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Une récession en Europe semble presque inévitable
Calendar28 Sep 2022
Thème: Macro
Maison de fonds: Ethenea

,em>Le dollar restera fort face à l'euro avec un certain potentiel d'appréciation.

Andrea Siviero, Investment Strategist chez Ethenea, observe un important ralentissement économique mondial synchrone. Cela ne présage rien de bon pour l'Europe qui ne s'est jamais vraiment remise de la récession causée par la pandémie.

L'économie mondiale a été frappée cette année par deux chocs majeurs de l'offre et de la demande (la guerre en Ukraine et les épidémies de Covid en Chine) qui ont provoqué un scénario de type stagflation avec une inflation élevée et une croissance économique considérablement ralentie. Au cours du deuxième trimestre de l'année, les banques centrales du monde entier ont jugé qu'un resserrement considérable de la politique monétaire était nécessaire pour faire reculer l'inflation et les anticipations inflationnistes et ont accéléré le rythme du resserrement. Andrea Siviero, Investment Strategist chez Ethenea : "Dans un contexte d'inflation élevée, de ralentissement de la croissance et de resserrement considérable de la politique monétaire, les risques de récession ont considérablement augmenté."

Il observe actuellement un important ralentissement économique synchrone, les sondages et les indicateurs avancés suggérant déjà une contraction de l'activité économique.

"Les trois plus grands blocs économiques pourraient bien entrer en récession dans les six à neuf prochains mois", affirme Andrea Siviero, "mais le potentiel de croissance, la dynamique de l'inflation et l'origine de leurs récessions sont sensiblement différents."

L'économie américaine se montre résiliente, avec un marché du travail solide et des dépenses de consommation saines, une récession pourrait toutefois être provoquée par le durcissement monétaire excessif de la Fed.

L'économie chinoise ralentit depuis un certain temps et, malgré le soutien des pouvoirs publics, sa politique de zéro Covid et la forte crise du secteur immobilier pourraient précipiter une récession.

L'économie européenne ne s'est jamais vraiment remise de la récession provoquée par la pandémie, elle est en proie à une inflation historiquement élevée, à une crise énergétique majeure et à une forte contraction du revenu réel des ménages. Largement dépendante de l'énergie russe, l'Europe et en particulier l'Allemagne ont été durement touchées par les conséquences de la guerre en Ukraine, les sanctions et les perturbations commerciales qui en ont résulté.

La BCE a commencé à resserrer ses politiques en juillet, et elle est déterminée à poursuivre dans cette voie pour ramener l'inflation à son objectif. Andrea Siviero : "La politique budgétaire est en train de devenir expansionniste, avec plusieurs pays européens fournissant un soutien budgétaire complémentaire pour atténuer les effets néfastes de la stagflation, mais après le rebond de l'été, une récession européenne semble presque inévitable.

Taux de change USD/EUR : la tendance actuelle ne devrait pas changer

Le dollar a été la devise la plus forte du G10 en 2022 et s'est apprécié d'environ 13 % depuis le début de l'année par rapport à l'euro. L'appréciation de l'USD vient s'ajouter à un gain de 8 % face à la monnaie européenne en 2020.

"Il y a différentes raisons à la vigueur générale du billet vert", déclare Andrea Siviero. "Malgré une certaine morosité au premier semestre, l'économie américaine semble résister à une inflation élevée et à des politiques plus strictes, avec un marché du travail solide, des augmentations de salaires saines et des dépenses de consommation et d'entreprise soutenues. Au cours des prochains trimestres, l'expansion économique américaine devrait dépasser la croissance de la zone euro et de la Chine.

Au cours des 18 derniers mois, le dollar a également bénéficié de son statut de valeur refuge attirant les flux de capitaux internationaux en période de crise internationale et a profité d'un bonus de stagflation découlant d'une inflation élevée et d'une croissance mondiale plus faible."

Les atouts du dollar par rapport à l'euro se sont vus renforcés par les faiblesses intrinsèques de l'économie de la zone euro et par les divergences entre les politiques de la Fed et de la BCE. L'économie de la zone euro a été durement touchée par les retombées du conflit en Ukraine et les sanctions qui en ont découlé, lesquelles ont entraîné une forte hausse des prix de l'énergie et une flambée de l'inflation, sapant ainsi la confiance des consommateurs et des entreprises.

Andrea Siviero : "Alors que la Réserve fédérale a augmenté son taux directeur de 250 pb depuis mars, le processus de normalisation de la BCE a été retardé par l'affaiblissement de l'économie, la fragmentation du marché (élargissement des spreads souverains au sein de la zone euro) et les tensions politiques."

Au cours de l'été, avec une inflation à un niveau record, la BCE a changé de ton et est devenue résolument plus ferme dans sa volonté de faire baisser l'inflation et de contrôler les anticipations inflationnistes. "Malgré une BCE au ton plus ferme et la forte appréciation du dollar en 2022, nous pensons que le dollar restera fort face à l'euro, avec un certain potentiel d'appréciation supplémentaire", déclare Andrea Siviero.

Le scénario de ralentissement de la croissance mondiale et de grande incertitude reste favorable au dollar qui continue de tirer profit d'une Fed agressive et d'une économie américaine résiliente. Andrea Siviero conclut : "Plombée par la crise énergétique et une confiance en berne, l'économie de la zone euro finira probablement en récession au cours des prochains trimestres. Avec des dettes publiques élevées et des divergences régionales marquées, la voie vers un resserrement de la BCE reste un processus très délicat. Une politique plus stricte de cette dernière pourrait apporter un certain soulagement à court terme à un euro malmené, mais il est peu probable que cela suffise à inverser la tendance actuelle de faiblesse de l'euro."