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Au Cœur Des Marchés : Pierre Puybasset et David Kruk
Calendar05 Jul 2022
Thème: Macro

Les nuages d’amoncèlent sur les marchés, avec des révisions bénéficiaires qui pourraient provoquer une nouvelle vague d’ajustement sur les cours boursiers durant les prochaines semaines.

Pierre Puybasset (Porte-parole de la gestion chez La Financière de l’Echiquier) et David Kruk (Responsable du trading desk chez La Financière de l’Echiquier) sont revenus sur les événements du mois de juin à l’occasion de leur webcast mensuel Au Cœur Des Marchés. Ils ont également fait un pari sur l’évolution des marchés pour le mois de juillet.

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Pierre Puybasset et David Kruk

Mois écoulé

« Le mois écoulé a été difficile, avec une lourde correction sur l’indice S&P500 suite à la nouvelle accélération des chiffres d’inflation », constate David Kruk . « Dans la première partie du mois, de nombreuses sociétés exposées sur la consommation ont commencé à montrer des signes de faiblesses, avec des alertes sur les résultats qui se sont multipliées. Durant la seconde partie du mois, c’est la thématique de la récession qui a commencé à prendre de l’importance, avec des courtiers qui ont relevé les prévisions de récession à 50 ou 60% pour les Etats-Unis en 2023, et une détente des taux qui pourrait déjà intervenir dans le courant de l’année prochaine ».

Dans le même temps, Pierre Puybasset souligne que les cours des matières premières ont également été orientés à la baisse suite aux anticipations de récession. « Nous sommes en train de vivre un vrai virage sur les marchés, avec l’inflation qui est aujourd’hui devenue relativement secondaire malgré des chiffres qui restent très élevés. Les marchés sont clairement entrés dans une logique de stagflation, avec des attentes sur la croissance qui sont en train d’être fortement abaissées tandis que l’inflation va rester élevée ».

Attentes bénéficiaires

« La complexité du marché est aujourd’hui de prendre en compte l’évolution des attentes bénéficiaires pour les entreprises, avec des analystes qui s’attendent toujours à une croissance des résultats de 14% pour l’année en cours », indique David Kruk . « Je m’attends à des révisions des résultats à la baisse à l’occasion de la publication des chiffres pour le deuxième trimestre ». Il indique toutefois qu’il n’y a pas encore eu de capitalisation sur les marchés, avec 195 milliards de dollars qui sont entrés depuis le début d’année sur les actions américaines au détriment des marchés obligataires. « La capitalisation du retail américain est aujourd’hui difficile à envisager, avec un marché qui reste dominé par les plus riches des investisseurs américains ».

Nouvelle correction

Pierre Puybasset souligne que « les valeurs qui avaient été soutenues par l’anticipation d’un cycle économique fort ont été pénalisées par le changement du contexte économique, tandis que les valeurs défensives (santé, alimentation, télécoms, etc) ont plutôt eu tendance à mieux se comporter. C’est plutôt une bonne nouvelle pour nous, parce que nos stratégies étaient relativement peu exposées sur les secteurs qui avaient bien performé au début d’année ».

David Kruk constate également que le pessimisme reste encore à son niveau maximal sur les marchés financiers. « Un courtier comme Morgan Stanley , qui est actuellement parmi les plus pessimistes des brokers américains, envisage aujourd’hui une nouvelle correction sur les bourses, avec un indice S&P500 qui pourrait corriger de 3.900 vers 3.400 points en cas d’atterrissage en douceur de l’économie américaine, voire vers 3.000 points si le ralentissement est plus prononcé ».

Signaux positifs

Au niveau des gestionnaires de fonds de LFDE, David Kruk souligne que la lecture des marchés reste difficile, et qu’il y a finalement eu assez peu de mouvements durant les dernières semaines. « Nos gérants sont des investisseurs et pas des traders. Dans l’ensemble, ils sont dans l’attente des chiffres du deuxième trimestre, avec des portefeuilles qui ont été globalement rendus plus défensifs depuis le début 2022 ».

« Le marché anticipe aujourd’hui une baisse des taux directeurs des banques centrales pour la seconde partie de 2023. Ce contexte pourrait bénéficier aux stratégies flexibles qui ont été lourdement pénalisées par la mauvaise performance de leur poche obligataire », souligne Pierre Puybasset. « De même, le marché chinois a été bien orienté ces derniers mois sur la thématique de la réouverture et des mesures de soutien des autorités chinoises ».

Casser la tendance

Pour le mois à venir, David Kruk s’attend à un contexte qui va rester très volatil et dominé par les banques centrales. « Il est possible que la BCE augmente encore ses taux de 0,50% durant le mois de juillet, tandis que les problèmes d’approvisionnement en gaz russe vont rester parmi les facteurs susceptibles de provoquer de la volatilité ». Il pointe également que les chiffres d’inflation et les résultats des entreprises vont rester au centre de l’attention.

« Durant les quatorze dernières années, le mois de juillet a été systématiquement un mois positif pour les bourses, mais je pense que 2022 pourrait casser cette performance saisonnière. La baisse des attentes bénéficiaires suite aux résultats du deuxième trimestre pourrait provoquer une nouvelle correction sur les cours. Cette correction pourrait offrir un bon point d’entrée pour les investisseurs ».