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SMID : recherche alpha désespérément
Calendar28 Nov 2025
Thème: Investir
Maison de fonds: DNCA Investments

Pierre Pincemaille, Secrétaire général de la Gestion DNCA Investments.


Au moment où tous les grands indices boursiers (MSCI Europe et S&P500) sont proches de leur plus haut historique et dans la partie supérieure de leurs fourchettes de valorisation, les regards des investisseurs se tournent naturellement vers le segment des petites et moyennes capitalisations, en raison de leurs décotes de multiples*. Mais les plus chevronnés d'entre eux ne le savent que trop bien, l’argument de prix est un point de départ nécessaire, mais des catalyseurs sont indispensables pour combler l'écart.


Le premier d'entre eux concerne la corrélation du segment SMID à la macroéconomie de la Zone Euro et à son proxy qu’est l’indice des directeurs d'achats**. A ce titre, la dynamique de l'Allemagne sera cruciale. Les semaines récentes ont été marquées par une accumulation de nouvelles négatives (licenciements chez Bosch, Siemens …) mais le pire est peut-être derrière nous. En effet, le budget approuvé mi-septembre devrait permettre un déploiement des dépenses au quatrième trimestre et en 2026 avec la demande domestique comme cible principale via les mesures de soutien aux entreprises et au marché du travail. De plus, l'excès de capacité actuelles*** devrait en théorie permettre à la politique budgétaire de bénéficier d'un multiplicateur élevé.


Du fait de la répartition géographique de leurs débouchés (65% en Europe et 13% en Amérique du Nord), les sociétés composant ce segment sont par nature moins exposées aux aléas de la politique douanière américaine. L'annonce récente d'un accord bilatéral entre les États-Unis et la Zone Euro à un niveau de 15% aurait dû être un clearing event pour les investisseurs. Las ! Fidèle à son tempérament imprévisible, le Président américain a annoncé ensuite de nouvelles taxes spécifiques sur l'industrie pharmaceutique, les poids lourds et les meubles de cuisine. Cette créativité tarifaire, si elle favorise les entrées dans les caisses du Trésor américain, a comme contrepartie une incertitude renouvelée quant à la capacité des sociétés européennes concernées à répercuter ce coût additionnel à leurs clients. Dans une logique relative, ce cadre commercial instable devrait donc mécaniquement favoriser les petites et moyennes entreprises.


Les conditions monétaires jouent également en leur faveur. Les baisses de taux directeurs de la BCE ont réduit mécaniquement le coût du capital et incitent à l'investissement. Même si les déclarations récentes des membres du conseil de l'institution monétaire vont dans le sens d'un statu quo, les conditions financières ont continué de s'assouplir grâce au resserrement des spreads de crédit des entreprises et à la baisse du prix du baril. L'autre canal de financement, le crédit bancaire ne montre pas de cassure malgré l'incertitude ambiante : les derniers chiffres officiels de la BCE affichent une croissance raisonnable de la production de crédit****.


Enfin, reste le sujet ô combien apprécié par les investisseurs des fusions et acquisitions. À ce titre, les secteurs bancaires italien et espagnol ont fait les gros titres lors des six derniers mois en raison du caractère morcelé de cette industrie dans ces deux pays. Plus généralement, après les années 2023 et 2024 marquées par la plus faible activité M&A depuis dix ans en Europe, la tendance semble s'inverser : sur une période glissante de douze mois, l’ensemble des opérations annoncées totalise 900 milliards de dollars, soit une hausse de 10% comparée à la période précédente.


Par nature, les petites et moyennes capitalisations sont relativement plus sensibles aux développements domestiques (politique fiscale, monétaire et crédit). La situation géopolitique actuelle faite de tarifs douaniers, de rapatriement de capacités de production et de fragmentation est par nature un terreau fertile pour ce pan de la cote. Ces arguments devraient être suffisants pour permettre un réengagement des investisseurs après plusieurs années de désintérêt. En effet, dans un monde caractérisé par la dispersion et la déglobalisation, les stock pickers devraient bénéficier de dynamiques bénéficiaires propres à ce segment, amenant à la génération d'alpha tant recherchée...


*Ratio cours sur bénéfice 12 mois forward de 12,4x 2026 pour le MSCI EMU Small Cap vs 15,3x pour le MSCI EMU Large Cap ;

** Indice à 52,4 en octobre ;

*** taux d'utilisation des capacités de production sous les 80% ;

****+2,7% yoy en septembre.