Luc Olivier, CFA, Gérant, La Financière de l’Echiquier (LFDE) | novembre 2025
8% des émissions de gaz à effet de serre, une consommation d’eau supérieure à 85 millions de piscines olympiques, 9% de la pollution microplastique des océans1 : l’impact de l’industrie textile est conséquent et s’intensifie notamment avec le développement rapide de la fast fashion. Evalué à 1 065 milliards de dollars, le marché mondial du textile devrait dépasser 1 670 milliards en 2032 2. Un changement de cap est donc crucial. L’accompagnement des entreprises sur le chemin d’une transition durable est donc capital et contribuera à long terme à la performance des investissements3.
Les fibres, une maille de la transition
Si la transition environnementale et énergétique de l’industrie textile recouvre de vastes sujets, celui des fibres est central. Plus résistantes et moins onéreuses que les fibres naturelles, les versions synthétiques - polyester, nylon ou acrylique - représentent désormais plus de 60% du marché. Or, la fabrication de ces matières issues des énergies fossiles a un impact environnemental négatif et leur recyclage est complexe. Face à ce constat, la priorité est double : développer des fibres recyclées mais aussi plus recyclables pour les textiles de demain, notamment grâce à l’utilisation de matériaux naturels gérés durablement. Un enjeu d’importance car, bien que naturelle, la production de fibres végétales peut avoir des impacts négatifs sur la biodiversité, les sols ou les ressources en eau. L’un des moteurs de la transition réside, selon nous, dans une approche pragmatique mais ambitieuse, associée à des synergies entre les acteurs.
Conjuguer innovation & pragmatisme
Investisseurs à impact, nous nous intéressons à des entreprises qui se sont saisies des enjeux de l’industrie textile en concevant des procédés innovants. Le géant Adidas , qui vise la neutralité carbone d’ici 2050, se positionne comme l’un des pionniers. Dépendant des atouts techniques des fibres synthétiques pour concevoir des produits performants, il développe ses propres procédés de recyclage. Il y a 10 ans, le groupe allemand était le premier au monde à développer une gamme de chaussures de course à pied fabriquée à base de déchets plastiques repéchés des océans par l’ONG Parley. Depuis 2024, 99% du polyester utilisé dans ses produits proviennent ainsi de fibres recyclées. Et l’entreprise va plus loin, en se fixant un objectif spécifique : 10% du polyester devront provenir de déchets textiles recyclés d’ici 2030 4.
Des initiatives émergent également en amont de la chaîne de valeur. Un groupe finlandais de l’industrie forestière, Metsä Group, et le chimiste compatriote Kemira ont conçu une fibre, nommée Kuura. Produite à base de pulpe de bois, donc renouvelable et provenant de sources à faible empreinte environnementale, cette fibre cellulosique synthétique (MMCF), qui dispose de propriétés proches du polyester, offre une alternative circulaire de long terme. Ce procédé ouvre des opportunités pour les investisseurs : la taille potentielle du marché des MCCF et du recyclage du textile devrait croître de plus de 8% par an5.
S’il ne s’agit pour l’heure que d’initiatives isolées, la transition de l’industrie textile, et plus largement la transition énergétique ainsi qu’écologique, constituent selon nous une voie indispensable. Face à la convergence des défis, le rôle des investisseurs dans l’accompagnement des entreprises sur cette trajectoire est clé : il peut procurer une stabilité de financement et ouvre un dialogue direct avec les dirigeants. Agir en faveur de la transition de l’économie vers des pratiques plus durables est décisif et suscite des opportunités d’investissement !
Disclaimers : Ces données et opinions de LFDE, ainsi que les valeurs et secteurs mentionnés, sont fournis à titre d’information et, de ce fait, ne constituent ni une offre d’achat ou de vente d’un titre ni un conseil en investissement ni une analyse financière. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. La décision d’investir ne doit pas reposer uniquement sur l’approche extra-financière d’un fonds mais doit également tenir compte de toutes les autres caractéristiques, notamment ses risques, telles que décrites dans son prospectus. L’attention de l’investisseur est attirée sur le fait que son investissement dans le compartiment ne génère pas d’impact direct sur l’environnement et la société mais que le compartiment cherche à sélectionner et à investir dans les entreprises répondant aux critères précis définis dans la stratégie de gestion.
- [1] Données annuelles, Industrie Textile : comment la rendre plus durable, Nations Unies, 2024
- [2] Taille, part et analyse de l’industrie du marché textile, Fortune Business Insight, 2025
- [3] Rapport ISR 2024 page 9, LBP AM
- [4] Adidas , Our Targets
- [5] CAGR 2024 – 2030, Capital Market Days Kemira , 2024


