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« La croissance et les défensives »
Calendar13 Jun 2023
Thème: Investir
Maison de fonds: Pictet
Rollin frederic

A l’occasion de son dernier point mensuel sur la stratégie d’investissement de Pictet Asset Management, Frédéric Rollin a réaffirmé sa préférence pour les valeurs de croissance et les défensives, tout en devenant plus prudent sur le marché chinois et la dette à haut rendement.


Frédéric Rollin (Conseiller en stratégie chez Pictet Asset Management) a récemment donné sa dernière présentation mensuelle sur l’allocation d’actifs du gestionnaire helvète, avant de partir vers de nouveaux défis professionnels. A cette occasion, il est revenu sur les principaux événements du mois écoulé, et a donné pour la dernière fois ses conclusions pour l’allocation entre les grandes classes d’actifs pour les trois prochains mois.


Resserrement du crédit


Dans un contexte marqué par la contre-attaque ukrainienne et par l’accord sur le plafond de la dette aux Etats-Unis, il pointe que le contexte américain reste marqué par la fragilisation du secteur bancaire. « Suite aux fortes sorties des dépôts vers les placements monétaires, les banques ont commencé à réagir en relevant leurs taux, ce qui va impacter négativement la rentabilité des banques commerciales »


Frédéric Rollin pointe qu’elles ont en conséquence fortement réduit leur production de crédits, et s’attend à des conditions de liquidité sur les marchés privés qui vont rapidement se resserrer. « Après avoir été absent des marchés suite aux négociations sur le plafond de la dette, le trésor américain devrait reprendre ses émissions. Les banques auront moins de moyens pour prêter aux ménages et aux entreprises américaines, ce qui va faire pression sur l’économie américaine et les marchés boursiers ».


Politique monétaire


Il estime également que les marchés anticipent un peu trop rapidement une nouvelle hausse des taux pour le mois de juillet. « Nous continuons de tabler sur une modération de l’inflation, avec un resserrement de la politique monétaire qui est maintenant derrière nous ». Pour autant, il est tout aussi prématuré d’anticiper une baisse des taux pour les prochains mois, car il existe plusieurs segments qui résistent à la modération comme les loyers.


Dans le même temps, si les chiffres de l’emploi restent en apparence solides, Frédéric Rollin pointe la dégradation des indicateurs avancés (taux de démission, nombre d’heures travaillées, gel des embauches) comme le risque d’une dégradation qui pourrait être relativement rapide durant les prochains mois. « Avec une demande qui pourrait fléchir et des conditions de crédit qui se sont resserrées, nous pourrions nous diriger vers une croissance très faible voire une récession technique ».


Ancrage des attentes


L’Europe reste de son côté en retard par rapport aux Etats-Unis, avec une inflation qui commence seulement à baisser. « Les ventes de détail se dégradent et la confiance des consommateurs s’effrite, mais la BCE a jusqu’ici éprouvé des difficultés à ancrer les attentes d’inflation vers son objectif à moyen terme. Il est donc vraisemblable qu’elle sera encore forcée de relever son taux direction à deux ou trois reprises ».


Frédéric Rollin indique également que la baisse du crédit bancaire a été déclenchée plus rapidement qu’aux Etats-Unis, ce qui va également pousser la croissance européenne vers un niveau extrêmement faible durant les prochains trimestres. « Certains facteurs limitent toutefois le risque d’une récession, notamment un taux d’épargne élevé et des carnets de commandes bien remplis ».


Croissance et défensives


Dans un contexte de croissance bénéficiaire qui va s’avérer « globalement décevante », les marchés boursiers risquent d’être encore mis sous pression. Frédéric Rollin confirme sa préférence pour les valeurs défensives et les valeurs de croissance. « La croissance bénéficiaire de ces sociétés redevient un argument fort dans un contexte économique plus difficile ». Parmi les thématiques, la robotique, la sécurité, la transition climatique ou l’intelligence artificielle restent privilégiées. « Nous sommes redevenus plus neutre sur le secteur des soins de santé, qui est souvent un investissement difficile et volatil durant les années électorales aux Etats-Unis ».


Frédéric Rollin souligne également avoir renversé sa surpondération sur les actions chinoises vers une position neutre. « Les dernières données économiques ont été suffisamment mauvaises pour justifier un tel changement ». Il reste par contre plus optimiste sur les marchés émergents, et plus particulièrement sur les actions indiennes « qui sont revenues sur des niveaux de valorisation plus normaux et qui bénéficient d’un soutien démographique fort pour le long terme ».


Enfin, sur les marchés obligataires, il reste surpondéré sur la dette investment grade dans un contexte économique qui ne devrait pas plonger dans une récession profonde. « En revanche, pour la dette d’entreprise à haut rendement, il faut être davantage prudent dans un contexte où le crédit bancaire va être soumis à des conditions moins favorables ». Il surpondère également la dette des pays émergents en devise locale.