Par Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser Pictet Asset Management.
Deux faits marquants passés inaperçus cette semaine.
Le premier, c’est l’opération séduction de l’administration Trump en Asie Mineure. Pour la première fois, le forum du C5 + 1 s’est réuni à la Maison Blanche. Il regroupe les cinq anciennes républiques soviétiques du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Tadjikistan, du Turkménistan et de l’Ouzbékistan, ainsi que les États-Unis.
Ces pays sont stratégiques pour les Américains puisqu’ils possèdent la moitié des réserves mondiales d’uranium, des terres rares en grande quantité essentielles pour l’IA et sont un passage commercial obligé entre l’Europe et l’Asie, via le Caucase.
Le second, c’est l’ambitieuse stratégie monétaire américaine. Vous vous souvenez certainement de Stephen Miran ? Nous vous avions parlé de lui cet été. Idéologue, proche de Trump, il a été nommé à la Fed et plaide en faveur de taux d’intérêt très bas.
Dans une interview donnée la semaine passée, il soutient le développement des stablecoins. Ce sont des actifs numériques adossés à la technologie Blockchain qui sont utilisés comme moyen de paiement. Ils sont sûrs et rapides – une transaction internationale est instantanée alors qu’elle peut parfois prendre 5 à 7 jours en temps normal. Ils sont en général libellés en USD.
Miran considère les stablecoins comme un nouveau canal d'exportation de liquidités en dollar, un moyen d'accroître la demande mondiale d'actifs américains et de consolider le rôle du dollar dans la finance internationale. Il s’attend à ce que « la demande de stablecoins provienne principalement de régions n'ayant pas accès aux produits d'épargne libellés en dollar, ce qui stimulera la demande d'actifs en dollars ».
Quel est l’objectif ultime ? Accroître l’influence monétaire américaine et façonner la prochaine phase de la domination du dollar par le biais du numérique. Génial !
Pendant ce temps, la BCE rejette l’idée des stablecoins et promeut un euro numérique que personne ne veut.
À surveiller
Calme plat. Seule annonce notable, les PMI manufacturier et des services en novembre pour les États-Unis qui devraient fournir des informations sur l’état réel de l’économie américaine après plusieurs semaines de shutdown.
Vous ne l’avez pas lu dans la presse
L’argent est en forme, à un point haut de trois semaines. Des investisseurs institutionnels et des fonds spéculatifs ont pris leurs gains sur l’or et en ont investi une partie sur l’argent - ce qui explique le mouvement haussier des dernières semaines. Nous avions constaté des arbitrages similaires au cours de l’été.


