Cinq messages clés sur la stratégie d'investissement
Indosuez Wealth Management trace les grandes lignes d’une nouvelle année d’investissement placée sous le signe de la « recalibration ». Les actifs risqués conservent leur attrait, avec une préférence affirmée pour les actions. Les entreprises renouent avec l’investissement, faisant émerger des opportunités ciblées dans l’intelligence artificielle, l’électrification, les PME, les actifs réels et les infrastructures. Parallèlement, les marchés émergents – avec l’Asie en tête – gagnent en dynamisme, tandis que la perspective de surprises positives plaide pour une flexibilité importante dans la gestion des portefeuilles. Enfin, les investisseurs ont tout intérêt à rechercher un juste équilibre, fondé sur la diversification, l’or, la dette d’entreprises et une exposition plus limitée au dollar.
Commencer l’année avec une vision stratégique articulée est un avantage décisif pour tout investisseur. D’abord, cela permet de prendre du recul face à la volatilité des marchés et de distinguer les tendances durables des mouvements conjoncturels. Ensuite, une stratégie claire favorise la discipline dans les décisions d’investissement, en évitant les réactions émotionnelles aux événements de court terme. Elle offre également un cadre pour allouer les ressources de manière cohérente, en fonction des convictions fondamentales. Enfin, elle facilite le dialogue entre les parties prenantes – gestionnaires, clients, analystes – en créant un langage commun autour des objectifs et des risques.
Dans l’édition 2025 de notre Global Outlook intitulé « Un monde en transformation », nous mettions en lumière les transformations structurelles qui devaient, selon nous, marquer les marchés financiers en 2025. Nous avions articulé notre vision autour de cinq messages stratégiques clés : (1) la poursuite du cycle d’assouplissement monétaire malgré des retards dans les baisses de taux ; (2) la résilience exceptionnelle des États-Unis portée par l’innovation et la profondeur de leurs marchés ; (3) le rôle moteur de l’intelligence artificielle et de l’électrification dans la croissance future ; (4) l’émergence de l’ASEAN dans un contexte de réforme chinoise ; et enfin, (5) la pertinence des portefeuilles multi-actifs pour conjuguer performance et résilience. Ces messages ont servi de boussole pour notre gestion tout au long de l’année 2025.
L’année 2025 a démontré la valeur d’une telle approche. Les cinq messages stratégiques formulés en amont ont permis d’anticiper les grandes dynamiques de marché : une bonne année pour les marchés actions, notamment aux États-Unis ; le regain d’intérêt pour les obligations à maturité intermédiaire ; l’essor des investissements dans l’IA et les infrastructures électriques ; et la montée en puissance des économies asiatiques. En intégrant ces convictions dans des portefeuilles diversifiés, les investisseurs ont pu capter les opportunités tout en maîtrisant les risques. Ce succès souligne l’importance de commencer chaque cycle d’investissement avec une vision claire, fondée sur une lecture rigoureuse des enjeux macroéconomiques et géopolitiques.
Nous nous attelons donc à renouveler l’exercice pour 2026 — une année qui comme le suggère le titre de cette édition – s’annonce une année de recalibrage. Certes l’exercice peut sembler périlleux, mais il n’en demeure pas moins essentiel pour éclairer nos choix d’investissement.
1. Une année propice aux actifs risqués
Bénédicte Kukla souligne que l’environnement macroéconomique mondial reste favorable. La Réserve fédérale américaine devrait poursuivre son cycle de baisse des taux directeurs, contribuant à une politique monétaire globalement accommodante. Parallèlement, la croissance mondiale demeure résiliente, soutenue par la consommation et l’investissement. La position accommodante de la Fed – et la baisse de taux annoncée – exerce une pression baissière sur le dollar, ce qui renforce l’attrait des actifs risqués. Dans ce contexte, nous maintenons une position positive sur les actions, qui devraient bénéficier de conditions financières souples et d’une dynamique économique robuste.
2. Des entreprises qui recommencent à investir
Hans Bevers met en lumière une tendance de fond : après une longue période de sous-investissement depuis la crise financière de 2008, les entreprises renouent avec des projets ambitieux. L’accélération de l’intelligence artificielle, notamment dans sa forme agentique ou autonome, comme l’illustrent Delphine Di Pizio Tiger et Humberto Nardiello, stimule les dépenses dans tous les secteurs. À cela s’ajoute un besoin urgent de modernisation des infrastructures, en particulier dans les domaines de l’énergie, du transport et de la défense. Ces transformations profondes justifient notre positionnement sur les petites et moyennes entreprises, souvent plus agiles et innovantes, ainsi que sur les actifs réels et les infrastructures, comme l’exposent Nicolas Renauld, Remy Pomathios et Matthieu Roumagnac. Nous privilégions également les sociétés qui facilitent l’adoption de l’IA ou qui bénéficient directement des investissements dans la défense. Nous privilégions également les entreprises qui facilitent l’adoption de l’IA ou qui bénéficient directement des investissements dans la défense. Ces deux thématiques soulignent l’importance croissante de l’électrification, qui, envisagée sous l’angle de la sécurité nationale et de l’indépendance énergétique, restera un pilier stratégique central pour 2026 et au-delà, comme l’ont souligné Ophélie Mortier et Fabrice de Sousa.
3. Un environnement favorable pour les marchés émergents
Francis Tan analyse les opportunités offertes par les marchés émergents, notamment en Asie. Le rééquilibrage économique en cours dans la région crée un terrain fertile pour les investisseurs. De plus, la faiblesse du dollar joue un rôle déterminant : elle améliore la solvabilité des emprunteurs locaux endettés en dollars, facilite l’accès au crédit et stimule le commerce international. Les investisseurs étrangers, quant à eux, voient leurs actifs en devises locales s’apprécier, ce qui renforce leur bilan et encourage les flux de capitaux vers ces économies. Ce contexte soutient notre position positive sur les marchés émergents, qui combinent potentiel de croissance et amélioration des conditions financières.
4. Préparez-vous à des surprises positives
Nos dix responsables de la gestion partagent leurs anticipations pour 2026 et la plupart convergent vers une idée centrale : l’année pourrait réserver des surprises agréables. Qu’il s’agisse de rebonds inattendus dans certains secteurs, de percées technologiques ou de résolutions géopolitiques, les signaux faibles sont nombreux. Cette posture d’ouverture à l’imprévu nous pousse à rester flexibles dans nos allocations, tout en gardant une capacité de réaction rapide face aux opportunités émergentes. L’histoire récente nous a confirmé que malgré un contexte géopolitique dont les enjeux pour 2026 restent – comme le démontre Anna Rosenberg – multiples, les marchés peuvent surprendre positivement, et 2025 en a été une illustration.
5. En quête d’équilibre dans les portefeuilles
Enfin, Grégory Steiner, Jean-Marc Turin, Alexandre Gauthy et Adrien Roure insistent sur la nécessité de rechercher un équilibre dans les portefeuilles. Après trois années de forte progression des actifs risqués, il est essentiel de piloter avec finesse. Cela passe par une diversification intelligente, qui privilégie la dette d’entreprises de qualité, l’or comme valeur refuge, et une moindre exposition au dollar. Cette quête d’équilibre permet de conjuguer performance et résilience, en s’adaptant aux évolutions du cycle économique et aux incertitudes géopolitiques et comme l’explique Lucas Meric en tenant compte des attentes des investisseurs.
Conclusion : Une vision stratégique comme levier de performance
L’année 2025 a démontré la pertinence d’une approche stratégique articulée. Les cinq messages clés que nous avions formulés se sont, pour la plupart, concrétisés, offrant aux investisseurs des repères solides dans un environnement complexe. En 2026, cette démarche reste plus que jamais essentielle. Elle permet de structurer les décisions d’investissement, d’anticiper les grandes tendances et de rester agile face aux surprises du marché. Dans un monde de recalibrage, une vision stratégique claire n’est pas un luxe, mais une nécessité pour transformer les incertitudes en opportunités.


