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Perspectives des marchés émergents 2024
Calendar06 Dec 2023
Maison de fonds: Triodos

Par Maritza Cabezas, Investment Strategist chez Triodos Investment Management

La croissance du PIB dans les économies émergentes devrait ralentir en 2024. Cela correspond à nos prévisions d'une légère récession aux États-Unis, d'une maigre croissance dans la zone euro et de risques géopolitiques non résolus, sur fond de croissance plus faible du commerce mondial et des investissements au cours des prochains trimestres.

Depuis le début de l'année, l'activité économique et l'inflation dans les économies émergentes se sont généralement mieux comportées que prévu, malgré l'augmentation des risques géopolitiques et la politique de taux d'intérêt plus élevés et plus longs de la Fed et de la BCE. Le revers de la médaille est que les économies émergentes ne parviennent toujours pas à une répartition plus équitable des revenus, tandis que les efforts pour améliorer le financement de l'adaptation au changement climatique et de l'atténuation de ses effets ont été insuffisants.

Ces circonstances obligeront les pays, en particulier les pays à faible revenu, à continuer à se battre pour garder la tête hors de l'eau. En 2024, la croissance du PIB dans les économies émergentes devrait ralentir, conformément à nos prévisions d'une légère récession aux États-Unis, d'une faible croissance dans la zone euro et de tensions géopolitiques persistantes.

Nous voyons la fragmentation mondiale se poursuivre. Le risque que le conflit localisé Hamas-Israël s'étende à d'autres pays du Moyen-Orient subsiste. Nous pensons que ce conflit restera localisé, mais que les combats se poursuivront probablement pendant un certain temps, ce qui contribuera à accroître les risques dans la région. On ne sait pas non plus comment la Chine va gérer un environnement extérieur de plus en plus hostile et, sur le plan intérieur, comment elle va faire en sorte que la population reste en phase avec ses ambitions. Nous nous attendons à ce que la géopolitique continue à exercer une pression sur les marchés producteurs et à accroître la volatilité des prix des matières premières.

Dans le même temps, les effets d'El Niño sur les prix des denrées alimentaires et des services publics, ainsi que des coûts plus élevés pour la transition énergétique mondiale, pourraient accroître les pressions inflationnistes. Dans ces conditions, il sera plus difficile pour l'inflation dans les économies émergentes de se rapprocher des objectifs des banques centrales avant 2024.

Les risques géopolitiques accrus pourraient également entraîner de nouvelles dépenses militaires, ce qui aurait pour effet d'évincer les dépenses sociales et les dépenses d'adaptation au changement climatique ou d'atténuation de ses effets.

Le soutien limité des gouvernements au changement climatique dans les économies émergentes suggère que le secteur privé devra jouer un rôle clé dans le financement des investissements d'atténuation et d'adaptation au changement climatique dans les économies émergentes. Le FMI a estimé que d'ici 2030, le financement privé devra couvrir environ 80 % des besoins d'investissement en matière d'atténuation du changement climatique dans les pays émergents. Pour que le financement privé ait le plus grand impact possible, les économies émergentes devront continuer à améliorer leurs cadres institutionnels et de gouvernance pour les rendre plus inclusifs, tout en réduisant les subventions aux combustibles fossiles, qui ont atteint un niveau record en 2022 et ont encore augmenté dans les économies émergentes en 2023. Dans le même temps, la tarification et les taxes sur le carbone, qui sont mises en œuvre ou dont la mise en œuvre est prévue dans plusieurs économies émergentes, dont le Chili, la Colombie, l'Afrique du Sud et le Viêt Nam, sont d'ores et déjà utiles.

Pour que l'économie mondiale prospère et que les gens et la planète s'épanouissent, nous avons besoin d'un changement de système qui tienne davantage compte des synergies et des objectifs communs des économies avancées et émergentes, ainsi que de leurs responsabilités mutuelles dans la réduction des inégalités et la protection des richesses naturelles. Les mesures des performances des pays ne doivent pas seulement se ​ ​ concentrer sur les flux de biens et de services et sur la consommation, mais aussi sur les vertus de la coopération mondiale pour réduire les inégalités et protéger les richesses naturelles.