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« Les supports restent présents sur les Etats-Unis »
Calendar08 Nov 2024
Thème: Investir
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Par Frédéric Lejoint.


L’élection de Donald Trump va probablement entraîner une hausse de l’inflation et un contexte moins favorable aux actions sur le long terme, mais les fondamentaux restent solides pour les prochaines semaines.


Pierre Puybasset (Porte-Parole de la gestion chez La Financière de l’Échiquier) et David Kruk (Responsable du trading desk chez La Financière de l’Échiquier) ont une nouvelle fois passé en revue l’actualité du mois écoulé, à l’occasion du webinaire Au Cœur Des Marchés. A la fin, David Kruk a également évoqué comme à son habitude sa vision des perspectives boursières des prochaines semaines.


Croissance solide


« Le mois écoulé a finalement été assez attentiste, avec des variations limitées, et une performance flat sur l’indice S&P500 à la suite d’une baisse le dernier jour du mois. Les craintes d’une récession apparues au mois d’août se sont totalement dissipées, et certains tablent désormais sur un no landing », soit une économie américaine qui ne décèlerait finalement pas. « Entre août et octobre, le scénario a complètement changé car l'économie a montré des signes de solidité extraordinaire, que ce soit à travers les chiffres de l'emploi, des ventes de détail, des indices manufacturiers ou de la croissance ».


Pierre Puybasset souligne que le scénario est aujourd’hui assez différent de celui que le marché anticipait au début de l’année. « L’année 2024 devait être une année de forte baisse des taux de la Réserve Fédérale avec le spectre d’une récession économique. Mais il y a aujourd’hui le risque d’un environnement de croissance qui serait beaucoup plus inflationniste ».


Retour de l’inflation


« Les taux longs ont fortement monté durant le mois d’octobre lorsque le marché a commencé à anticiper une victoire de Donald Trump », constate David Kruk . « Le projet de renvoyer massivement les immigrés nécessitera une hausse des salaires pour palier à ce manque de main d’œuvre. Nous aurons également une inflation liée aux droits de douane, sans compter une hausse des dépenses budgétaires qui devrait provoquer une poursuite de la hausse des taux longs ». Cette hausse de l’inflation pourrait en parallèle entraîner un environnement moins favorable pour les cours des actions.


David Kruk souligne ainsi que les stratégistes de Goldman Sachs , qui ont souvent eu une analyse juste de la situation aux Etats-Unis ces dernières années, voit d’un œil relativement prudent le retour de Donald Trump à la présidence américaine avec un congrès totalement républicain. « L’agenda risque d’être fortement populiste et ultra-inflationniste, ce qui poserait tôt ou tard des problèmes si les taux à 10 ans remontent au-delà de 5% ». Il pointe également le risque d’une perte de l’indépendance de la Réserve Fédérale, qui pourrait devenir un autre facteur de volatilité sur les marchés.


Large participation


« On peut même se poser la question d’un optimisme un peu trop élevé sur les marchés américains », estime encore Pierre Puybasset. D’un autre côté, l’Europe semble toujours plus à la traine, avec une croissance qui pourrait s’avérer moins élevée que prévu en 2025. « La tentation est aujourd’hui forte de se concentrer sur le marché américain, en dépit de sa valorisation relativement élevée, et d’ignorer des marchés qui sont valorisés de manière beaucoup plus attractive ».


David Kruk constate toutefois que les résultats trimestriels américains n’ont pas déçu, avec 68% des publications qui sont ressorties au-dessus des attentes. « Les entreprises qui ont annoncé de bons chiffres ont généralement bien réagi, et nous avons également constaté un élargissement de la hausse à d’autres secteurs que les grandes valeurs technologiques. Tous le monde souhaite aujourd’hui être positionné sur les actions américaines. Les Etats-Unis restent la meilleure économie, avec le meilleur marché boursier, la meilleure banque centrale et la meilleure monnaie ».


Déprime internationale


Au niveau des autres marchés, l’Europe reste à la traine avec une banque centrale qui a seulement abaissé son taux directeur de 0,25% lors de sa dernière réunion. « J’espérais que la BCE se montre plus proactive, mais sa mission première reste d’assurer la stabilité des prix au risque d’être en retard par rapport à la réalité économique », constate encore David Kruk . « En plus, deux des trois titres charismatiques ( ASML , LVMH ) ont annoncé une alerte sur leurs résultats, ce qui a contribué à mettre du plomb dans l’aile des marchés européens. Les croissances des résultats devraient être faibles en 2024 et en 2025 ».


Enfin, du côté de la Chine, le pays reste encore embourbé dans les problèmes du secteur immobilier, avec peu d’attention portée à la stimulation de la consommation privée dans les plans qui ont été récemment annoncés. « Sur le long terme, la situation devrait toutefois aller en s’améliorant, avec une activité manufacturière qui devrait continuer à se redresser, mais il faudra être patient ».


Saisonnalité positive


Pour les prochaines semaines, David Kruk met en avance la saisonnalité positive du mois de novembre, qui est traditionnellement le deuxième meilleur mois de l’année pour l’indice S&P500 après le mois de juillet. « Les actions américaines ont également tendance à réagir positivement à l’élection d’un nouveau président, qu’il soit démocrate ou républicain ». De plus, les entreprises continuent de racheter leurs propres actions à un rythme très élevé, avec encore 400 milliards de dollars prévus en 2024, soit 6 milliards de dollars par jour d’ici la fin de l’année. « Les raisons de rester optimistes sont toujours là, et les facteurs techniques devraient supporter les cours en cas de correction ».



David kruk en pierre puybasset