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« Il faut espérer une résolution rapide du conflit » : Les perspectives économiques et financières : Christofer Govaerts (Nagelmackers)
Calendar25 Mar 2022
Maison de fonds: Nagelmackers
Christofer govaerts
Christofer Govaerts

Christofer Govaerts souligne que le climat actuel n’offre pas beaucoup de protection pour les investisseurs, et que la prolongation du conflit en Ukraine constitue la principale menace qui entraînerait un scénario de stagflation pendant les prochains mois. Le poids des actions européennes a été relevé dans les portefeuilles après la correction de ces dernières semaines.

A l’occasion de notre nouveau point mensuel sur les perspectives économiques et financières, nous avons interrogé Christofer Govaerts, chief economist et président du comité d’investissement auprès de la Banque Nagelmackers. « Il est clair que l’Europe est aujourd’hui dans l’œil du cyclone, et que nous allons subir une forte baisse des attentes pour la croissance macroéconomique durant les prochains mois, plus que dans les marchés émergents ou aux Etats-Unis ».

Resserrements

« Il est tout aussi clair que l’inflation constitue un problème pour la plupart des pays, et j’ai des doutes quant à une modération de la hausse des prix dans le courant de l’année ». Dans ce contexte, le calendrier des banques centrales a été modifié durant les dernières semaines, avec notamment des resserrements du taux direction plus rapides que prévu au niveau de la banque centrale américaine.

« Je m’attends également à un changement de discours au niveau de la BCE, au vu de la hausse des matières premières durant les derniers semaines. L’inflation est une réalité qu’il est aujourd’hui difficile de nier, avec des prix qui sont parfois en hausse de 50 à 70% depuis le début de l’année ». Dans un premier temps, il s’attend à une accélération de la fin du programme de rachat de dette au niveau européen.

Safe haven

Pour les marchés financiers, cette hausse de l’inflation a également été marquée par une disparition des « safe haven » au niveau des obligations gouvernementales. « Les actifs plus risqués (comme la dette à haut rendement ou les obligations émergentes) n’ont également pas offert beaucoup de protection, ce qui rend la tâche difficile pour les gestionnaire d’actifs, notamment pour les portefeuilles mixtes. Les seules stratégies qui fonctionnent encore à l’heure actuelle sont les liquidités, les matières premières et quelques stratégies plus complexes basées sur les produits structurés ».

A plus long terme, Christofer Govaerts estime que l’apparition d’un climat de stagflation serait une très mauvaise nouvelle pour les marchés. « Les moyens de lutter contre un tel environnement économique sont relativement limités. Les politiques monétaires sont en retard, tant aux Etats-Unis qu’en Europe et je crains que les autorités risquent de manquer d’outils dans un contexte où la croissance pourrait ralentir fortement durant les prochains mois. L’Ukraine est un phénomène aggravant, certainement pour les prochains mois ».

Primes de risque

Au niveau de la stratégie d’investissement, il souligne que l’inflation américaine a déjà poussé une modification de l’exposition des portefeuilles durant les dernières semaines. « Nous avons globalement maintenu inchangée notre exposition sur les marchés boursiers, mais nous avons modifié notre allocation régionale pour relever la proportion d’actions européennes ».

Christofer Govaerts souligne néanmoins qu’une prolongation du conflit entre la Russie et l’Ukraine va augmenter le risque d’un contexte de staglation, et d’une révision à la baisse du poids des actions dans les stratégies d’allocation. « J’essaie de rester optimiste, mais la situation actuelle ne pourra pas durer éternellement pour les marchés financiers. Une résolution du conflit durant les prochaines semaines est à espérer pour nos économies. Mais la stagflation reste vraiment de notre worst case scenario pour les marchés financiers d’ici la fin de l’année ».

Volatilité

« La volatilité est très élevée et change tous le temps. En outre, il n’y a pas vraiment beaucoup de visibilité, de sorte qu’il n’existe pas de stratégie qui se démarque dans les conditions de marchés actuelles. Nous faisons beaucoup plus de comités d’investissement de manière irrégulière afin de conseiller nos clients et de nous adapter le plus rapidement possible aux changements qui interviennent dans les marchés ».

Il souligne également que l’exposition sur les obligations est aujourd’hui nettement en dessous de son niveau neutre dans l’allocation stratégique entre les différentes classes d’actifs. « Nous avons donc des liquidités élevées dans les portefeuilles, et nous pourrions encore relever ces positions vers des niveaux plus élevés pour protéger les portefeuilles. Mais nous n’en sommes pas encore là ».