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COP27 : Comment les majors pétrolières européennes concilient transition énergétique et sécurité énergétique
Calendar18 Nov 2022
Thème: Investir
Maison de fonds: Lazard

L'Europe est à la pointe de la transition énergétique, selon Neil Millar, vice-président senior et analyste de recherche chez Lazard Asset Management.

Les majors pétrolières européennes se concentrent de plus en plus sur la transition énergétique, en réduisant la production de pétrole et en donnant la priorité au gaz, ainsi qu'en créant les plateformes à partir desquelles elles pourront investir dans des activités à faible émission de carbone. Six des plus grands producteurs européens de pétrole et de gaz devraient consacrer collectivement 27 milliards de dollars par an à des investissements à faible émission de carbone d'ici 2025, soit environ 35 % de leurs dépenses d'investissement.

Les majors européennes visent toutes le zéro net sur une base scope 1-3 d'ici 2050, alors que leurs homologues américaines se concentrent actuellement davantage sur la réduction de l'intensité de leurs émissions de scopes 1 et 2. Neil Millar : "Cela a stimulé une augmentation des fusions et acquisitions liées à la transition énergétique, soutenues par les bilans solides des compagnies pétrolières et gazières et leur désir de se décarboniser à un rythme plus rapide."

La nécessité de s'attaquer à la sécurité énergétique

L'industrie pétrolière et gazière est secouée par des changements monumentaux dus à des événements géopolitiques, à la politique gouvernementale et à l'évolution rapide de la dynamique du marché. La guerre de la Russie en Ukraine, combinée à la reprise du COVID-19, a provoqué des contraintes d'approvisionnement, entraînant des hausses significatives des prix du pétrole et du gaz et plaçant la sécurité énergétique en tête des priorités.

Alors que nous nous préparons à l'hiver, plusieurs grands gouvernements ont pris des décisions à court terme pour prolonger la durée de vie de la production d'énergie nucléaire et charbonnière en Europe, en Asie et aux États-Unis. "Les efforts déployés pour éviter le rationnement de l'énergie cet hiver entraîneront une hausse des émissions, ce qui crée des complexités supplémentaires à gérer lors de la COP27 en Égypte", précise Neil Millar.

Les stratégies et les dépenses d'investissement évoluent

Les grandes compagnies pétrolières et gazières européennes ont procédé à des ajustements mineurs de leurs budgets d'investissement à la lumière de la crise énergétique, et ont réorienté certains de leurs investissements vers la production de pétrole et de gaz. "À plus long terme, elles se sont engagées sur la voie du 'net zéro', explique Neil Millar, mais elles réalisent également que l'objectif de réduction des émissions doit être équilibré par rapport à la sécurité énergétique à court terme. Ces augmentations marginales ne devraient pas affecter les investissements dans la transition énergétique."

Les gouvernements ont constaté que les consommateurs souffrent et que les compagnies pétrolières prospèrent. Les taxes exceptionnelles redeviennent une politique populaire. Le Royaume-Uni a introduit un prélèvement supplémentaire de 25 % sur les bénéfices pétroliers et gaziers nationaux ; et l'Union européenne propose aux États membres un impôt exceptionnel de 33 % sur les surprofits de cette année. Les taxes exceptionnelles sont même entrées dans le débat politique aux États-Unis. "Comme l'industrie se remet d'une décennie de rendements économiques décevants, les taxes exceptionnelles doivent être soigneusement étudiées si l'on ne veut pas qu'elles découragent davantage les investissements", conclut Neil Millar.