Michael Harris - Head of Private Banking & Wealth Management Nagelmackers

Lundi dernier, l'Allemagne a annoncé qu'elle avait signé un accord avec l'État pétrolier du Qatar comme future alternative à l'approvisionnement en gaz de la Russie. Cela devrait rendre l'Allemagne moins dépendante des approvisionnements en pétrole et en gaz de la Russie. La mauvaise réputation du Qatar en matière de respect des droits de l'homme a été balayée par la délégation allemande avec les mots "nous en sommes conscient"…

À peine une semaine après la première hausse des taux aux États-Unis depuis décembre 2018, le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a déclaré qu'il n'hésiterait pas à augmenter les taux d'intérêt plus fortement si cela s'avérait être le seul moyen de contenir l'inflation. Un marché du travail tendu et une inflation galopante menacent la stabilité des prix, ce qui est préjudiciable à l'économie mondiale. Les bourses ont reçu un petit coup de semonce, mais au final elles ne se sont pas laisser décourager… Bien au contraire : mardi, l'ambiance boursière s'est avérée très bonne. Même après que James Bullard — le président de la Réserve fédérale de Saint Louis — a déclaré que les taux d'intérêts seraient en effet relevés un peu plus rapidement et de manière plus agressive, Goldman Sachs a publié de nouvelles prévisions de hausse des taux d'intérêts de 50 points de base pour chacune des réunions de la Réserve fédérale de mai et juin.

Mais même cela n'a pas fait grande impression : les actions de croissance - qui sont normalement beaucoup plus vulnérables dans un environnement de hausse des taux d'intérêts - se sont fortement redressées. Les actions pétrolières ont légèrement baissé au milieu de la semaine suite à la baisse des prix du pétrole, conséquence de la décision de l'Union Européenne qui n’est pas parvenue à s'entendre à l'unanimité sur l'interdiction totale d’importations du pétrole russe.

Les bourses chinoises se sont également jointes à la fête. L'indice chinois Hang Seng Tech a grimpé de plus de 2 % en une seule journée, grâce à Alibaba et au fabricant de smartphones Xiaomi, qui ont annoncé le lancement d’un programme de rachat d’actions d’une certaine ampleur. De plus, la publication d’un rapport du gouvernement chinois par les médias d'État a créé des attentes de réglementations moins strictes pour les géants chinois de la technologie et les plateformes Internet.

Dans la zone euro, l'indicateur PMI de la production industrielle a diminué à 57 en mars, alors qu'il était de 58 en février. Il s’agit d’un petit revers, mais l’indicateur est dans l'ensemble au-dessus des attentes.

Mercredi a été marqué par l'arrivée en Belgique du président des Etats-Unis, Joe Biden. Il est venu pour assister à trois sommets : le sommet de l'Otan, celui du G7 et celui des 27 Etats membres de l'Union Européenne. A l’ordre du jour figurait la décision de plus de sanctions contre la Russie et des consultations sur la menace d'armes chimiques et nucléaires par la Russie.

Plusieurs dirigeants européens se sont également tournés vers la Chine, qui pourrait jouer un rôle important – peut-être de conciliateur – dans ce conflit. Plusieurs chefs de gouvernement ont exprimé l'espoir que la Chine puisse choisir le bon côté de l'histoire...

Les investisseurs sont apparemment inquiets à ce sujet et ne s'attendent pas à une prise de position claire de la Chine. Ceci est confirmé par l'Institute of International Finance. Il a constaté des sorties de capitaux massives par les investisseurs internationaux au niveau des actions et des obligations chinoises. Moscou pourrait être le principal responsable. Les fonds russes étant bloqués dans de nombreuses banques centrales occidentales, la Russie vendrait massivement ses positions en titres chinois pour reconstituer ses réserves de liquidités.

Vendredi, l'indicateur d'activité allemand IFO était fortement attendu. Cet indicateur «d’humeur» donne une image de la confiance des chefs d'entreprises allemandes par rapport à la situation économique. Et il s'est avéré bien en dessous des attentes, l'indicateur est tombé à un niveau de 90,8 points, soit le niveau le plus bas depuis mai 2020. La raison est bien sûr la guerre en Ukraine avec toutes ses implications…

Enfin, la Banque mondiale est la première institution à émettre une obligation E.S.G. pour protéger le rhinocéros noir que les investisseurs ont dénommé "obligation rhinocéros". Cette émission obligataire porte sur un montant de 150 millions de dollars. L'obligation, qui a une durée de cinq ans, paiera un coupon lié à l'évolution du nombre de rhinocéros noirs dans le parc national d'Addo Elephant en Afrique du Sud et dans la région de la réserve naturelle de Great Fish River. À mesure que la population augmente, les investisseurs recevront un rendement de 3,7% à 9,2%. Si la population reste la même, il n'y aura pas de paiement d'intérêt. Alors si le destin du rhinocéros noir vous tient à cœur… vous savez quoi faire !