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Les spreads ont-ils atteint leur plus bas niveau ? - Marc Leemans et Bernard Lalière
Calendar22 Aug 2025
Thème: Fixed Income
Maison de fonds: DPAM

Par Marc Leemans, Fund Manager et Bernard Lalière, Head of Credit chez DPAM

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Bernard Lalière

Les spreads des obligations d'entreprises sont à leur plus bas niveau depuis des années, mais restent néanmoins attractifs. Grâce à des fondamentaux solides et à des rendements pouvant atteindre 7 %, Marc Leemans et Bernard Lalière, gestionnaires de fonds chez DPAM, continuent de voir des opportunités tant dans les titres de qualité investment grade que dans les titres à high yield.

Les spreads des obligations d'entreprises ont atteint leur plus bas niveau depuis plusieurs années dans de nombreuses régions du monde. En Europe, les spreads des obligations investment grade sont inférieurs à 90 points de base, un niveau qui n'avait plus été observé depuis 2021, et les spreads des obligations européennes à haut rendement, à 270 points de base, n'ont pas été aussi bas depuis 2017. La situation n'est pas très différente aux États-Unis, avec des spreads d'environ 80 points de base pour les obligations « investment grade » et de 280 pour les obligations high yield. Cela soulève la question suivante : y a-t-il encore de la valeur pour les investisseurs qui achètent des titres de crédit aujourd'hui ?

Des rendements globaux attractifs

Pour l'instant, les titres de qualité investment grade et à high yield offrent toujours des rendements globaux attractifs. Les investisseurs qui ajoutent des titres de crédit à leur portefeuille peuvent obtenir un rendement d'environ 3 % pour les titres IG en euros et même 4,5 % pour les titres HY européens. En USD, les rendements globaux sont respectivement de 5 % et 7 %.

Un portefeuille de crédit bien diversifié contribuera donc à améliorer les rendements, même si la prime par rapport aux obligations souveraines peut sembler faible. Compte tenu du bon rendement, un certain élargissement des spreads n'aura pas d'impact majeur sur les rendements obtenus. En outre, si les banques centrales américaines et européennes poursuivent leur politique de baisse des taux, cela contribuera à augmenter encore les rendements globaux.

Trois éléments qui soutiennent le crédit

Cela ne signifie évidemment pas que les spreads ne peuvent pas s'élargir à partir de là. Cependant, certains éléments soutiennent le crédit.

Tout d'abord, les fondamentaux restent assez solides, en particulier en Europe. Les soldes de trésorerie ont augmenté et les ratios d'endettement sont restés assez faibles. Les équipes de direction ont appris à gérer les périodes difficiles au cours des dernières années, telles que la COVID en 2020, la période d'inflation en 2022 et le cycle rapide de hausse des taux par les banques centrales. La gestion des bilans a été et reste prudente. En outre, rien n'indique une augmentation des activités de fusion et d'acquisition qui pourrait peser sur les indicateurs de crédit à l'avenir. Les résultats publiés par la majorité des entreprises jusqu'à présent ont au moins été conformes aux attentes. Nous estimons que, pour l'instant, les bilans de nombreuses entreprises sont en meilleure santé que ceux de nombreux gouvernements des marchés développés.

Marc leemans
Marc Leemans
Deuxièmement, les entreprises disposent aujourd'hui de nombreux moyens pour financer leurs activités. Elles ne dépendent pas uniquement du marché obligataire ; elles peuvent également recourir aux prêts bancaires. De plus, les transactions sont de plus en plus souvent financées sur les marchés du crédit privé. Ce segment a connu une forte croissance aux États-Unis au cours de la dernière décennie et est désormais probablement plus important que le marché américain des obligations high yield. Initialement utilisé principalement pour les petites entreprises, ce mode de financement s'est généralisé, et les grandes entreprises peuvent désormais faire appel à ce marché pour des montants supérieurs à 1 milliard de dollars américains / 1 milliard d'euros.

Un autre point à retenir concerne la composition des indices. La qualité des indices high yield s'est considérablement améliorée au fil des années. En Europe, en juillet 2025, l'indice est composé à 70 % d'obligations notées BB. En revanche, en mai 2007, lorsque les spreads des obligations européennes high yield étaient à leur plus bas niveau historique (186 points de base), l'indice ne contenait que 40 % d'obligations notées BB. Ainsi, même avec une qualité moindre, les spreads de l'indice étaient beaucoup plus serrés qu'aujourd'hui. Un argument similaire s'applique au marché américain des titres high yield : en mai 2007, un an avant la grande crise financière, l'indice comprenait 40 % de titres notés BB et 42 % de titres notés B (le reste étant noté CCC ). En juillet 2025, ces proportions étaient respectivement de 50 % pour les titres notés BB, 40 % pour les titres notés B et 10 % pour les titres notés CCC . La qualité de crédit de l'indice américain s'est donc également améliorée.

Les défauts restent limités

Qu'en est-il des défauts de paiement ? C'est une question courante, notamment chez les investisseurs high yield. En Europe, les défauts de paiement au cours des douze derniers mois semblaient élevés sur le papier (près de 4 %), en raison de quelques restructurations de grandes capitalisations au cours de cette période (notamment SFR et Atos). Cependant, ce chiffre devrait baisser au cours des prochains mois. Plus important encore, les taux de recouvrement, c'est-à-dire le montant que le détenteur d'obligations reçoit en cas de défaut, ont atteint des niveaux historiquement élevés. Le taux de perte global est donc resté assez faible, à 1 %. Aux États-Unis, le marché à haut rendement a enregistré un taux de défaut de seulement 1,4 %, avec des taux de perte encore plus faibles qu'en Europe. Compte tenu de nos remarques précédentes sur la gestion du bilan, nous pensons que ces tendances à la baisse des défauts et des pertes peuvent se poursuivre.

Conclusion: il reste encore de la valeur à saisir dans le crédit

Dans l'ensemble, les investisseurs en quête de rendement ont fortement investi dans le crédit, tant dans les titres de qualité investment grade que dans le high yield, depuis le début de l'année. Les flux vers ces segments ont été importants, malgré les turbulences liées aux droits de douane, les problèmes géopolitiques et les gros titres sur l'inflation. Il reste encore de la valeur à saisir dans le cadre d'un portefeuille diversifié.