Navbar logo new
Interview du mois - Kristell Agaësse : « Il faut profiter de la hausse des taux »
Calendar12 Oct 2022
Maison de fonds: Rothschild & Co

Kristell agaesse rothschild

Kristell Agaësse, responsable de la gestion High Yield & Convertibles chez Rothschild & Co Asset Management Europe, a une expérience de plus de vingt ans sur les marchés du crédit . Elle est co-gestionnaire du fonds R-co Thematic Target 2026 HY, avec Benjamin Fagu, gestionnaire obligataire High Yield. Le fonds affiche un rendement actuariel brut de 10,5% et une performance proche de 4,1% depuis sa création (au 06/10/2022) en dépit de marchés du crédit à haut rendement plus difficiles depuis le début 2022.

Comment se sont comportés les marchés obligataires depuis le début de l’année ?

Kristell Agaësse : « Cette année a été particulièrement mouvementée, avec une hausse de l’ensemble des taux souverains. Le marché à haut rendement a perdu 15%1 durant les six premiers mois de l’année, avant un rebond durant l’été mais reste encore loin du niveau de début d’année. Il n’y a pas eu non plus de grande différenciation entre les niveaux de rating, avec des notations CCC qui n’ont pas été beaucoup plus pénalisées que les notations de meilleure qualité (B ou BB) ».

L’attention des investisseurs est aujourd’hui focalisée sur les perspectives d’inflation ?

K.A. : « C’est la grande thématique de l’année, dont près de 50% est provoquée par la hausse des prix de l’énergie. Cette inflation s’est installée sur des niveaux records avec des menaces sur l’approvisionnement en provenance de Russie. Les pressions inflationnistes sont de plus en plus généralisées et la flambée des coûts se répercute de plus en plus largement dans l’économie, avec un impact à venir sur les marges des entreprises. Cette inflation à court terme s’est traduite par une hausse des taux réels sous l’anticipation du resserrement du taux directeur de la BCE, récemment augmenté à 1,25%2. Certaines hausses sont d’ailleurs encore à prévoir ».

Quel est l’impact sur la classe d’actifs dont tu t’occupes plus directement ?

K.A. : « La prime de risque sur le haut rendement européen a fortement augmentée suite à la hausse des incertitudes sur la croissance économique, et par conséquent sur le risque crédit. Le pourcentage des obligations High Yield avec un rendement supérieur à 4% est passé de 15% à 98% des émissions en un an (de septembre 2021 à septembre 2022) 2. Le marché a intégré une part importante des risques qui pèsent sur les marchés, avec des rendements qui sont désormais très attractifs ».

Vous ne semblez pas inquiet d’une hausse des défauts ?

K.A. : « Après une période très longue marquée par un taux de défaut très bas, nous allons probablement enregistrer une hausse durant les deux prochaines années, avec une augmentation probable vers les 5% - 6%, à horizon un ou deux ans, avant de retomber ensuite vers leur moyenne historique (entre 2 et 3%)3. Le gisement de haut rendement aux États-Unis est davantage concentré sur les émetteurs de moindre qualité (notation CCC ) par rapport à l’Europe, ce qui explique le niveau plus élevé des taux de défaut attendus aux États-Unis. À noter cependant que l’économie américaine est moins impactée par le choc énergétique que l’Europe ».

Comment gérez-vous les risques ?

K.A. : « La relation entre les deux gestionnaires (Benjamin Fagu et moi-même) et les quatre analystes est au cœur de notre stratégie. Ils vont permettre de trouver les opportunités, et surtout d’éviter les entreprises susceptibles de faire face à un défaut durant les quatre prochaines années afin de défendre la performance du fonds. La couverture des risques repose sur la bonne sélection des émetteurs plutôt que par l’utilisation de produits dérivés complexes. Pour assurer la diversification des risques, nous évitons d’avoir une concentration supérieure à 2% des actifs sur un seul émetteur ».

Dans quel état est le marché primaire ?

K.A. : « Vu les incertitudes et la hausse des taux, les émetteurs ne se sont pas bousculés ces derniers mois, avec un recul de l’activité supérieure à 70% par rapport à 20212. Précédemment, les entreprises se sont cependant bien préparées à cette période difficile, avec des structures financières qui ont été renforcées de manière très conservatrice. En regardant les échéances actuellement sur le marché, il y a peu de dette à refinancer avant la période 2024 - 2026 ».

Parlez-nous du fonds à maturité fixe que vous gérez ?

K.A. : « La création de R-co Thematic Target 2026 HY remonte à 2020, avec un rendement brut à l’échéance qui s’élève actuellement à 10,5%4. Le portefeuille est constitué de 107 émetteurs en portefeuille pour des encours de 161 millions d’euros, avec une maturité moyenne comprise entre le 1er janvier et le 31 décembre 20265. Durant cette dernière année, les différentes lignes du portefeuille arrivant à échéance seront réinvesties en placements monétaires. Il s’agit donc d’une stratégie « Buy & Hold optimisée » ; la gestion reste active, pour profiter d’opportunités et limiter les éventuels risques de crédit et optimiser son rendement. Si un émetteur fait face à une dégradation de son crédit, nous sommes donc en mesure de sortir d’un dossier pour nous repositionner sur une émission plus attractive ».

Quel est le positionnement actuel du fonds ?

K.A. : « Le fonds est principalement exposé sur les émetteurs B ou BB, qui représentent quasiment 80% des encours sous gestion. Le portefeuille est principalement exposé sur les émetteurs européens. Par exemple, nous avons un société aérienne comme Wizzair (notée BBB-) qui a vu son cours s’écarter depuis le début du printemps et que nous avons acheté sur un rendement moyen à l’échéance de 6,75% ».

¹ Source : Bloomberg, 30/06/2022.
² Source : Bloomberg, 09/2022.
³ Source : Morgan Stanley Research, 09/2022.
⁴ En l’absence d’événement de crédit.
⁵ Source : Rothschild & Co Asset Management Europe, 30/09/2022.

Les informations ci-dessus ne constituent pas un conseil en placement ou une recommandation d’investissement. Les chiffres cités ont trait aux mois et années écoulés. Les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des performances futures, et ne sont pas constantes dans le temps.

Risque SRRI : 4. Échelle de risque allant de 1 (risque le plus faible) à 7 (risque le plus élevé) ; la catégorie la plus faible ne signifie pas un investissement "sans risque". La catégorie de risque associée à cet OPC n'est pas garantie et pourra évoluer dans le temps à la hausse comme à la baisse. Risque principal auquel l'investisseur s'expose : risque de perte en capital. Pour plus d’information sur les frais, veuillez-vous référer à la rubrique "Frais et Commissions" du prospectus de cet OPCVM disponible sur demande écrite à l'adresse suivante : http://www.am.eu.rothschildandco.com