Par Julien-Pierre Nouen, Head of Economic Research & Multi-Assets Investment, Lazard Frères Gestion
Les mesures de restriction liées à l’épidémie de Covid-19 ont entrainé d’importantes pertes d’activité qui ont pesé sur les revenus des ménages. Les revenus salariaux ont ainsi baissé de 11% entre mars et avril, ceux des indépendants de 18%. Le regain d’activité en mai a permis à ceux-ci de rebondir.
![]() Julien-Pierre Nouen |
Dans le graphique ci-dessous, nous estimons le montant des revenus d’activité perdus par rapport à la tendance qui prévalait avant mars. Nous faisons de même pour les transferts nets (prestations sociales moins impôts et cotisations pour résumer), la consommation. Ces montants sont rapportés au revenu disponible moyen des douze mois précédents la crise pour mieux estimer l’ampleur de l’épargne forcée.
Alors que les ménages américains ont épargné environ 8% de leur revenu disponible en 2019, l’« épargne forcée » supplémentaire liée à l’épidémie de Covid-19 s’élevait déjà à près de 4% du revenu annuel à fin mai.

Notre analyse
Si la baisse de la consommation contribue à l’essentiel de cette épargne forcée, on peut constater que pour l’instant les mesures prises par le gouvernement ont plus que compensé la baisse des revenus d’activité. En effet sur les 2,6% d’augmentation des transferts nets, 2,2% peuvent être attribués aux mesures des plans d’aide votés par le congrès. L’envoi des chèques en représente l’essentiel mais l’indemnisation améliorée du chômage monte en puissance.
Maintenant que l’envoi des chèques est bientôt terminé et qu’il ne restera plus que l’indemnisation améliorée du chômage, dans l’attente de nouvelles mesures, la question est maintenant de savoir à quelle vitesse les revenus d’activité vont se normaliser. Après une baisse de 12% entre février et avril, ils ont déjà rebondi de 3% en mai. Néanmoins, si le mouvement prend trop de temps, l’importante épargne forcée permettra de compenser une partie des revenus perdus.