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Trois scénarios pour les obligations d’entreprise dans le climat d’investissement actuel
Calendar14 May 2023
Thème: ESG
Maison de fonds: Schroders

Les obligations d’entreprise peuvent jouer un rôle précieux au sein des portefeuilles dans différentes conditions de marché. Mais le positionnement exact d’un portefeuille obligataire dépend de l’évolution des taux d’intérêt, de l’inflation et de la croissance économique, comme l’explique Julien Houdain, Responsable Crédit Europe chez Schroders .

De nombreuses situations sont susceptibles d’influencer la performance des obligations d’entreprise dans les 12 prochains mois. Il est extrêmement difficile de prédire dans quel sens les marchés des obligations d’entreprise vont évoluer. La meilleure façon de procéder consiste à examiner comment les obligations d’entreprise pourraient se comporter dans trois scénarios différents. À partir de là, on peut alors examiner les implications pour les investisseurs.

Trois scénarios

Julien Houdain examine trois combinaisons possibles d’inflation, de taux d’intérêt et de croissance qu’il qualifie de scénarios « bon, mauvais et catastrophique ». À sa grande surprise, le marché a intégré les trois scénarios au cours des premiers mois de 2023.

Le bon scénario - atterrissage en douceur

​Dans ce scénario, la croissance économique ralentit, mais à un rythme durable, sans connaître de récession ou de crise financière, et l’inflation maîtrisée n’affecte guère l’économie. De nouvelles hausses des taux ne sont pas nécessaires et la conjoncture est saine. C’est ce qui s’est passé début 2023. Les marchés ont progressé, tandis que les prévisions d’inflation et les craintes de récession se sont apaisées.

Le mauvais scénario - atterrissage brutal

​Dans ce scénario, « le remède risque de tuer le patient ». Un atterrissage brutal s’accompagne d’une forte baisse de l’activité économique. Le chômage augmente, la bourse chute, les banques sont sous pression, les finances publiques sont mises à rude épreuve et il règne un sentiment général d’instabilité économique. Alors que les banques centrales tentent de contrôler l’inflation en augmentant les taux d’intérêt, quelque chose se brise dans l’économie au cours du processus. Ce scénario s’est produit en mars. Aux États-Unis, des banques ont fait faillite parce que le resserrement appliqué par la Fed a provoqué une hausse rapide des taux du marché, ce qui a poussé les déposants à retirer leur argent en masse pour profiter de meilleurs rendements ailleurs.

Le scénario catastrophe - atterrissage avorté

​Dans ce scénario « sans atterrissage » - ou, plus précisément, un « atterrissage avorté », l’inflation reste collante et on assiste à une seconde vague de hausse des taux d’intérêt. Pendant la majeure partie de 2022, les marchés obligataires ont intégré une version extrême du scénario catastrophe, craignant que le resserrement quantitatif par les banques centrales ne mette la croissance en péril. En février de cette année, une version plus soft du scénario catastrophe a été observée lorsque sont apparus des signes indiquant que l’inflation pourrait rester élevée pendant plus longtemps, avec la possibilité que les banques centrales doivent durcir leur position et éventuellement forcer une récession.

Au cours des trois premiers mois de 2023, on a assisté à un glissement du scénario bon vers le scénario catastrophe, puis le scénario mauvais avant de revenir prudemment vers le scénario bon. Les mesures monétaires et budgétaires avaient donc réussi à éviter une crise bancaire plus large. Au cours des 12 prochains mois, ces passages d’un scénario à l’autre deviendront plus fréquents.

Quelles sont les conséquences pour l’allocation des actifs ?

Les investisseurs en obligations sont confrontés à deux risques importants : l’exposition aux taux d’intérêt et le risque de crédit. L’objectif est de se concentrer sur les types d’obligations qui peuvent aider à saisir les risques haussiers et à réduire les risques baissiers. Qu’est-ce que cela signifie en pratique ?

Le bon scénario - baisse du risque de taux, baisse du risque de crédit

​L’investisseur qui s’attend à un atterrissage en douceur, avec une baisse des taux d’intérêt et une conjoncture favorable, recherchera des possibilités d’ajouter une exposition aux taux d’intérêt à plus longue échéance et d’ajouter du risque de crédit avec des obligations à haut rendement. Le mauvais scénario - baisse du risque de taux, hausse du risque de crédit

​L’investisseur qui pense que les taux d’intérêt ont atteint un pic, mais que l’économie est en difficulté, recherchera davantage d’exposition aux taux d’intérêt et moins de risque de crédit, à savoir des obligations à plus longue échéance et plus d’obligations de type investment grade. Dans ce scénario, les taux de défaut ont tendance à augmenter, c’est donc là où la recherche bottom-up est la plus importante. En ce qui concerne les placements à revenu fixe, il est plus important d’éviter les blow-ups que de choisir des gagnants, et l’analyse spécifique à l’entreprise est le meilleur outil de gestion des risques pour y parvenir.

Le scénario catastrophe - hausse du risque de taux, hausse du risque de crédit

​Pour l’investisseur qui anticipe une remontée des taux, la principale priorité est de réduire l’exposition aux taux d’intérêt avec des obligations à court terme ou à taux variable. Les obligations à haut rendement sont moins sensibles aux taux d’intérêt en raison de leurs spreads plus larges, mais tout dépend de l’ampleur de l’impact économique des hausses de taux. Pour ceux qui prévoient une stagflation (faible croissance économique avec une inflation élevée et durable), une stratégie plus défensive axée sur les placements de type investment grade pourrait être une solution.

Implications pour le portefeuille 60:40

L’an passé, la confiance des investisseurs dans les valeurs à revenu fixe a été fortement ébranlée. En effet, les obligations n’ont pas joué leur rôle traditionnel de diversification des risques. Mais pour Julien Houdain, il ne faut pas oublier que c’était la première année depuis 1969 que tant les obligations que les actions ont baissé et que les hausses de taux de la Fed se sont succédé à un rythme jamais vu depuis 40 ans. Si les marchés sont plus préoccupés par l’inflation que par la croissance, les obligations vont se trouver en difficulté. Mais si les inquiétudes liées à la croissance éclipsent celles liées à l’inflation, la relation normale est rétablie. Julien Houdain s’attend à ce que les obligations d’entreprise redeviennent une bonne couverture potentielle pour les actions en raison du profil polyvalent dans plusieurs scénarios.