Lionel Henrion, Family Wealth Banker, Nagelmackers
L’actualité incontournable cette semaine, qui justifie les mouvements du lundi au mercredi par anticipation, et de cette fin de semaine en réaction, c’est le relèvement des taux d’intérêts de la FED, de 0,75%, la plus forte hausse depuis 1994 afin de ramener l’inflation a son objectif de 2%/an ! Le scénario de +0,5% était encore majoritaire lundi et petit à petit les investisseurs ont intégré la plus forte rudesse monétaire et l’impact qu’elle aura sur le ralentissement économique. Si on ajoute la hausse envisagée en juillet et la contraction du bilan de la banque centrale, certains analystes voient l’économie américaine en récession. Par conséquent, pour la 5ème fois de ce millénaire, le S&P500 est entré en phase baissière (plus de 20% de baisse par rapport à son point le plus haut).
Il n’est pas dans ce tableau, j’ai toujours cru qu’il n’y resterait pas si je l’y mettais…c’est le bitcoin. Cette semaine a aussi été un vrai catharsis pour lui. Non seulement il clôture la semaine 35,48% plus bas qu’il ne l’a débutée (oui oui, vous lisez bien « la semaine »), soit -59,37% depuis le début de l’année, mais en outre, il vient de franchir un cap symbolique : sa valeur moyenne de réalisation soit le prix moyen auquel les spéculateurs l’ont acheté, un indicateur très intéressant calculé par « glassnode »©. Cela signifie que pour une majorité de spéculateurs à long-terme, la situation est à présent déficitaire. La concurrence des taux la dévaluation induite par l’inflation et le contexte monétaire ont eu raison de lui… Et vu l’importance de cet actif, dès mercredi il a pesé négativement sur les autres marchés.
Le tableau des évènements économiques de la semaine montre qu’en Suisse et en Grande-Bretagne aussi les banques centrales ont amorcé une augmentation des taux d’intérêt. La hausse des taux se profile également en zone euro, la fin des achats d’actifs est à nos portes et donc la BCE s’est réunie en urgence mercredi. Elle a ensuite annoncé la mise en œuvre d’un nouvel outil destiné à éviter les stress sur le marché obligataire, en d’autres mots : éviter la débâcle des pays périphériques, comme l’Italie dont le taux à 10 ans a dangereusement dépassé 4,15% avant de retomber en fin de semaine à 3,6%.
Le contexte russo-ukrainien ne s’est pas amélioré, y compris concernant la crise céréalière, mais les anticipations de ralentissement économique ont néanmoins pesé sur le cours du pétrole. Pourtant un arrêt dans une unité américaine exportatrice de gaz met une pression supplémentaire au niveau du cout de l’énergie.
Après l’OCDE, le FMI, c’est chez Nagelmackers que nous avons publié nos perspectives pour le deuxième semestre 2022. La bonne nouvelle, c’est que les incertitudes diminuent : la probabilité de notre scenario central augmente en effet, à 50%, et occupe donc la majorité des cas que nous avons envisagés. Le scenario négatif recueille 17% (et donc le positif 33%) ce qui est également plutôt agréable. La mauvaise nouvelle, c’est que ce scenario de base prévoit un ralentissement de la croissance qui nous conforte dans notre positionnement prudent : neutre au niveau des actions, avec une préférence pour les titres défensifs. Neutre (et de plus en plus sur les obligations également) car l’essentiel de ce scenario est probablement déjà incorporé dans les cours à l’heure actuelle.
Et l’anecdote de la semaine, elle concerne l’antenne géante sky eye en Chine. Si vous vous demandez quelle sera la prochaine crise complètement inattendue et imprévisible qui risque de nous tomber sur le tête après la guerre russe et l’épidémie de covid, vous pourriez trouver une réponse : le Science & Technology Daily a annoncé (avant de supprimer l’info) avoir capté des signaux électro-magnétiques à faible fréquence, assez différents de l’habitude, qui seraient susceptibles de provenir d’une civilisation extraterrestre. Les signaux demandent toutefois des analyses approfondies…
