 50 % en dollars américains. Cette hausse s’explique principalement par la diversification des réserves de change des banques centrales, la volonté de réduire leur exposition aux actifs libellés en dollars, les inquiétudes sur la soutenabilité de la dette américaine, les baisses de taux renouvelées de la Réserve fédérale et la persistance des tensions géopolitiques. À l’inverse, le prix du pétrole s’inscrit en baisse, en raison d’une offre accrue – l’OPEP+ n’augmentant que modérément sa production – et de doutes persistants quant à la vigueur de l’économie mondiale.
Des incertitudes persistantes, mais une vision positive
L’économie mondiale semble jusqu’ici absorber sans heurts majeurs les droits de douane instaurés par le président Donald Trump. Cependant, l’incertitude entourant la politique commerciale américaine continue de peser sur la croissance mondiale. Dans ce contexte, nous restons positifs à court et moyen terme sur les actions européennes. Les perspectives de bénéfices des entreprises s’améliorent, et les indicateurs avancés – tels que les indices des directeurs d’achat (PMI) – signalent une expansion continue. Cela s’explique par une politique monétaire accommodante et un soutien budgétaire ciblé, en particulier en Allemagne. Nous considérons dès lors les éventuelles corrections de marché comme des opportunités d’achat attrayantes.
2026 : une accélération attendue de la croissance bénéficiaire en Europe
Nous arrivons à la fin de la saison des résultats, la majorité des entreprises composant le Stoxx 600 ayant déjà publié leurs chiffres. Les résultats apparaissent mitigés, et les prévisions de bénéfices ont été légèrement révisées à la baisse. Les analystes n’intègrent toutefois pas encore pleinement l’impact négatif d’un dollar affaibli sur les entreprises européennes, dont environ un quart du chiffre d’affaires provient des États-Unis.
Mais le plus important reste à venir. En 2026, la croissance des bénéfices des sociétés européennes devrait s’accélérer pour atteindre environ 12 %, grâce à l’atténuation de la pression des changes, à la réduction de l’impact des droits de douane américains et à l’amélioration du contexte macroéconomique. L’écart de croissance avec les actions américaines – dont la hausse des bénéfices est estimée à 14 % – devrait donc se réduire, marquant un tournant après plusieurs années de domination des marchés américains.
Des valorisations attractives
Bien que les actions européennes aient surperformé leurs homologues américaines cette année en monnaie locale, leurs valorisations demeurent attrayantes. Le MSCI Europe se négocie actuellement à un ratio cours/bénéfice de 14,9 x, contre 22,5 x pour les États-Unis – soit une décote de 34 %, bien supérieure à la moyenne historique de 19 %. Les petites et moyennes capitalisations offrent en particulier des opportunités : elles bénéficient davantage de la baisse des taux, sont plus orientées vers les marchés domestiques et donc moins exposées aux risques de change et de tarifs douaniers.
La position des investisseurs sur les actions européennes reste par ailleurs encore faible. Une reprise économique visible ou une accalmie géopolitique – par exemple des avancées dans le conflit en Ukraine – pourrait agir comme un catalyseur positif majeur. Compte tenu de la combinaison entre valorisations attractives, amélioration des perspectives bénéficiaires et sous-pondération persistante des marchés européens, les perspectives à long terme pour les actions européennes demeurent favorables.



