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J. Safra Sarasin : Investir dans un monde en mutation
Calendar17 Dec 2025
Thème: Investir

À quoi s’attendre sur les marchés en 2026 ? Pour les spécialistes de J. Safra Sarasin, les investisseurs devront faire preuve d’une sélectivité accrue dans un contexte dominé par trois tendances majeures : une incertitude structurellement élevée, l’essor de l’intelligence artificielle (IA) et des politiques budgétaires expansionnistes. Déjouant les pronostics, l’économie mondiale est parvenue en 2025 à absorber le choc provoqué par l’augmentation historique des droits de douane américains et par un niveau d’incertitude géopolitique extrême. Cette résilience s’explique notamment par la temporisation de l’administration Trump sur le front commercial, l’envolée des investissements liés à l’IA et une consommation soutenue des ménages américains aisés.

Karsten junius
Karsten Junius

Relance budgétaire

Ces facteurs continueront de porter l’activité en 2026, année qui devrait également bénéficier d’un net assouplissement budgétaire. Aux États-Unis, le déficit public devrait à nouveau se creuser pour soutenir l’activité à l’approche des élections de mi-mandat de novembre. Dans la zone euro, l’expansion budgétaire sera alimentée par la hausse des dépenses de défense et par d’ambitieux programmes d’investissement dans les infrastructures, notamment en Allemagne et aux Pays-Bas. En Asie, le Japon comme la Chine renforceront aussi leurs politiques de soutien à la consommation.

Ces stratégies stimuleront la croissance, mais elles nourriront inévitablement les inquiétudes concernant la soutenabilité des dettes publiques, obscurcissant les perspectives à long terme. D’autant plus que l’augmentation du nombre de gouvernements populistes n’arrange rien : leur trajectoire de politique économique tend historiquement à réduire le PIB d’environ 10 % par rapport à son potentiel après une quinzaine d’années.

Davantage de sélectivité

Après trois années de performances exceptionnelles, les marchés actions offrent ainsi des perspectives plus modérées alors que les divergences entre régions et secteurs devraient s’accentuer. Aux États-Unis, les multiples de valorisation élevés et la concentration des marchés accentuent l’importance de la croissance des bénéfices et de l’essor de l’IA, tant en termes d’investissements que de gains de productivité.

En Europe, la combinaison de valorisations plus raisonnables et d’un contexte économique graduellement plus porteur offre un potentiel plus équilibré. Plusieurs secteurs pourraient tirer parti de l’augmentation des dépenses de défense et d’infrastructures. La Suisse et le Japon demeurent des zones de diversification pertinentes : la première grâce à sa stabilité structurelle, le second grâce à une normalisation économique et monétaire lente, mais cohérente.

Le retour du portage

Du côté des obligations, 2026 sera dominée par le portage plutôt que par de véritables hausses de prix. Les grandes banques centrales devraient maintenir leurs taux directeurs proches des niveaux actuels, privilégiant la prudence. Les courbes de taux resteront pentues, en particulier aux États-Unis, ce qui place les maturités intermédiaires au cœur de la stratégie obligataire.

Reprise des marchés émergents

Les marchés émergents, déjà revigorés en 2025, devraient poursuivre leur redressement en 2026. La Chine stabilise sa croissance grâce à de nouvelles mesures de soutien ; l’Inde maintient une dynamique robuste autour de 6 % à 7 % ; Taïwan et la Corée du Sud profitent de leur rôle central dans l’industrie des semi-conducteurs. L’Europe centrale et le Moyen-Orient s’appuient sur des moteurs domestiques solides, tandis que l’Amérique latine restera marquée par une forte volatilité liée aux échéances électorales.

L’affaiblissement du dollar, qui devrait se poursuivre en 2026, constitue un soutien important, les flux internationaux ayant tendance à revenir vers les pays émergents lorsque le billet vert recule. Pour autant, dans un monde en recomposition, la sélectivité restera essentielle, tant en actions qu’en obligations.