![]() Marc Leemans |
Par Marc Leemans, Fixed Income Fund Manager chez DPAM
L'inflation diminue progressivement, ce qui devrait maintenir les taux à un niveau élevé. Dans le contexte actuel, les obligations européennes représentent une opportunité d'investissement attrayante à ce stade du cycle économique.
Malgré la volatilité induite par les droits de douane en avril, nous restons globalement optimistes sur les marchés européens du crédit. Les "spreads" sont revenus aux niveaux observés en début d'année, ce qui crée un environnement de portage intéressant. Pour le moment, les rendements « all-in » restent attrayants, tant pour les titres de qualité que pour les titres high yield. Un portefeuille diversifié et géré de manière prudente, composé d'obligations notées BB et B en euros, offre toujours un rendement supérieur à 4,5 %. L'environnement économique en Europe se caractérise par une croissance plutôt lente, mais encore légèrement positive. Tant que la croissance ne s'effondre pas, qu'il n'y a pas de récession, les entreprises continueront à être en mesure de payer les coupons de leurs dettes.
En conséquence, la demande pour cette classe d'actifs reste très importante. Depuis le début de l'année, les fonds européens high yield ont enregistré des entrées de 1,7 milliard d'euros, ce qui soutient clairement les valorisations. Les entreprises répondent à cette demande en refinançant rapidement leurs obligations : le marché primaire est largement ouvert et les nouvelles émissions ont atteint un niveau record en mai. La facilité d'accès au crédit soutient la catégorie et permet aux entreprises de refinancer les échéances à venir. Dans l'ensemble, à ce stade du cycle, le crédit à haut rendement se trouve dans une situation idéale : l'économie n'est pas en pleine effervescence, mais elle ne tombe pas non plus en récession. En ce qui concerne les défaillances, nous avons constaté une augmentation théorique des défaillances en Europe en mai. Cela est principalement dû à la défaillance largement anticipée de SFR ainsi qu'à quelques autres entreprises plus petites. Toutefois, et c'est plus important, le taux de perte diminue en raison des taux de recouvrement élevés. À moins d'un ralentissement économique significatif en Europe, nous nous attendons à ce que les défaillances ralentissent progressivement dans le courant de l'année.
Avec une demande toujours élevée pour des rendements « all-in » encore attractifs et un marché largement ouvert aux nouvelles opérations, le marché européen du crédit offre un environnement de portage attrayant.
Les fondamentaux des sociétés d'émission
De manière générale, les bilans ont été gérés de manière assez conservatrice. Au cours des cinq dernières années, les dirigeants ont appris à gérer les conditions très difficiles de la période COVID, suivie de la période inflationniste et, plus récemment, des politiques erratiques de la Maison Blanche. Les entreprises notées BB et B ont géré prudemment l'effet de levier ces dernières années et la dette nette/excédent brut d'exploitation a globalement baissé dans ces catégories de notation. Pour l'instant, il n'y a pas de signes de fusions-acquisitions excessives ou de réajustement massif pour payer les dividendes.
La catégorie CCC , quant à elle, a vu son effet de levier augmenter au cours des derniers trimestres, mais elle ne représente qu'une petite partie de l'univers.
En outre, les bénéfices ont assez bien résisté au premier trimestre. Les prévisions des analystes concernant les marges n'ont pas été revues à la baisse de manière significative. La menace tarifaire a eu un impact sur le secteur automobile et certaines entreprises ont revu leurs perspectives à la baisse en raison de l'incertitude. Dans l'ensemble, cependant, l'univers du haut rendement européen comprend un grand nombre d'émetteurs qui ne sont pas directement exposés aux tarifs douaniers. Il s'agit par exemple des sociétés de télécommunications, des services publics, ainsi que de certains émetteurs du secteur de la santé, et les petits acteurs régionaux européens sont de bons endroits pour se protéger des tarifs douaniers.
Le message général est que les fondamentaux restent solides et que les entreprises devraient continuer à gérer leur solde de manière prudente.