Ces dernières années, l’investissement factoriel n’a pas vraiment été conforme aux attentes. Lesley-Ann Morgan et Ben Popatial, stratégistes multiactifs chez Schroders, identifient cinq erreurs fréquentes et conseillent les investisseurs sur la marche à suivre.
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Dans l’investissement factoriel, les investissements sont analysés en fonction de ressorts fondamentaux tels que la valeur et la qualité, ou en fonction de facteurs de marché tels que le momentum et la faible volatilité. Cela permet de mieux comprendre les risques du portefeuille et d’identifier les éventuels risques cachés. La croissance explosive des fonds négociés en bourse (FNB) et l’utilisation accrue des produits dérivés ont permis aux propriétaires et aux gestionnaires d’actifs d’acquérir (et de modifier) plus facilement des positions dans des facteurs, secteurs et catégories d’investissement. Mais cela ne signifie pas pour autant que l’investissement factoriel puisse s’utiliser n’importe comment.
Lesley-Ann Morgan et Ben Popatial pointent cinq erreurs fréquentes.
Erreur 1. Les facteurs ne fonctionnent plus
Beaucoup de portefeuilles factoriels ont des performances médiocres parce que la performance d’un marché de petite taille est déterminée par des actions de prix élevé et de faible qualité. La plupart des approches factorielles combinent la valeur et la qualité, mais le rendement ne suit pas parce que le marché réagit autrement que ce que les prévisions à long terme auraient porté à croire. Pour Lesley-Ann Morgan et Ben Popatial, l’explication est à chercher dans l’encombrement et la capacité. Il est question d’investissement encombré (« crowded trade ») lorsqu’un trop grand nombre d’investisseurs veulent investir dans des actifs identiques. Malgré l’effet potentiellement positif pour le facteur « momentum », ce phénomène a aussi des implications pour la gestion de risque et l’exposition factorielle. Des problèmes de capacité surviennent lorsque les rendements récents sont inférieurs aux rendements à long terme. Par exemple à la suite d’un arbitrage.
Erreur 2. Trop de facteurs
Dans les années 90, on travaillait avec environ cinq facteurs, tels que la valeur, la qualité, le momentum et la faible volatilité. Aujourd’hui, il y a une palette de plus de 300 facteurs dans lesquels il est possible d’investir. Les spécialistes de Schroders plaident pour la simplicité. Il vaut mieux se limiter à des facteurs qui ont fait l’objet d’analyses et de tests approfondis. L’avantage supplémentaire est une plus grande transparence pour les investisseurs. Un portefeuille multifactoriel ne doit pas être trop concentré. La diversification d’un portefeuille multifactoriel ne diffère pas de la diversification de tout autre portefeuille.
Erreur 3. Ne jouez pas au plus malin en combinant les facteurs
Les facteurs peuvent être combinés en appliquant systématiquement un certain nombre de règles ou une vision personnelle. Comme pour les autres catégories d’actifs, les différents facteurs agissent à des moments différents. Il est donc nécessaire de prévoir une diversification.
Erreur 4. Le contrôle a posteriori était si positif
Les stratégies multifactorielles systématiques utilisent des corrélations du passé basées sur des données relatives au risque et au rendement. Mais ce n’est pas parce que quelque chose a fonctionné dans le passé que cela fonctionnera forcément de la même façon à l’avenir. Les portefeuilles factoriels sont plus souvent sujets à des événements extrêmes que ne l’admet la statistique. Et ces événements peuvent durer plus longtemps que prévu. Les spécialistes de Schroders font remarquer que les facteurs peuvent changer. La valeur est souvent liée au cycle et aux marchés boursiers en général. Mais ce n’est pas toujours le cas. Les corrélations peuvent également changer au fil du temps. Les investisseurs doivent agir avec conviction, mais pas avec obstination.
Erreur 5. Un portefeuille de type « factor completion » peut être concurrent plutôt que complémentaire
La popularité des portefeuilles de type « factor completion » tient à la grande variété de FNB factoriels. Le but est d’équilibrer l’exposition du portefeuille aux facteurs, de manière à ce qu’un ou plusieurs facteurs n’y soient pas prédominants. Les investisseurs doivent cependant tenir compte d’un certain nombre d’éléments. Les données sur lesquelles se fonde l’exposition factorielle sont-elles exactes ? Ce qui importe, c’est de savoir si le portefeuille « factor completion » permet réellement de complémenter. Il y a beaucoup de signaux liés à la valeur ou à la qualité. Certains sont plus diversifiants que d’autres. Il importe donc de comprendre les signaux à l’intérieur d’un facteur.
Comment éviter les erreurs
Il est possible d’investir dans des portefeuilles à facteur unique, multifactoriels et de type « completion ». Les avantages sont nombreux, mais il faut éviter les erreurs.