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Interview du mois : « Les marchés n’ont pas capitulé »
Calendar15 Feb 2022

Lfde meet the team

Le début de l’année 2022 a été volatil sur les marchés financiers. Les experts de La Financière de l’Echiquier pointent vers la nécessite de privilégier l’Europe dans les allocations, et de maintenir un bon équilibre entre les actions value et les valeurs de croissance.

A l’occasion de leur webinar du 27 janvier dernier, « Au cœur des marchés », Pierre Puybasset (Porte-parole de la gestion chez La Financière de l’Echiquier) et David Kruk (Responsable du Trading chez La Financière de l’Echiquier) sont revenus sur un début d’année plus difficile que prévu sur les marchés financiers. « La communication de la Fed depuis le début décembre a clairement changé », constate David Kruk , « ce qui a assombri les attentes des marchés avec des taux obligataires qui se sont tendus, avec des rotations très dures, en particulier pour les valeurs technologiques ».

Fragilisation

L’indice Nasdaq a ainsi corrigé de près de 15% depuis le début de l’année, avant de se reprendre durant les dernières séances. « Les marchés n’aiment pas ces conditions de forte volatilité, causées par les achats et ventes de fonds momentum CTA qui achètent lorsque les indices montent, et qui vendent lorsque les indices baissent, ce qui a pour conséquence d’amplifier systématiquement les mouvements ». Cette rotation s’est fait notamment au profit des valeurs bancaires qui sont remontées dans les allocations des investisseurs.

David Kruk souligne que ce n’est pas la première fois qu’une telle rotation se produit. « Nous avons connu cinq phases de rotation depuis le début de l’épidémie, mais le mouvement du mois de janvier est remarquable par sa violence », avec des investisseurs en général touchés en raison de leur forte allocation sur les actions, mais également de la baisse de nombreuses cryptomonnaies.

Pas de capitulation

Pierre Puybasset indique de son côté que l’indice Nasdaq représente assez mal ce qui se passe réellement sur le marché technologique. « L’indice a reculé mais reste sur un niveau élevé, plus de 50% des sociétés du Nasdaq affichent désormais un recul de 50% par rapport à leurs sommets. Plus que la normalisation de la politique monétaire, qui était attendue, la volatilité a été provoquée par la rapidité avec laquelle cette thématique a pris les marchés à la gorge depuis le début de l’année ».

Quel que soit le nombre de hausses pour les taux américains, il va être important que les chiffres pour la croissance économique se maintiennent sur des niveaux soutenus. Si elle se met à ralentir fortement, comme le suggère l’indice Citibank des surprises économiques, cela provoquera forcément un supplément de nervosité sur les bourses, éventuellement accentué par l’émergence de certains risques géopolitiques. Pour le moment, David Kruk pointe que les marchés sont encore loin d’avoir capitulé, avec des entrées qui ont été massives sur les actions durant le mois de janvier. « La reprise des programmes de rachats d’actions dans le courant du mois de février devrait être de nature à redonner un soutien ».

Résultats d’entreprises

Les résultats des entreprises vont désormais être au centre de l’attention, et notamment la manière dont elles vont être en mesure de défendre leurs marges bénéficiaires face aux pressions inflationnistes. « Les premières communications des entreprises pointent sur la persistance d’un impact dans les chaines d’approvisionnement », souligne Pierre Puybasset.

La sortie de la pandémie pourrait coïncider avec un déplacement de la consommation vers le secteur des services, qui est moins inflationniste. « Nous pourrions donc entrer dans un mouvement de décélération des pressions inflationnistes, avec un baril du pétrole qui se normalise », estime encore David Kruk . Au niveau des fonds proposés par La Financière de l’Echiquier, il souligne qu’un rééquilibrage de certains portefeuilles a été effectué vers des actions plus cycliques, en sortant de secteurs dont les valorisations étaient beaucoup trop élevées, notamment dans le secteur de la santé.

Résultats d’entreprises

En février, David Kruk pointe plusieurs éléments qui vont façonner la tendance. « Tout d’abord, nous nous attendons à ce que les membres de la Federal Reserve diffusent des messages plus apaisants afin de permettre aux marchés boursiers de retrouver des couleurs et d’arrêter de pénaliser le pouvoir d’achat des ménages américains ». Il souligne également que la remontée des rendements obligataires doit être vue comme un bon signe économique pour l’économie mondiale.

« Enfin, il y a désormais plus d’intervenants pessimistes, ce qui est beaucoup plus sain ». Le retour des rachats d’actions propres devrait permettre de maintenir un meilleur équilibre, avec des investisseurs qui disposent encore de liquidités importantes. « Deux seules certitudes à l’heure actuelle, : l’Europe devrait surperformer en 2022 et il sera nécessaire de garder un équilibre entre croissance et value dans les portefeuilles. Il faudra toutefois rester attentif à l’évolution des chiffres pour la croissance économique et l’inflation durant les prochaines semaines ».