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La diminution de l’attrait de la cotation en bourse risque d’accroître encore les inégalités sociales
Calendar20 Aug 2019
Thème: ESG
Maison de fonds: Schroders

Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à éviter le marché boursier. D’après les spécialistes de Schroders, ce phénomène entraîne un déséquilibre social. Ce dernier peut être évité en prenant trois mesures énumérées dans cet article par le gestionnaire d’actifs britannique.

Grandeur et décadence de la cotation en bourse

Il fut un temps où toutes les entreprises voulaient être présentes sur le marché boursier officiel. Mais les marchés boursiers ont beaucoup perdu de leur attrait au cours des deux dernières décennies. Des sociétés comme Uber , Lyft et Airbnb ont reporté leur introduction en bourse plus longtemps que cela ne se faisait dans le passé. De plus, le nombre de « licornes », ces entreprises privées valorisées à plus d’un milliard de dollars, augmente rapidement.

Les États-Unis représentent la moitié de la capitalisation boursière mondiale. Mais depuis les années nonante, le nombre de sociétés cotées a diminué de près de la moitié. Cette tendance est perceptible plus largement. Au Royaume-Uni, le nombre de sociétés cotées a diminué de 57 %. On observe la même tendance en Amérique latine.

Causes

L’entrée en bourse a perdu de son attrait en raison de l’augmentation des coûts, de la lourdeur des règles applicables et des inquiétudes engendrées par la cotation. Compte tenu du coût peu élevé de la dette et de l’abondance du capital-investissement, les entreprises ont moins besoin de se financer sur les marchés officiels. Avant son introduction en bourse, Alphabet avait attiré 25 millions de dollars de financement privé, tandis que la Chinese Ant Financial a réuni 14 milliards de dollars de fonds privés rien que l’an dernier.

Le particulier privilégie le marché privé

L’on touche ici au cœur du problème. Le marché officiel est, pour l’épargnant particulier, un moyen peu coûteux et simple de participer à la croissance du secteur des entreprises. Le capital-investissement est trop cher et inaccessible pour les investisseurs particuliers. Lorsque les sociétés choisissent de rester sur le marché privé plus longtemps et de reporter leur introduction en bourse, les investisseurs qui ont seulement accès aux marchés officiels sont privés d’une exposition à une grande partie de l’économie. De plus, bon nombre de ces entreprises sont des entreprises à forte croissance dans des secteurs disruptifs. Si les sociétés de qualité évitent les marchés boursiers, la qualité des marchés officiels se détériorera et les rendements y seront inférieurs à ceux des marchés privés.

Dans cette configuration, les « nantis » pourront obtenir un meilleur rendement de leurs investissements sur les marchés officiel et privé, tandis que les « moins nantis » qui ne s’y aventurent pas ou seulement très peu resteront à la traîne. Les coûts, l’accessibilité, l’illiquidité et les risques juridiques jouent tous un rôle à cet égard. Cette évolution risque au bout du compte de contribuer à renforcer les inégalités au sein de la société.

Que faire>

Selon Schroders, trois mesures doivent être prises pour contrer cette évolution :

1. Réduire la différence entre les règles applicables au marché officiel et celles applicables au marché privé Il convient tout d’abord de s’attaquer à la différence entre les règles applicables au marché officiel et celles applicables au marché privé. La réglementation des marchés boursiers devient de plus en plus complexe, longue, difficile à comprendre, spécifique et donc moins généralement applicable. Il faut par ailleurs aussi réfléchir à la manière de réguler les marchés privés.

2. Moderniser la procédure d’introduction en bourse
Ensuite, il y a lieu de moderniser la procédure d’introduction en bourse. Les banquiers d’affaires empochent encore trop d’argent. En moyenne, 7 % du produit des placements va aux banques d’affaires. Des entrées en bourse innovantes comme celles de Spotify et de Slack sont une réaction à ce problème.

3. Démocratiser les actifs privés
Enfin, le secteur doit trouver un moyen de rendre plus accessibles les investissements dans les actifs privés, comme l’infrastructure, le capital-investissement, la dette privée et l’immobilier. Cela pose des défis. Les fonds de placement en capital-investissement, qui promettent des liquidités immédiates, reposent sur des mensonges, a récemment déclaré Mark Carney de la Banque d’Angleterre. Les investisseurs qui souhaitent retirer leur argent de ces fonds ne peuvent pas le faire aussi facilement qu’ils ne le pensent. Les fonds semi-liquides, qui fournissent des liquidités périodiques, peuvent être une solution.

Si ces mesures ne sont pas prises, les spécialistes de Schroders craignent que le déséquilibre au sein de la société ne s’aggrave irrémédiablement.