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L'inflation est de retour en Allemagne - transitoire ou structurelle ?
Calendar20 Oct 2021
Thème: Macro
Maison de fonds: MainFirst

Thomas Meier, Portfolio Manager des fonds MainFirst Global Dividend Stars et MainFirst Euro Value Stars

L'augmentation de 4,1 % du taux d'inflation allemand en glissement annuel représente la plus forte hausse depuis 28 ans. Quelles sont les implications structurelles pour les investisseurs ?
Thomas meier
Thomas Meier

Dans de nombreux aspects de notre vie quotidienne, nous nous demandons quelles seront les conséquences de la pandémie de coronavirus à long terme. Les entreprises s'interrogent également. Il y a un constat inflationniste à long terme qui ne peut être évité : la nécessité de diversifier les chaînes d'approvisionnement.

L'une des principales leçons tirées de la pandémie est la vulnérabilité de l'industrie due à la dépendance de la chaîne d'approvisionnement. La mondialisation a entraîné une optimisation massive des chaînes d'approvisionnement, de sorte qu'une multitude de produits intermédiaires ont été, et sont toujours, fabriqués dans les pays où les coûts sont les plus faibles. La méthode logistique du "juste à temps" a permis d'optimiser considérablement les niveaux de stocks, ainsi que le capital investi, pour les réduire au minimum.

Les économies d'échelle dans la production de produits intermédiaires ont rendu possibles des prix modérés et ont assuré une déflation structurelle, induite par la technologie. La pandémie a mis un terme à ce calcul avantageux : la perte de production et l'arrêt du flux de production régulier ont donné des maux de tête à de nombreux acteurs du marché. En raison du manque d'approvisionnement, par exemple en produits intermédiaires venant d'Asie, de nombreuses infrastructures de production sont confrontées à un risque d'immobilisation. La pénurie constante de puces et ses retombées ne sont que la partie visible de l'iceberg.

Comment les entreprises vont-elles réagir à ce choc d'approvisionnement ? D’une part, via la diversification régionale. Une extensibilité moindre et une meilleure capacité de planification entraîneront une augmentation des prix des biens. D'autre part, certaines entreprises augmenteront le capital utilisé en raison de l'accroissement des niveaux de stocks.

Ces deux effets auront un impact négatif sur l'évolution des bénéfices et des marges à court, moyen et long terme, si les entreprises ne sont pas en mesure de répercuter ces hausses de prix sur leurs clients. Les bénéfices sur le capital investi et la création de trésorerie, en particulier, seraient impactés négativement. Par conséquent, les entreprises feront tout leur possible pour répercuter cette inflation des coûts des matières premières.

Cette évolution, qui touche presque toutes les régions et tous les secteurs, contribuera, selon nous, de manière structurelle à l'augmentation de l'inflation.

Qu'est-ce que cela signifie pour les investisseurs ?

D'une part, il faut à nouveau accorder une plus grande importance à la sélection des valeurs individuelles. La question pertinente est la suivante : quelles entreprises peuvent répercuter la hausse des coûts en raison de leur position sur le marché ?

D'autre part, le positionnement stratégique des investisseurs, c'est-à-dire l'allocation des actifs, devient beaucoup plus déterminant. Un regard sélectif sur les possibilités d'investissement d'un placement porteur d'intérêts montre clairement le problème : alors que le rendement d'une obligation allemande à 10 ans était encore supérieur à 6 % il y a 28 ans (la dernière fois que le taux d'inflation de 4 % a été dépassé), il est actuellement de moins 0,2 %. Le défi pour les investisseurs de préserver leur capital en termes réels ne pourrait être plus évident.

Si les hausses de prix énumérées ci-dessus se concrétisent et que leur effet ne se révèle pas transitoire, les questions fondamentales en termes d'objectifs d'épargne devront être entièrement reconsidérées : alors que dans les années 1990, l'accent était mis sur la maximisation des bénéfices sans tenir compte des risques (c'est-à-dire investir ses économies dans le Neuer Markt), deux décennies plus tard, l'accent est mis sur la minimisation des fluctuations (aversion à la volatilité). Le nouveau principe d'investissement sur lequel tout investisseur doit se concentrer est le suivant : avec quelle allocation d'actifs puis-je maintenir mon pouvoir d'achat en termes réels à moyen et long terme ?

Un regard plus approfondi sur la répartition des actifs des Allemands révèle un biais clair en faveur des taux d'intérêt. Il en résulte le risque inhérent d'être fortement affecté par la "taxe spéciale" résultant de l'inflation, même si le taux d'inflation n'est que relativement faible. Cela exige un changement radical de raisonnement : pour pouvoir préserver ses actifs en termes réels, l'investisseur ne pourra pas échapper à une allocation suffisante dans des placements en capital avec un profil rendement/risque plus élevé - en d'autres termes : sans actions, le patrimoine souffrira !